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Cesare Battisti : extradition ou pas ?

Publie le mardi 6 avril 2004 par Open-Publishing

Ami(e)s,

Les Italiens venant juste d’adresser aux juges français un nouveau
dossier sur Cesare (dont on ne sait ce qu’il contient), le jugement du 7
est reporté pour complément d’information. Néanmoins, il y aura le 7 à
18 HEURES une audience préalable. Donc, le rendez-vous de mobilisation
devant le Palais de Justice est maintenu, mais à 18 heures et non pas à
14 h.
Faites circuler l’info autant que vous le pourrez !
Bien à vous,
Comité Paris

Copie du mail de Cesare Battisti :

"L’Italie a envoyé un paquet de nouveau document juste au dernier moment (ce
matin, ils arrêtent pas de ruser) le procés sera donc certainement
repousseé. A’ savoir que je dois me présenter quand même à l’udience de
demain qui aura lieu à 18h.
Ce n’est peut être pas la peine de mobiliser tout le monde, vu qu’il faudrà
le faire à nouveau dans quelque semaine ? A’ vous de voir, même si les
avocats disent qu’il serait bon d’avoir du monde devant le Palais. Il faut
tenir le coup, car ils cherchent à nous destabiliser.

Je vous embrasse, Cesare"

(NdLR)

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Dimanche matin au réveil, je suis tombée sur l’émission le vrai journal (émission que par ailleurs, je n’apprécie pas trop) et sur un reportage sur l’extradition de Battisti

Le reportage nous a été montré comme une évidence l’extradition de cet individu puisque celui ci ayant évidemment « commis des crimes » parce que, toujours d’après le reportage, « la justice a prouvé sa culpabilité » et qu’il est bien sûr evident « que les groupes armées d’extrême gauche sont tous des meurtriers, des bandits dont le seul combat était l’ultra violence gratuite et à des fins d’enrichissement personnel ».

Le reportage c’est aussi bien attardé sur le fils du bijoutier abattu (selon la justice italienne) par Battisti. Celui ci s’est pris une balle dans la jambe, il est paralysé, et veut que Battisti paye pour ce qu’il a fait (notons que tous veulent que les anciens activistes italiens d’extrême gauche « payent » et « rendent des comptes aux victimes » mais personne ne veut connaître la vérité). Nous avons eu aussi le plaisir d’avoir un long entretien avec un politique italien du parti communiste qui affirmait que Battisti est un criminel et qu’il doit (encore) payer pour tous les meurtres qu’il a commis. Le représentant du parti socialiste français est intervenu contre l’extradition de Cesare (mais bon ! soyons lucide ils ne sont plus du tout crédible donc intervention sans intérêt) ; tous ça pour vous dire qu’il est vraissemblable que nous ayons eu à faire à une opinion très précise sur la culpabilité de Battisti, à savoir qu’elle est évidente.

Il est possible que celui ci soit coupable (évidente c’est moins sur). Notons seulement que dans ce reportage et à chaque fois que les médias évoquent les années de plombs, le contexte politique de l’époque n’est qu’effleuré par des brèves rappels de la situation de corruption …

Petit rappel Historique : Rome, le 9 mai 1978 : dans le coffre d’une voiture, on retrouve le cadavre d’Aldo Moro. Au moment de son enlèvement, le 16 mars, par les Brigades rouges , le président de la Démocratie chrétienne négociait avec le dirigeant communiste Enrico Berlinguer un « compromis historique » grâce auquel le Parti communiste italien (PCI) prendrait place au gouvernement. C’est l’apogée du terrorisme dit « rouge »

Ce terrorisme « rouge » est cependant beaucoup moins meurtrier que le terrorisme « noir », qui l’a précédé et lui survivra longtemps. L’extrême droite, en effet, n’hésite pas à faire exploser des bombes dans des lieux publics. En toute impunité car, on le sait désormais, les services secrets commanditaient toutes ces opérations. Pour le pouvoir en place, l’ennemi, c’était l’extrême gauche extraparlementaire, mais aussi le PCI. Au nom de la défense des libertés, on s’en est donc pris... aux libertés. Ce fut l’avènement des lois spéciales visant une catégorie d’individus jugés dérangeants par le pouvoir - à l’époque, le grand ordonnateur de cette chasse à l’homme est M. Giulio Andreotti, actuellement poursuivi pour connivence avec les chefs de la Mafia...

Ça c’est pour les débuts difficiles, cette histoire n’est pas claire. Maintenant je voudrais vous parler d’un attentat celui de la place Fontana. À mon avis c’est la plus représentative du climat politique très ambiguë à savoir qui fait quoi et pourquoi :

12 décembre 1969 : l’explosion d’une bombe dans la Banque de l’agriculture, Piazza Fontana, avait fait 16 morts et 98 blessés. Les autorités gouvernementales et la grande presse proclament aussitôt que les anarchistes sont responsables. Dans l’espoir de déstabiliser la gauche, les autorités avaient accusé un cheminot anarchiste, Giuseppe Pinelli et Pietro Valpreda.

Le premier est mort le 15 décembre, en se jetant par la fenêtre du commissariat où il était interrogé (selon Calabresi, commissaire qui a instruit l’affaire). Automne 1971. Par suite d’une plainte portée cette fois-ci par la veuve de Pinelli, Licia, Calabresi et d’autres fonctionnaires et agents de la préfecture de police de Milan sont inculpés d’homicide. L’affaire est classée en octobre 1975 par le juge D’Ambrosio, qui exclut à la fois homicide et suicide et suggère la thèse d’un « malaise actif ». 17 mai 1972. Calabresi est assassiné en sortant de chez lui, rue Cherubini à Milan, de deux coups de pistolet tirés à bout portant. Les faits sont là.

Je conclu par une citation de Paul Mattick interviewer à l’epoque par Lotta continua : « La violence est immanente au système et donc une nécessité pour le travail autant que pour le capital. De même que la bourgeoisie ne subsiste qu’en vertu de sa mainmise sur les moyens de production, de même il lui faut la défendre par des procédés également extra économiques, grâce à son monopole des moyens de répression »

MAINTENANT À VOUS DE VOUS FAIRE VOTRE