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Affaire Cesare Battisti : la décision judiciaire sera rendue mercredi

Publie le dimanche 4 avril 2004 par Open-Publishing

FRANCE-ITALIE - Alors que Cesare Battisti rencontre de plus en plus de soutien dans la population française, la justice se prononcera mercredi sur la demande d’extradition de l’auteur vers l’Italie.

La justice française se prononcera, le 7 avril, sur la demande d’extradition vers l’Italie de Cesare Battisti, ancien membre des Prolétaires armés pour le communisme. En France, Cesare Battisti, plutôt connu pour sa littérature policière, a reçu le soutien de nombreux intellectuels français et dirigeants socialistes, notamment par une pétition qui a réuni plus de 20 000 signatures.

INSTRUCTION SOMMAIRE ?

« Nous, citoyens français, attachés aux valeurs du Droit et de la République, nous refusons que la justice française soit bafouée, que l’autorité de la « chose jugée », c’est-à-dire d’un jugement définitif, soit remise en cause. Nous refusons également que notre pays ne respecte pas sa parole », explique ce texte qui demande à la justice française de rejeter la demande d’extradition. En 1985, en effet, la République française s’est formellement engagée à ne pas extrader et à accorder l’asile aux réfugiés politiques italiens des « années de plomb ».

C’est d’ailleurs sur la foi de cette promesse que Battisti s’est installé en France en 1990, après un exil de près de dix ans au Mexique. En Italie, il a été jugé et condamné par contumace pour notamment une participation à des homicides qu’il a toujours niée. De nombreuses interrogations demeurent d’ailleurs sur le déroulement de l’enquête judiciaire sur Battisti. Les « repentis » - c’est-à-dire les personnes qui l’ont dénoncé pour obtenir une remise de peine - se sont rétractés et les confessions « spontanées » de militants d’extrême gauche auraient été obtenues sous la torture1. En cas d’extradition, Cesare Battisti ne bénéficiera d’aucun nouveau procès en Italie, et y sera aussitôt emprisonné à vie.

Sur le territoire italien, le soutien français est fortement critiqué. A droite, bien entendu, mais également à gauche, où la mobilisation française a été qualifiée de « grave erreur », par Massimo D’Alema, président des Démocrates de gauche (DS). Quant à son compagnon de parti Luciano Volante, il l’estime « infondée » : « Battisti est un assassin. Qu’il paie. » Enfin, la presse est quasi-unanime dans sa condamnation de l’ex-militant armé.

De son côté Battisti vient de sortir de sa réserve avec une lettre adressée aux Italiens et aux Français et diffusée par courrier électronique. Il y décrit les raisons de son engagement dans la lutte armée, y réaffirme son innocence et partage ses craintes d’un enfermement à vie. « La « révolution » me saisit par hasard dans une rue en effervescence », explique l’auteur. « L’engagement politique qui en découla, force m’est de l’assumer. Il fait partie de mon passé, de cet engouement disparu, dépassé par la maturité, sanctionné par l’exil. Il fait aussi partie de l’histoire de mon pays. Cette histoire tragique qui fit des morts et des deuils, ces morts qu’on ne peut ni ne doit oublier, ces victimes qui hantent notre mémoire collective », concède Battisti. Mais sans pour autant accepter la réclusion à perpétuité qui l’attend sur sol italien : « Si tel devait être mon destin, alors, en vérité, justice ne serait pas faite ». A la justice française de trancher.

Note : 1L’auteur Valerio Evangelisti a écrit un article à paraître dans L’Humanité sur le traitement réservé à Battisti par les médias italiens et sur les conditions de son instruction. Le texte est lisible sur www.vialibre5.com, le site réservé à la lutte contre l’extradition de l’auteur.

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