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CGT-CFDT-FO-CFE.CGC EDF-GDF : Appel à la grève le 8/04 contre le changement de statut

Publie le lundi 5 avril 2004 par Open-Publishing


8 AVRIL 1946

LA FRANCE N’A PLUS UN SOU
(après 5 ans d’efforts de guerre)
LE GOUVERNEMENT A
NATIONALISE EDF-GDF
POUR ALIMENTER LA NATION
DANS L’INTERET GENERAL


8 AVRIL 2004
L’ETAT
FRANCAIS N’A PLUS UN SOU
(après 2 ans de cadeaux fiscaux aux plus riches sans pour autant relancer l’emploi)
LE GOUVERNEMENT VEUT
PRIVATISER EDF-GDF
POUR REMUNERER QUELQUES UNS
DANS L’INTERET PARTICULIER

En 2003 le Ministre de l’économie et des finances adressait aux Présidents de
Gaz de France et d’EDF des courriers valant feuille de route, pour préparer les
conditions de privatisation des deux services publics, l’usage de l’_expression « ouverture
du capital » à la place de son synonyme « privatisation » ne trompant personne.

Alors que s’accumulent inlassablement les contres-performances des processus
conjoint de déréglementation et de privatisation en Europe comme ailleurs il
devient nécessaire de formuler quelques idées claires, pour sortir de l’ornière
ou plusieurs année d’acharnement idéologique nous ont entraîné :

1-La
privatisation, en France, d’EDF et GDF serait un verrou irréversible
organisant
cet échec en excluant toute possibilité de retour à une situation sectorielle
maîtrisée.
2-Pour
les deux entreprises, mais plus encore pour EDF, le processus
de déréglementation
et l’effet d’annonce du projet de privatisation ont déjà profondément amoindri
les bases industrielles, sociales et institutionnelles nécessaire à l’accomplissement
des missions essentielles.
3-Il
est urgent de stopper ce processus de décomposition, non seulement en abandonnant
tout projet de privatisation, partielle ou totale, mais aussi en décrivant les
schémas susceptibles de redonner une capacité d’action à l’ensemble EDF-GDF.
4-Il
est nécessaire de donner à EDF-GDF un nouveau projet historique
refondateur
au service des citoyens-usagers, de l’intérêt général et de la collectivité nationale.

Partout le processus de déréglementation est en échec.

Aux États-Unis ,
la leçon de l’échec Californien n’a pas été tirée. Les défenseurs
de la déréglementation n’ont voulu y voir que la conséquence du comportement
de quelques acteurs dont le plus en vue, Enron, a finalement été « Châtié »
En
Grande Bretagne
, mère des modèles de déréglementation, le paysage n’est
guère plus brillant. La énième réforme du dispositif, pour faire face au verrouillage
oligopolistique du « pool » n’a réussi qu’à accoucher d’un marché de surplus
portant sur des quantités, dont les prix sont sans rapport avec ceux que subissent
les clients. Les prix ont baissé sur ce marché de « soldes » mais ces baisses
oublient fâcheusement de se propager jusqu’à l’escarcelle des usagers, surtout
des ménages.
La
Scandinavie
qui occupa en temps le rôle de mère adoptive pour les expérimentations
de déréglementation, commence à connaître quelques tensions entre l’offre et
la demande d’électricité. Il est vrai que le marché, surtout dans un système
massivement hydraulique, peine à produire les éclairages de prix stables dont
la théorie libérale a tellement besoin pour garantir que les investissements
seront là pour construire les centrales nécessaires. Pas de prix à terme stables,
pas de centrales et voilà votre déréglementation qui se brise le nez.
L’Italie,
coutumière du déficit électrique, n’en finit plus de ne pas résoudre
ses problèmes : les prix y sont toujours élevés, les importations toujours massives,
les nouveaux moyens de production toujours aussi rares et comme la demande continue
de croître il a fallut délester à la fin du printemps 2003 et subir un black
out complet à l’automne…La privatisation totale de l’ENEL, imminente depuis plus
de cinq ans, reste toujours partielle, ce qui n’a cependant pas suffit à provoquer
l’abondance électrique que les gourous libéraux prophétisaient.
L’Espagne continue,
derrière les Pyrénées, à vivre sous le régime du « duopole
tranquille » soutenue en 2003 par un pouvoir dont les déclarations libérales
ne peuvent cacher un constant appui de l’État aux profits des grandes firmes électriques.
Mais là aussi les tensions sur l’équilibre offre-demande ont commencé à pointer
le bout de leur nez et le passage de l’été 2003 sans délestage n’a été possible
que grâce à un réaménagement, d’ailleurs habilement monnayé par les opérateurs,
des plannings d’entretien des centrales.
L’Allemagne a
confirmé tout le bien qu’on penser des processus de déréglementation
, puisqu’au final après avoir débuté sous des auspices éminemment libéraux (éligibilité totale,
c’est-à-dire concurrence généralisée pour tous les clients, baisses apparentes
de prix très significatives…) la réalité du système électrique et gazier allemand
aujourd’hui c’est la concentration (fusion de bayernwerk et veba en Eon) et l’intégration
gaz-électricité (fusion avec Ruhrgas), le maintien de prix élevé, notamment par
des tarifs d’accès aux réseaux (transport et distribution) très rémunérateurs,
l’opacité la plus commune au monde des affaires (pas de véritable publication
des comptes dissociés prévus par la Directive), et une régulation réduite au
contrôle accommodant de l’office des cartels.
En
France
enfin, au delà de l’épisode médiatique de l’été 2003, l’élément
le
plus significatif est la répétition depuis juin, c’est à dire sans rien devoir à la
canicule d’août, de tensions importantes sur les prix de gros de l’électricité :

500
euros /MWh fin juin
100 à 200
euros /MWh début juillet
1000
euros / MWh en août.

Ainsi, l’électricité s’est à plusieurs reprises échangée très cher, ponctuellement.

Ces « excursions » de prix, inhabituelles en cette période de l’année, (elles
pourraient être explicables en hiver très froid), sont les signes avant-coureurs
du réajustement du parcs de production, non pas seulement en France mais dans
l’ensemble du système électrique européen. La sécheresse et la canicule ont servi
de loupe pour mettre en évidence un risque d’offre insuffisant. Les partisans
de la déréglementation devraient se réveiller : la rareté frappe à la porte et
elle va bientôt frapper au porte monnaie ceux là même qu ’elle est censée libérer.

Depuis au moins cinq ans, les développement de moyens de production nouveaux,
tous hors marché (génération, éolien…) ont été sans rapport avec l’évolution
des besoins, la demande a contribué de croître à un rythme de 1 à 2 % par an,
c’est à dire au niveau européen d’une vingtaine de TWh/an ou encore de 2 à 3
GWh/an de nouvelles centrales lourdes.

Lentement, mais sûrement se sont résorbés les surdimensionnements initiaux ;
il aura suffit que la demande soit un peu soutenue dans une période où habituellement
les centrales sont à l’arrêt pour entretien, et que la sécheresse limite les
possibilités de refroidissement des centrales, pour que cette tension se révèle
dans les prix de façon spectaculaire.

Il est dans la logique profonde de la déréglementation de produire ces tensions.
Là où le monopole régulé est responsable sur sa légitimité propre de satisfaire
constamment la demande, ce dont il s’acquitte parfois au prix d’un surinvestissement,
le « Marché » ne connaît qu’un principe général d’irresponsabilité : tant que
les prix n’offrent pas une espérance de rentabilité suffisante, pas d’investissements
 ! C’est de la pénurie que naissent des conditions de rémunération suffisantes
pour justifier les investissements.

Concernant les usagers domestiques, le laboratoire que constitue, depuis de nombreuses
année, la libération anglaise nous démontre, témoignages constant des associations
de consommateurs à l’appui, que :

A - Les consommateurs aisés et sûrs font l’objet de l’attention
des opérateurs
qui leur font des rabais pour les conquérir,
B - que les consommateurs pauvres se voient imposer des compteurs
liés à des
tarifs honteusement élevés,
C - que les autres consommateurs sont l’objet de démarchages
voyous pour changer
d’opérateur sans réels bénéfices dans la durée,
D - que l’ensemble des usagers domestiques est transformé en « vache à lait » par
les opérateurs, avec dégradation de la qualité de service et non-répercussion à l’usager
final des baisses de prix à la production.

La décomposition du système.

Sur les 15 dernières années, c’est à dire pratiquement depuis l’achèvement du
parc nucléaire, EDF a réussi simultanément à baisser ses prix de 25% en monnaie
constante, à se désendetter de plus de 20 Milliards d’euros, à diviser par quatre
le temps de coupure moyen subi par les clients basse tension, à mettre en place
la garantie des services, à rémunérer l’Etat sans percevoir un centime de celui-ci,
et tout cela sans plomber les comptes de l’UNEDIC ou du FNE. Quelles entreprise
privées peuvent se targuer de tels résultats ?

Pour y parvenir, il a fallu que l’entreprise se forge un outil de pilotage économique
performant, adapté aux enjeux de productivité en période de croissance ralentie,
combinant les gains économiques centralisés. Au centre de tout cela, il y avait
une formidable mobilisation des personnels encouragée par une majorité des dirigeants
et par un système de pilotage recherchant la confiance et la transparence, la
responsabilisation par l’engagement contractuel pluriannuel.

Depuis cinq ans, la pompe à productivité est désamorcée, et aujourd’hui EDF en
est réduite à piloter sa communication financière davantage que ces résultats économiques.

C’est parce qu’on a voulu faire d’EDF « une entreprise comme les autres » qu’on
a réussi à casser ce qui marchait plutôt mieux que dans les autres entreprise
engendrant la perte de substance, de motivation et de compétences internes actuelles.

Mettre un coup d’arrêt au processus de décomposition

Risque élevé de remontée des prix, incertitudes substantielle sur la capacité des
entreprise à gérer dans les conditions pratiques (facturation, accueil…), simplement
décentes, le passage de quelques milliers de clients éligibles actuels à environ
3 millions en électricité et prés de 500.000 en gaz, en 2204, stratégie d’offre
restrictive par nécessité financière, complexification du cadre de régulation,
dépossession des collectivités locales de leur influence sur l’organisation du
service, forte détérioration des conditions de travail,…

Pour sortir de l’impasse actuelle, un certain nombre de conditions préalables
s’imposent. Elles sont nécessaires pour réunir les conditions d’un nouveau projet
historique refondateur pour EDF et GDF.


Il faudrait retenir a minima deux conditions externes et deux conditions internes-externes.

Le
maintien d’une propriété intégralement publique
L’arrêt
du processus de libéralisation
Le
maintien de l’intégrité d’EDF et GDF et de la mixité
Le
nettoyage des structures.

Contre la destruction programmée : Un projet

EDF et GDF appartiennent à la Nation et ce sont les citoyens-usagers qui sont
propriétaires d’EDF et GDF. Ils doivent être les premiers bénéficiaires de leur
activité.

Cela passe d’abord par le retour, dans tous les domaines, aux principes des cinquante
première années : une recherche constante d’efficacité dans la durée, de surplus
de productivité en coût et en qualité des services, qui doivent être reversés
intégralement dans les baisses de prix régulières et des améliorations de qualité dûment
mesurés.

EDF et GDF doivent également en finir avec ce mouvement constant de dépossession
des citoyens-usagers de leur pouvoir de propriétaires aux dépens d’une technocratie
dirigeante autrefois issue des Corps d’Etat et récemment, à EDF sous l’actuelle
présidence, élargie à des technocratie de firmes privées extérieures.

La privatisation d’EDF et GDF sera synonyme, si nous la laissons faire de la
perte de deux outils publics majeurs de la politique énergétique française.

Qu’on se souvienne !

EDF, c’est l’électrification complète du pays, la mise en valeur de la rente
hydraulique, l’efficacité industrielle de la politique des paliers thermiques
pour la production classique puis nucléaire et de la politique de sûreté pour
l’exploitation du nucléaire.

GDF c’est la reconversion des usines à gaz au charbon, la gazéification au gaz
naturel du pays qu’il faut achever, un réseau de gazoducs grands et petits dans
toute la France et un savoir-faire majeur dans la politique d’approvisionnement
et de coopération avec les autres compagnies gazières ( l’allemand Rhurgas en
particulier ) et les pays producteurs ( Algérie et Norvège ).

En conclusion :

Aujourd’hui, une seule solution s’impose contre la destruction et le déclin programmé que
sont les privatisations d’EDF et GDF :

une
refondation citoyenne par un nouvel ancrage et une politique nouvelle au service
du citoyen-usager
un
projet industriel ayant pour but la diversification et la sécurité énergétique,
et pour moyen la fusion d’EDF et GDF

05.04.2004
Collectif Bellaciao