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Temps d’antenne, deux millions comptent moins que Fini (La mère de Carlo)

Publie le samedi 27 mars 2004 par Open-Publishing

de Heidi Giuliani

Cher Liberazione (quotidien italien de Refondation communiste : NdT),

je n’étais pas à Rome. Je ne pouvais pas : comme tous les 20 du mois, depuis trente deux mois, j’étais à Piazza Alimonda. Naturellement nous avons invité les camarades restés/ées à Gênes à porter les drapeaux de la paix.

Naturellement nous avons pendu à un fil une longue liste des noms des victimes
irakiennes.
Naturellement nous avons rappelé les morts de Madrid, des femmes, des hommes,
des travailleurs, des étudiants.
Naturellement, parce que piazza Alimonda est de toutes les victimes de la violence, parce que Carlo était et restera toujours de leur côté.
Naturellement nous avons parlé de quelques uns de ses plus chers amis qui sont à nouveau, ces jours-ci, en Palestine pour porter de la solidarité et un témoignage à ce peuple meurtri.
Naturellement.

A Rome il y avait notre Président avec une partie de notre toute petite association no profit et avec la banderole du comité "Piazza Carlo Giuliani".

Après avoir aussi porté les drapeaux à la permanence, piazza De Ferrari, je suis revenue chez moi et j’ai allumé la télé pour voir les images de la manifestation.
Grâce à la loi sur l’égalité des temps d’antenne, plus de deux millions de personnes débordantes d’enthousiasme et d’amour pour la vie ont eu la même importance que celle d’un vice-président du conseil sombre et rancunier.

Nous avons été abondamment informés, en outre, à propos de la contestation au
secrétaire des ds : "agression fasciste", l’a-t-il définie, démontrant une fois
de plus une faible mémoire des faits du passé et un manque total de respect pour ceux qui les ont vraiment subies, les agressions fascistes. En attendant, je pensais à tant de généreux camarades ds que j’ai connus pendant de longs mois de rencontres, de débats, de meetings dans différentes régions italiennes et qui étaient sûrement là, parmi ces deux millions, et qui n’ont jamais été d’accord avec les " ni oui ni non " à la guerre de leurs dirigeants politiques au sommet du parti.

Il y a quelques jours quelqu’un, en s’attirant d’âpres critiques de tous les
côtés, avait parlé de "claques humanitaires" : je me souviens que la phrase m’avait
fait rire, en partie parce que je connais et j’aime le personnage pacifiste et
pacifique qui l’a prononcée, en partie parce que je me souvenais d’une merveilleuse
femme proviseur de ma jeunesse qui parlait aux parents d’"une fessée donnée avec
amour" opposée à la violence d’une punition vindicative et inexprimée.

Certaines contestations, nous le savons, servent seulement à emboucher la trompette
des faux moralistes.

Mais hier, j’en suis sûre, ce qui a fait plus mal au secrétaire des ds a été la "claque
morale" de ce peuple de la paix bariolé, déterminé, qui n’accepte pas de "si" et
pas de "mais".

A la fin des journaux télévisés, Roberto Scardova (journaliste de la chaîne publique
Rai3 : NdT) nous a offert, avec son habileté et sa sensibilité habituelles, un
Gros Plan sur Ilaria Alpi (journaliste de Rai3 tuée en Somalie il y a 10 ans :
NdT) : les services de renseignement, les enquêtes, les intrigues ; et l’engagement,
et les mots ; et ensuite les regards, cette façon de s’arranger les cheveux, de
caresser la joue d’un enfant somalien, de donner une poignée de main, de sourire...

traduit de l’italien par karl et rosa

27.03.2004
Collectif Bellaciao