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INTERVENTION UNITAIRE DU COMITE ARRÊTONS LA GUERRE

Publie le samedi 27 mars 2004 par Open-Publishing

du COMITE ARRÊTONS LA GUERRE

Un an après le début de la guerre en Irak, nous avons répondu aujourd’hui à l’appel du mouvement pour la paix des Etats-Unis, relancé par le Forum Social Européen de Paris et par le Forum Social Mondial de Mumbai, pour arrêter la guerre et l’occupation.

Nous sommes redescendus dans la rue après avoir traversé l’Italie avec des Caravanes de paix du sud et du nord tandis que d’autres caravanes sont au Moyen Orient à demander paix et justice.

Nous redescendons dans la rue avec les mouvements du monde entier, après une
année dramatique et des jours sombres - d’atrocités et de deuils.

IL Y A UN AN une coalition d’Etats dirigée par les USA décida d’utiliser toute
sa puissance pour faire guerre à l’Irak.

Elle l’a fait contre le Conseil de Sécurité de l’ONU, en violant le droit international et contre la volonté de la grande majorité des peuples de la planète.

Elle l’a fait par le mensonge, en déclarant que l’Irak possédait des armes terribles et qu’il était prêt à s’en servir et en déclarant des liens entre l’Irak et le terrible attentat aux Tours jumelles.

Elle l’a fait en déclarant qu’elle aurait amené la paix et la démocratie pour
le peuple irakien et dans tout le Moyen Orient.

Elle l’a fait en théorisant, par la "guerre préventive", le droit d’imposer sa
propre volonté et la défense de ses propres intérêts, dans n’importe quel lieu
de la terre.

Cette guerre a déjà coûté des dizaines de milliers de victimes civiles et militaires irakiennes, plus de 600 victimes - dont 19 soldats italiens tombés à Nassiryia - parmi les troupes d’occupation, elle a comporté des destructions immenses et des dévastations de l’environnement, elle a brûlé des milliards de dollars. Les armes, on les a pas trouvées.

Les attentats contre des civils sans armes se sont succédés à plusieurs endroits dans le monde.

La paix et la démocratie ne sont pas arrivées, ni en Irak ni au Moyen Orient.

UN AN APRES la guerre continue à faucher des victimes en Irak. La situation humanitaire en Irak demeure terrible tandis qu’augmentent des dangers de guerre civile. La dictature de Saddam Hussein a été remplacée par une occupation militaire qui rencontre des résistances grandissantes de la part de la population.

Plutôt que d’organiser des élections libres on nomme des gouvernements d’en haut, on privatise les richesses irakiennes et on demande d’abolir le code de la famille en faisant faire marche arrière au statut des femmes. Même avant qu’elle commence, la reconstruction est déjà un gâteau à partager avec les pays "amis".

Un an après dans tout le Moyen Orient la paix est plus lointaine que jamais.
En Palestine l’occupation continue brutalement, en fauchant des milliers de victimes
et risque de devenir irréversible par la construction du Mur. En Israél les attentats
contre des civils sans armes se succèdent, l’insécurité et la crise économique
augmentent.

Le gouvernement Sharon applique la doctrine de la guerre permanente, en niant
n’importe quelle perspective de négociation et en imposant le terrain de l’affrontement
militaire.

Le Mur est une honte qui piétine le droit international, isole tout un peuple,
exproprie d’autres terrains, nie la possibilité de vie pacifique en commun fondée
sur le principe "deux peuples deux états" et sur les résolutions de l’Onu qui
sont à la base des différentes initiatives de paix des sociétés civiles palestinienne
et israélienne.

Un an après le début de la guerre en Irak le monde est un lieu moins sûr et plus
injuste. La doctrine de la guerre "préventive" nous menace tous. Elle menace
de guerre d’autres pays et légitime les guerres et les occupations militaires,
de l’Irak à la Palestine, en passant par l’Afghanistan et la Tchétchénie.

Elle pousse au réarmement et à la militarisation et menace la démocratie dans
toute la planète, des pays riches à ceux qui sont pauvres.

Elle renforce, dans le nord et dans le sud du monde, les cultures qui prêchent
le "choc des civilisations", les guerres de religion, les nombreux intégrismes
engagés à détruire les valeurs et les pratiques de vie en commun.

Elle renforce le racisme, la discrimination contre les migrants et toutes les
diversités et pousse vers l’homologation sociale et culturelle.

En attendant, de nombreuses "guerres oubliées" continuent à faire des victimes, à provoquer
des souffrances et de la misère en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud sans
que personne n’intervienne pour y mettre fin.

La pauvreté et les injustices déferlent dans le nord comme dans le sud du monde à cause
d’un système néolibéral que la guerre préventive éternise. LE GOUVERNEMENT ITALIEN
est co-responsable LUI AUSSI d’un tel désastre. Un Gouvernement qui, violant
l’article 11 de la Constitution, malgré la grande opposition de la population
italienne, a décidé de soutenir la guerre en Irak et a envoyé 3000 soldats sous
le commandement britannique dans les lieux où se trouvent les gisements pétrolifères
destinés à l’ENI, en assumant la responsabilité de les exposer à de très hauts
risques.

Un Gouvernement qui a décidé de participer à l’"Autorité Provisoire" des forces
d’occupation en partageant ainsi la responsabilité de ses choix politiques. Un
Gouvernement qui a privé de ses pouvoirs le Parlement en commençant par la concession
de l’usage de l’espace aérien, des bases et des infrastructures pour la guerre.

Un Gouvernement qui continue à tromper les Italiens : il a dit que les soldats
servent à amener les aides humanitaires, mais d’aides on en a vu peu tandis que
le Pentagone se prépare à confier à quelques firmes italiennes quelques contrats
pour la reconstruction.

NOUS NOUS SOMMES MOBILISES pour éviter tout cela. Nous avons dit à l’époque,
par millions dans le monde entier, que cette puissance et cette richesse pouvaient
et devaient être utilisées pour combattre la faim et la soif et la misère qui
tuent des millions d’êtres humains. Nous avons dit à l’époque qu’on devait en
finir avec tant de guerres oubliées, plutôt qu’en démarrer une autre.

Nous avons dit que la production d’armes devait être reconvertie en productions
de paix plutôt qu’être relancée, que ce sont les dépenses militaires qu’on doit écourter :
pas les dépenses sociales.

Nous avons dit à l’époque et nous le répétons aujourd’hui qu’il s’agit d’initiatives
urgentes, parce que le poids de l’injustice est intolérable. Il s’agit d’initiatives
qui ne peuvent plus être remises si nous ne voulons pas glisser tous dans un
abîme de barbarie, de désespoir, de conflits, d’insécurité.

NOUS N’AVONS PAS CHANGE D’AVIS et nous demeurons la majorité du peuple italien,
malgré un système d’information de plus en plus soumis au tambours de guerre.

L’Irak doit revenir aux Irakiens, la légalité internationale doit être restaurée
et pour que cela soit fait il faut avant tout que l’occupation militaire cesse.
Toutes les troupes occupantes doivent être retirées. Il faut une initiative politique
internationale pour la restitution de la souveraineté aux Irakiens et pour la
reconstruction du pays dirigée par un gouvernement légitime.

Pour cela nous nous sommes battus et nous continuerons à nous battre pour le
retrait de nos troupes.

Le vote du Parlement en faveur du refinancement de la mission italienne a été une
décision profondément erronée.

Le gouvernement Berlusconi et sa majorité parlementaire sont co-responsables
de la tragédie que le peuple irakien est en train de vivre. L’adhésion de notre
gouvernement à la doctrine de l’administration américaine de la guerre préventive
ne produit que mort et destruction.

C’est pourquoi le choix d’une partie des oppositions de ne pas exprimer un vote
contraire s’est mis en contradiction avec les raisons et la plateforme de cette
manifestation. La paix a besoin de paroles et d’actes cohérents.

NOUS DEMANDONS que l’Italie renonce à participer à l’occupation militaire de
l’Irak et retire ses troupes. C’est un acte nécessaire pour recoudre la déchirure
constitutionnelle opérée il y a un an et pour ouvrir le chemin d’une nouvelle
stratégie.

Nous demandons que l’Union Européenne exerce un rôle de paix et insère le reniement
de la guerre dans son traité constitutionnel. Nous demandons que la communauté internationale
mette les Nations Unies en conditions de soutenir le retour de la légalité en
Irak, facilitant ainsi la restitution de la souveraineté aux Irakiens.

Avec la même urgence nous demandons qu’une initiative internationale résolue
crée les conditions pour une paix juste en Palestine et en Israël, en imposant
la suppression du mur, la protection des civils et une négociation basée sur
les résolutions de l’Onu pour la fin de l’occupation et la pacifique vie en commun,
en écoutant aussi la voix courageuse des jeunes Israéliens qui refusent, en payant
de leur propre personne, de participer à la guerre et à l’occupation.

EN CETTE LONGUE ANNEE DE GUERRE, nous avons continué à soutenir par des moyens
pacifiques les raisons de la paix - un projet alternatif de civilisation - dans
les écoles, dans les villes, dans les lieux de travail, devant les bases militaires,
de nos balcons avec les drapeaux de la paix, dans la solidarité internationale,
dans la lutte pour le désarmement, dans le débat sur le traité constitutionnel
européen, dans la solidarité avec les populations migrantes, par la désobéissance
civile, dans l’engagement quotidien pour les droits humains, sociaux et de citoyenneté.

Nous l’avons fait avec les mouvements du monde entier, qui sont aujourd’hui dans
la rue, parce que la résistance à la guerre, aux abus, à l’injustice est un droit
pour tous et pour toutes, dans tout le monde.

L’engagement des pacifistes états-uniens pour ramener leurs troupes chez eux,
qui réclament "justice et pas vengeance", qui dénoncent la restriction des droits
civils dans leur patrie, qui se battent pour une autre Amérique est aussi le
nôtre.

Aujourd’hui, nous nous sentons profondément proches des pacifistes et du peuple
espagnol tout entier, frappé par un terrible attentat.

C’est à nouveau la population civile, ce sont des travailleurs, des étudiants,
des immigrés qui sont frappés par un massacre qui n’a pas de précédents en Europe
 et qui unit dramatiquement notre continent à toutes les zones du monde qui
vivent tous les jours des violences inouïes contre les populations civiles.

Nous désavouons toutes les formes de terrorisme, quels qu’en soient les auteurs
qu’il s’agisse d’Etats, d’organisations ou d’individus. De la même façon nous
nous opposons à l’usage de la "lutte contre le terrorisme" pour justifier les
guerres, criminaliser les mouvements populaires et restreindre les libertés civiles.

La politique de la guerre préventive et permanente, le manque de solution aux
grandes injustices et aux problèmes globaux ont fini par rendre moins sure et
plus fragile cette planète qui est la nôtre, en nourrissant la stratégie de la
terreur.

Contre cette situation dramatique, nous mouvements ne répondons certainement
pas par les politiques d’unité avec les gouvernements de la guerre, mais par
la mobilisation de masse, où les gens sont les protagonistes directs et auto
organisés, en promouvant une idée de démocratie qui désavoue la barbarie de la
guerre et des massacres et celle de l’exploitation des personnes, des peuples
et de l’environnement.

C’est précisément pour cela que le rôle des mouvements sociaux, pour la paix,
contre le libéralisme, démocratiques devient encore plus important pour que reste
ouvert l’espoir d’un monde différent et plus juste.

L’extraordinaire mobilisation de l’Espagne après le massacre du 11 mars et le
vote de dimanche démontrent qu’il existe une alternative à la logique de la guerre
permanente, à l’horreur des terrorismes, à la résignation à l’injustice.

Des millions de personnes en Espagne sont descendues dans les rues pour dire
une seule et catégorique parole : "Paz", pour dire "de Baghdad à Madrid non à la
guerre et à la terreur", "les guerres sont les vôtres, les victimes les nôtres",
pour réagir au massacre en demandant la sortie de l’Espagne de la guerre.

Leur message est clair : on peut changer d’en bas, avec la participation de tant
de femmes et d’hommes on peut porter nos pays hors de la guerre. Donc notre engagement
continue, incessant.

Nous ne rentrons pas chez nous. Nous continuerons à lutter, jusqu’à ce que l’Irak
soit restitué aux Irakiens et que leurs souffrances finissent, jusqu’à ce que
l’Italie soit hors de la guerre, tant qu’il n’y aura pas de paix au Moyen Orient,
en Palestine, en Israël et dans le reste du monde, jusqu’à ce que la guerre et
l’injustice soient hors de l’histoire.

Un monde différent est possible, il est nécessaire et nous voulons le construire.

HORS DE L’IRAK LES TROUPES D’OCCUPATION L’IRAK AUX IRAKIENS

PAIX AU MOYEN ORIENT

CA SUFFIT LES ARMES - CA SUFFIT LES GUERRES

traduit de l’italien par karl et rosa

27.03.2004
Collectif Bellaciao