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La situation politique actuelle ...

Publie le jeudi 6 décembre 2007 par Open-Publishing
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La situation politique actuelle

Deux données essentielles caractérisent la situation politique actuelle en France et même en Europe. Elles sont à nouveau quasiment ignorées par les organisations qui prétendent vouloir faire changer les choses. Il est pourtant clair que ce qui manque aux mouvements sociaux divers qui se multiplient aujourd’hui, c’est une perspective crédible d’alternative politique. Au sens d’un vrai programme de rupture, d’arrêt du déclin et d’avancée sociale.

La première de ces données, qui a parfois été prise en compte récemment, plutôt par obligation d’ailleurs – le TCE -, est la vraie nature du clivage entre les tenants du système et l’opposition. Jusqu’à présent celui-ci était basé sur le concept Gauche Droite, appliqué d’une manière totalement idéologique et assez loin depuis longtemps de la réalité des véritables comportements politiques.

Aujourd’hui, alors que le basculement d’un capitalisme étatique vers un système dominant, de nature avant tout « économique », notamment aux aspects financiers prioritaires, le néo libéralisme, suivant son fondement théorique, ou l’Ultralibéralisme suivant la logique Thatchérienne et dans son application faite par la commission européenne, est largement réalisé, la véritable rupture ne peut provenir que d’un courant réellement anti ultralibéral.

La mise place relativement rapide de cette « révolution » capitaliste qu’est le passage à l’ultralibéralisme, notamment grâce à l’action et au soutien des sociaux démocrates et des socialistes, a pris de court des organisations politiques à la lourde inertie. Ainsi, alors que sous François Mitterrand, l’orientation ultralibérale avait déjà été prise, assez tôt d’ailleurs, l’expérience de la « Gauche plurielle » a confirmé que l’on ne pouvait pas réellement changer les choses,- là on prétendait ouvrir des perspectives pour l’emploi, le social et l’environnement…..-, si l’on participait, dans le même temps, à la promotion du système ultralibéral : sommets de Lisbonne et Barcelone, privatisations, désagrégation de l’Etat et ventes massives d’actifs …. Sans qu’il soit bien analysé, bien compris donc, l’échec de cette nouvelle expérience de gauche a marqué les esprits. L’image du concept Gauche en est sortie bien écornée.

S’il n’est pas le seul, le parti socialiste est particulièrement touché par cette nouvelle donne. La fracture entre le soutien à l’ultralibéralisme et l’opposition à ce système passe d’ailleurs en son sein. Compte tenu de la nature profondément opportuniste de ce courant politique, cela donne, dans la pratique, une frontière mouvante. En fait ce parti s’est déjà profondément engagé dans le soutien à l’ultralibéralisme. Ce n’est pas par hasard si les dirigeants des deux organismes internationaux majeurs, l’OMC et le FMI, qui imposent au monde entier la vision capitaliste dans les domaines économique et financier, sont directement issus du PS.
Le contexte impose évidemment aux partis politiques une véritable refondation, qui d’ailleurs contrarie fortement leurs appareils où les élus ont un poids bien trop grand. Mais ce que le PS qualifie de refondation n’est qu’une lutte de clans pour la mainmise sur l’appareil. Il n’y pas vraiment de débat d’idées. L’adhésion à l’ultralibéralisme est quasiment totale et il est hautement symbolique de voir Vincent Peillon, député européen de poids et ancien du NPS, s’y rallier. Seuls quelques anciens ont du mal à prendre ce tournant idéologique. Il y a l’exception du PRS il est vrai, mais ce n’est pas une structure du PS.

Un autre indice de ce changement de paysage politique réside dans l’engagement contre le système ultralibéral de personnes et d’organisations cataloguées de droite, généralement issues du mouvement républicain ou n’ayant pas renié les valeurs du gaullisme.

On rétorquera peut-être que cette nouvelle réalité politique est maintenant largement connue, grâce aux réflexions d’économistes, d’intellectuels sociologues par exemple et de journalistes parfois, qui, il faut le remarquer, sont pour la plupart des penseurs indépendants, non engagés dans les formations politiques. Oui, mais alors une des premières conséquences devrait être de combattre les socialistes qui s’engagent ouvertement pour l’ultralibéralisme. Tel Delanoé futur grand timonier du PS pour cette orientation néo libérale. Or, force est de constater que le PCF fait des pieds et des mains pour figurer sur ses listes à Paris. C’est d’ailleurs un parti pris général puisque s’il ne tenait qu’au parti communiste, il y aurait des listes PS PC, ou l’inverse, partout.

Mais ce dont souffrent les collectivités locales, c’est bien de la politique ultralibérale qui amène l’état à reporter sur elles des charges autrefois assumées par le niveau national, qui par la généralisation d’une spéculation immobilière forcenée empêche toute politique de l’urbanisme et du logement, écarte l’opportunité de mettre les logements neufs aux normes modernes d’économie d’énergie, qui conduit les départements et mairies à faire appel aux services privés, ce qui alourdit énormément les factures d’eau, d’assainissement…..
Cette présentation, au niveau local, d’une gauche obsolète est catastrophique pour la conscience populaire et pour la perspective d’un changement véritable.
La question suivante vient alors naturellement :

Est-ce que cette nouvelle réalité du contexte politique implique la remise en cause des valeurs fondamentales de la Gauche ?

Absolument pas. Bien au contraire, toute refondation doit être un retour à ces valeurs. La solidarité, la lutte contre la précarité et les discriminations, l’enseignement de qualité pour tous, la laïcité, la lutte pour la démocratie, totalement incompatible avec l’approbation honteuse de ce que l’on nomme improprement le mini traité européen …., sont plus que jamais d’actualité. Il ne faut pas moins, mais plus de services publics, notamment pour l’eau et les déchets. D’ailleurs tout cela était assez bien pris en compte dans le programme,- « ce que nous voulons » -, de l’éphémère rassemblement antilibéral.
Mais c’est ici, dans la possibilité de mise en œuvre d’un tel programme, qu’intervient la deuxième donnée fondamentale.

L’autre fait majeur est que faute de combattre résolument l’ultralibéralisme et de s’attaquer à ses fondements, on ne peut faire qu’une politique d’accompagnement de l’évolution naturelle de ce système économique, - désindustrialisation, liquidation de l’agriculture et de la pêche en France, réorientation de la Recherche vers des besoins industriels immédiats ciblés, orientation élitiste de l’enseignement, livraison de secteurs entiers à la spéculation et au privé, laxisme environnemental, …. -.

Les finances de l’état sont tellement verrouillées par ce système (Euro, BCE, règles sur les déficits) que pour la moindre action nouvelle il doit liquider ses actifs. Les 5 milliards promis aux universités seront ainsi issus de ventes d’actions EDF par le gouvernement. Et c’est une chose que la « Gauche plurielle » a largement pratiquée.
Il est proprement incroyable que la récente déclaration du premier ministre en exercice F Fillon sur la faillite de l’Etat n’ait pas provoquée plus de réflexions, de prises de conscience et n’est eue, finalement, qu’un retentissement très limité. Certes on peut évoquer le contexte du fort mouvement social. Mais cela ne résiste pas l’examen de données qui constituent le véritable baromètre de l’état de santé économique et financier du pays : déficit de la balance commerciale, très faible croissance, larges déficits des régimes sociaux ….. En fait, c’est la France entière qui est en déclin accéléré. Il faut se rendre à l’évidence, l’héritage du CNR et de la période de Gaulle, a été dilapidé et particulièrement mis à mal avec le tournant ultralibéral des années 80.
Il en résulte deux vérités qui visiblement ne sont malheureusement absolument pas prise en compte par les organisations politiques et syndicales.

 • La vérité fondamentale de la situation politique actuelle est que l’on ne peut plus envisager de changer les choses, avec notamment des nécessaires mesures sociales, comprenant le maintien des acquis, et environnementales, une relance industrielle et économique, un financement de l’enseignement et de la Recherche à la hauteur des besoins et des ambitions, une vraie politique de l’urbanisme et du logement …, par de simples réformes et une simple réorientation du système actuel.
Si l’on chiffre un vrai programme de rupture, de nature profondément sociale, et de relance, on dépasse les 100 milliards d’euros sur une courte période. Ce qui a des conséquences obligatoires vis-à-vis des moyens à mettre en œuvre, impliquant la remise en cause du système ultralibéral.

Sans développer ici, on citera des mesures qui ont déjà été évoquées par des économistes, certains hommes politiques même, sans qu’elles soient, pour l’instant, coordonnées dans un programme politique homogène, qui manque d’ailleurs cruellement à l’opposition politique et aux mouvements sociaux :
 remise en cause au moins partielle, - double monnaie -, de l’Euro,
 diminution des prérogatives de la BCE et réinstauration d’une Banque nationale pour la relance économique et industrielle,
 reprise des grands programmes nationaux pour les transports, l’énergie, l’urbanisme et le logement, prenant en compte les impératifs environnementaux sur les économies d’énergies et les émissions de CO2,
 mise en place d’un protectionnisme pour la sauvegarde de notre agriculture et de notre pêche, pour les secteurs clés de notre industrie, de notre Recherche,
 contrôle des mouvements de capitaux,
 développement du secteur public, - transport, avec la généralisation du ferroutage, de l’électricité (supposant une génération propre de celle-ci) -, et extension avec la création d’organismes publics pour l’eau, - pour l’approvisionnement et la qualité ainsi que pour la gestion (distribution, réserves, ..) -, pour les déchets et le démantèlement (nucléaire, chimie, ..) ……………………..

On conçoit bien que la réalisation d’un tel programme ne puisse résulter d’un seul accord de sommet entre appareils politiques, et qu’elle nécessite une mobilisation et un appui populaire massif. Pour être clair cela signifie une révolution socialiste. Il n’y a donc pas lieu de renier des objectifs socialistes. Au contraire le contexte politique actuel exige une refondation.
Une conséquence importante de ce raisonnement est qu’il n’y a plus de place pour le réformisme. D’où les difficultés objectives du PS, des radicaux et des mouvements politiques qui se qualifient de centristes.

 • Une autre vérité d’importance réside dans le fait que, maintenant, toutes les revendications sociales pour la défense des acquis, pour le logement, pour le pouvoir d’achat .., tous les mouvements de défense, pour la pêche, l’agriculture, contre les délocalisations …, pour la Recherche, ont une résonance politique immédiate. Ils buttent ainsi sur le fait que leur satisfaction implique un changement politique radical. Alors que l’Etat est affaibli, en voie de désagrégation, on a tendance à lui réclamer encore ce que l’on demandait, avant, à l’Etat du système Keynésien. Cela ne marche pas et les dirigeants de ces mouvements revendicatifs sont souvent amenés à accepter des compromis qui ne peuvent être compris par la base.

Dans ce domaine, il manque aussi de manière criante, l’existence d’un programme politique alternatif de nature résolument anti ultralibéral.
La situation politique actuelle marquée par tous les fléaux de l’ultralibéralisme, ne pourra réellement évoluer que lorsque ce programme, porté par des hommes politiques crédibles, verra le jour.

Le rassemblement antilibéral à l’occasion du TCE avait marqué une avancée prometteuse sur cette question cruciale. La période politique actuelle comporte une importante régression dans cette problématique de programme et de rassemblement populaire. Les municipales avec des partis pour la plupart exclusivement arc-boutés sur la conservation de leurs élus, risque d’être une catastrophe pour le simple arrêt du déclin accéléré, à tous les niveaux, de notre pays. Ce dont, évidemment, les couches défavorisées qui en pâtiront le plus, mais pas seulement elles. Les couches moyennes, cibles de F Hollande pour le financement du très modeste programme du PS, également.

L’Ultralibéralisme conduit inexorablement à un régime très élitiste.

jeudi 6 décembre 2007

Jean-Marie Berniolles

Messages

  • La chienlit bis en bandes organisées à un point tel qu’on sait plus du tout qui est pour qui est contre :-(

  • MUNICIPALES 2008 - Gauche Alternative

    Pour une liste de coordination dite des « 3-A » Altermondialiste, Antilibérale, Anticapitaliste

    Projet de Lettre de Perspective-S

    Chèr-E-s Camarades,

    Depuis quelques mois nous constatons tous dans notre pays la dureté des pseudo-réformes gouvernementales qui sont en réalité une atteinte scandaleuse à nos Droits les plus fondamentaux et nos Libertés premières.

    Dans ce contexte d’une politique de droite implacable et qui n’a jamais été aussi méprisante, le temps est venu pour nous militant-E-s, résistant-E-s et désobéissant-E-s civiles de prendre en compte ce qui nous rapproche - et poser de côté dans l’urgence ce qui peut nous séparer encore - pour faire se rejoindre tous les dynamiques de nos luttes mais également leurs potentiels d’avenir particulièrement attendus !

    Il est par conséquent de notre responsabilité d’inventer cette nouvelle donne politique cartographique dans toutes les régions… Elle se dessine… de Mantes en passant par Grigny…

    INVENTONS LA DANS TOUTES LES COMMUNES POSSIBLES !

    Très concrètement, l’idée de constituer une « liste de coordination » s’est faite récemment jour dans les clameurs même des récentes mobilisations qui ont toujours court actuellement grâce au courage et à la détermination de la jeunesse en particulier… Et parce que l’élan en réalité qui nous porte tous est clairement de « penser global et agir local » qu’il est temps de nous concerter - à l’échelle locale et micro-locale – en traduisant nos idéaux internationaux par un programme municipal de coordination anti-raciste, féministe, solidaire et écologique sans concessions.

    Pour la création d’une véritable alternative à gauche !

    Militons puis travaillons ensemble !

    Un comité local en devenir Motivé-e-s, Bové, Alternatifs et LCR !!!