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Bolivie : Evo Morales appelle à un référendum pour révoquer son mandat

Publie le mercredi 12 décembre 2007 par Open-Publishing

Coûtumier de l’utilisation de la surprise comme arme contre ses adversaires, Evo Morales a déconcerté hier les boliviens avec un coup risqué : dans un discours au pays, il a annoncé l’envoi au Congrès d’un projet de loi pour convoquer à un référendum révocatoire pour son mandat et ceux des neuf gouverneurs, six d’entre eux des opposants à sa gestion.

Et le coup d’effet a été encore plus grand en considérant qu’est encore dans l’air le revers électoral de Hugo Chavez dans son plebiscite propre pour approuver une réforme constitutionnelle socialiste.

« Je propose aux neuf préfets (gouverneurs) de nous soumettre ensemble à un référendum révocatoire et que le peuple disse s’il est avec les néo-libéraux qui ont vendu aux enchères le pays ou s’il soutient ce processus de changement qui cherche l’égalité et la justice sociale. Le peuple dira ceux qui s’en vont et ceux qui restent. Nous n’avons pas peur", a défié le président Morales passées les vingt heures.

De cette manière, le président bolivien cherche une sortie à la crise politique qui accable le pays, depuis que l’Assemblée Constituante a approuvé « en général » un nouveau texte constitutionnel qui est refusé par la droite et plusieurs régions du pays conduites par Santa Cruz.

Mais il y a un calcul qui motive le coup joué : tandis que le mandataire indigène se sent certain de passer le référendum, pour plusieurs gouverneurs il existe la possibilité de recevoir le rejet des urnes.

Celui qui apparaît avec le futur plus incertain est celui de La Paz, José Luis Paredes, suivi par celui de Cochabamba, Manfred Reyes Villa, tous les deux élus grâce au vote croisé (listes "coupées") avec Evo Morales.

Et dans le Palais Quemado (siège de la présidence) on s’enthouiasme pour pousser dans les cordes Mario Cossío à Tarija et Leopoldo Fernández à Pando. Celui qui paraît avoir son fauteil assuré est Rubén oreja, de Santa Cruz, qui active en sa faveur des rancunes régionalistes de longue date contre la ville de La Paz, de cette région productrice de de 30% du Produit Interne Brut national.

Quatre gouverneurs ont reçu la nouvelle aux Etats-Unis, où ils sont allés pour se plaindre devant l’OEA (Organisation des Etats Américains) des « attaques à la légalité » en Bolivie. Et ils devront maintenant combiner la « résistance civile » annoncée contre la nouvelle Constitution avec une campagne électorale inattendue, qui promet d’être agitée.

Pablo Stefanoni, Clarin, 06 décembre 2007.