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L’identité française et Barbara

Publie le samedi 24 novembre 2007 par Open-Publishing
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Tout l’été de cette année s’est passé, dans la presse, dans le Monde, dans Libé, à tenter de définir l’identité française. On n’est pas sûr que les penseurs qui ont pensé pour nous aient réussi à y arriver. Le sujet était paraît-il d’actualité, il était aussi sans doute fortement conflictuel. La langue, la culture qui ossaturent supposément la chose sont sans doute pour quelque chose dans notre identité s’il y en a une. Mais bon ! ca fait peut-être un peu léger de se contenter de dire cela. Les cultures ne sont pas éternelles, on le sait, la langue elle-même est évolutive, et la langue est aussi largement concurrencée.

Une identité en deux mots est faite d’un présent-présent, d’un passé, pour autant qu’il est encore présent, elle est faite à coup sûr d’un futur également, car s’il y a dans l’identité du posé bien réel, il a aussi du mythe, du rêve, de l’imaginaire, il y a de l’espérance, il y a des trous et du vide instauré. Etre français par exemple, c’est n’avoir pas de handicap franquiste, être français c’est par exemple avoir rejeté le pétainisme même si la France fut pétainiste dans les faits.

Dans l’identité, il y a du corps, des attitudes, du sentir et de la manière de penser, voyez si c’est simple ! Y a aussi des lieux communs, mais qui finissent par s’effacer. Y aussi des tas de trucs dans les tiroirs : Vieilles images, photos jaunies qui durent l’espace d’une grosse génération, sans doute à peine plus.

Un ami africain, au bout d’une nuit bourrée définissait ainsi la francité : un ballon de côte du rhône, un oeuf dur à casser sur le zinc, une gauloise au bout des doigts : Ca se défend, est-ce que ça suffit et instaure une complète éternité ?

Ok encore pour le camembert, ok pour Descartes, ok pour le champagne, et alors ? Déjà ce n’est plus vrai pour la baguette et le béret basque.

Voyons d’autres détails, sont-ils tellement plus probants !

Bien sûr ! qui, sans s’y attendre le moins du monde, n’a pas entendu, très loin, là-bas, à 13 000 kilomètres d’ici, un choeur chanter "A la claire fontaine", l’attrapant de dos, n’a pas subi l’épreuve vraie de son identité ! Les esprits forts diront : cette nostalgie prouve-telle quelque chose ?

Le Français, il est vrai, n’a plus de béret basque, plus de baguette sous le bras.

Ceux des péquins ordinaires, bourgeois petits et tellement tellement d’ouvriers, qui achetèrent Hugo en souscription de son vivant pensaient sans doute que le monde à eux étaient exactement fixé, le million qui l’accompagnèrent au tombeau le pensèrent plus encore. Le pensez-vous, le pensons-nous ?

Après le poète, il y eut les chanteurs et les lieux de l’identite : Bruant, Chevalier, Mistinguet, Tino, Piaf, Brel, Georges, etc. Montparnasse, Montmartre, Saint-Germain des près. Il y eut du ciné, des écrivains, etc., diverses célébrités. Ces temps sont sans doute passés en même temps que passaient arrière-grands-parents, grands-parents, parents, et en même temps que nous passons un peu ou beaucoup nous-mêmes...

On ne sait plus en vérité ce que nous sommes exactement (on notera qu’on n’a pas dit, d’où venons-nous ? ou allons-nous ?).

Tiens je te pose une question.

Demain 24 c’est Barbara, dixième anniversaire de sa disparition, tu l’auras tout plein sur les ondes et tout plein sur les écrans. C’est quoi Barbara pour toi ? une Oum kalthoum à sa façon aussi vaste que la première, une deuxième Greco ?

Barbara est-elle en dans ton identité française ?

 Il pleut sur Nantes
 Donne-moi la main
 Le ciel de Nantes
 Rend mon cœur chagrin

 Un matin comme celui-là
 Il y a juste un an déjà
 La ville avait ce teint blafard
 Lorsque je sortis de la gare
 Nantes m’était encore inconnue
 Je n’y étais jamais venue
 Il avait fallu ce message
 Pour que je fasse le voyage :

 "Madame soyez au rendez-vous
 Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup
 Faites vite, il y a peu d’espoir
 Il a demandé à vous voir."

 A l’heure de sa dernière heure
 Après bien des années d’errance
 Il me revenait en plein cœur
 Son cri déchirait le silence
 Depuis qu’il s’en était allé
 Longtemps je l’avais espéré
 Ce vagabond, ce disparu
 Voilà qu’il m’était revenu

etc.

Si on t’as pris la plus vacharde, celle qui sans doute a d’abord fait Barbara, c’était seulement bien sûr pour te poser la question plus fortement.

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