Accueil > Non aux menaces d’extradition de Roberta et des autres réfugiés politiques (...)

Non aux menaces d’extradition de Roberta et des autres réfugiés politiques italiens

Publie le samedi 3 avril 2004 par Open-Publishing

Contre l’extradition des réfugié/e/s italien/ne/s

L’Italie a réclamé l’extradition de Cesare Battisti, écroué puis remis en liberté en attente de jugement, et de deux autres réfugiés : Roberta et Enrico. Ces personnes font partie de cette petite multitude d’italiens impliqués dans la longue période de conflits sociaux qu’a traversée la Péninsule pendant les années 70/80. Des Italiens qui, suite à l’accueil accordé par M. François Mitterrand, alors Président de la République, vivent désormais en France depuis plus de 15 ou 20 ans. Tous ces « réfugié/es » ont été des militant/es qui, radicalisant leurs formes de luttes d’antan, avaient poussé leur engagement jusqu’au choix des armes, pour enfin choisir la voie de l’exil qui leur a permis de rompre avec ce choix et se soustraire aux lourdes poursuites judiciaires issues des « lois spéciales » créées à leur encontre.

Roberta est une féministe dont le parcours est emblématique de toute une génération. Son histoire est aujourd’hui celle de milliers de femmes exilées anonymes, qui risquent d’être sacrifiées à la « Raison d’Etat » d’une Europe qui a opté pour une politique de répression interne, allant à l’encontre même des prises de position de sa propre société civile. Et en tant que femmes, elles sont souvent les oubliées de l’histoire.

Tous/tes les exilé/es italien/es en France ont démontré que le choix d’une « autre » vie est possible et réalisable, que tourner définitivement cette page de l’histoire italienne s’est avéré un parcours humain praticable. Ce que l’asile de fait concédé par la France a incontestablement démontré.

La « parole donnée » par M. Mitterrand au nom de la France a été respectée par tous les gouvernements précédant l’actuel, et consolidée par les régularisations administratives de tous ces ressortissants italiens. Aujourd’hui les nouvelles orientations du gouvernement français remettent en cause cet asile de fait, et Roberta, ainsi que quelques dizaines d’autres « réfugié/es » italien/nes, craint d’être extradée d’un jour à l’autre, d’un moment à l’autre. Pour elle, extradition signifie prison à vie, sans aucun recours. Cela signifie aussi être coupée du monde, rattrapée par le passé, voir s’effacer à jamais tous ses liens sociaux et familiaux... Roberta et les autres ne représentent un péril social pour personne, car les armes ont été rendues il y a bien longtemps. Mais, où est la paix qui logiquement aurait dû suivre ? Où est cette solution politique que normalement se doivent de pratiquer les Etats après des conflits internes violents et généralisés ?

En tant que féministes nous pensons qu’une paix juste doit exister pour les vaincus/es, pour tous/tes les vaincus/es. Ici aussi nous avons à jouer notre rôle de « passerelles de la paix » dans le règlement des conflits. L’asile de fait, concédé par la France, a signifié le choix d’une politique d’apaisement après des conflits violents ; un choix fondé, en dernier ressort, sur ce principe d’amnistie pratiqué à plusieurs reprises par la V République. Nous pensons que cet asile ne doit pas être remis en cause. Nous demandons au gouvernement français qu’il respecte la « parole donnée » et l’asile de fait concédé aux exilé/es italien/nes.

Nous vous invitons à la soirée de soutien contre les extraditions des réfugié/es italien/nes le 8 avril, à la Bourse du Travail, 85, rue Charlot- 75003 Paris à 19 heures.

Collectif National des Droits des Femmes Marche Mondiale des Femmes CADAC Collectif féministe Rupture Rajfire Femmes en Noir Paris MFPF Observatoire des violences sur les femmes

Soutiennent la soirée : Ligue des Droits de l’ Homme, CEDETIM, Assemblée européenne des citoyens, Les Verts, LCR , élus communistes de la région parisienne.