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Intermittents : Ça peut faire un sacré grabuge

Publie le mardi 6 avril 2004 par Open-Publishing

A six semaines du Festival de Cannes, la coordination nationale a transmis ses revendications et sa détermination au nouveau ministre de la Culture.

Montpellier

A l’approche des festivals d’été, la tension monte chez les intermittents du spectacle. Leur première grande réunion depuis la nomination du nouveau gouvernement a eu lieu de samedi à lundi à Montpellier, où se sont retrouvés quelque 80 délégués venus de vingt régions en France. « Nous réclamons que, dans un délai très court, le nouveau gouvernement s’engage sur au moins deux points : la nomination d’un expert indépendant qui vérifierait les chiffres réels du coût de l’indemnisation des intermittents par l’Unedic ; et la suspension immédiate du nouveau protocole (entré en vigueur le 1er janvier 2004, ndlr), le temps que l’expert rende son rapport et que s’ouvrent de nouvelles négociations », explique Gerhard, metteur en scène montpelliérain, un des trois délégués désignés par la coordination nationale pour parler avec la presse les intermittents n’ont laissé aucun journaliste assister aux discussions sur les actions susceptibles de perturber les festivals de l’été.

Antoine, de la coordination Ile-de-France, précise : « Lors de notre dernière rencontre avec Aillagon, le 15 mars, le premier point était acquis. Nous attendons que Donnedieu de Vabres reprenne le dossier là où son prédécesseur l’a laissé. » Une première date-butoir joue en faveur des intermittents : le 12 mai va s’ouvrir le Festival de Cannes. Et, si leurs exigences ne sont pas entendues, « nous allons frapper fort », dit Christophe, troisième porte-parole.

De quoi pourra-t-il s’agir ? En ce qui concerne Cannes, il n’est pas question d’annulation. Moins du fait que la CGT spectacle siège au conseil d’administration du festival qu’en prévision de l’arsenal policier dont Cannes saura se doter. « Nous envisageons plutôt une occupation, explique Gerhard. Nous sommes capables d’être très nombreux, dans beaucoup de lieux à la fois. Des mouvements de précaires Italiens et espagnols vont nous rejoindre, ainsi que des comités de chercheurs et d’enseignants. Cela peut faire du grabuge. » Parallèlement, contacts vont être pris avec des réalisateurs et membres du jury afin qu’eux-mêmes s’expriment.

Quant aux autres événements de l’été, « les directeurs de festivals doivent aller plus loin qu’un simple soutien verbal à notre combat, dit Christophe. On attend qu’ils nous offrent des espaces d’expression à l’intérieur de leur programmation, avec les moyens financiers qui vont avec ».

Dans ce contexte tendu, la nomination à un poste ministériel de Marie-Josée Roig, maire d’Avignon, qui s’est positionnée en faveur d’une renégociation du statut des intermittents, ne soulève aucun espoir particulier. « Elle a peur d’une seconde annulation de son festival, analyse Christophe. Mais, depuis décembre, sa porte nous est à nouveau fermée. »

Le ministère de la Culture indique hier dans un communiqué que, « afin de nouer un dialogue nouveau, Renaud Donnedieu de Vabres a engagé une série de rencontres avec les organisations et les milieux du spectacle vivant et de l’audiovisuel. Il en attend la définition très rapide d’une stratégie de réponse à leurs inquiétudes et à leurs interrogations sur l’économie et la pérennité du dispositif d’indemnisation de l’intermittence [...]. Dans cet esprit, il confirme la réunion du Conseil national des professions du spectacle, prévue le 19 avril prochain. »