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Sanction des chômeurs

Publie le lundi 7 janvier 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

Sarkozy et les chômeurs... la campagne des municipales est lancée !

La nouvelle est venue de Laurent Wauquiez, elle est à lire en trois parties. La première : Nicolas Sarkozy propose la mise en place de "sanctions" à l’encontre des demandeurs d’emploi qui refuseraient "deux offres acceptables". La deuxième : le gouvernement espère 7,7% de chômage "assez rapidement". La troisième : "avec des chiffres de l’Insee qui sont maintenant non contestés".

Trois phrases, trois "vérités"... mais trois absurdités.

 "Des sanctions" ? Rien de nouveau sous le soleil… En fait, depuis la loi Borloo de 2004, appliquée en 2005, un chômeur qui refuse une offre peut être sanctionné : suspension temporaire ou définitive de l’allocation chômage. Cependant, il faut noter que ces sanctions étaient peu appliquées. Elles le sont de plus en plus. Mais alors pourquoi Sarkozy fait cette annonce si la loi existe déjà ? Ne serait-ce pas pour relancer un débat qui lui sera favorable, et dans lequel il excelle, à trois mois des élections ? Plutôt que de laisser les observateurs politiques commenter ses exploits en Chine, en Libye, en Algérie, en Russie, le pouvoir d’achat en berne, son augmentation de salaire, les scandales d’EADS, de l’UIMM, ..., finalement, ça fait parler des "bonnes nouvelles" (officielles) : le chômage est en chute libre. Voir le billet "La tactique du rideau de fumée". "Les privilégiés, au piquet !" sera le mot d’ordre absolu du règne de Sarkozy. Naaannn... pas possib’, Sarkozy, il n’est pas comme ça. Mais alors pourquoi avoir attendu le 3 Janvier pour faire cette annonce inutile ? Parce que les inscriptions sur les listes électorales sont clauses... ? Allo ?

 "Atteindre 7,7 % rapidement" ? N’y voyez surtout pas un lien de cause à effet ! Quelques commentaires... Jacqueline Balsan, du Mouvement national des chômeurs et précaires : "Un photographe montpelliérain qu’on avait forcé à suivre une formation de monteur câbleur a été sanctionné pour refus d’un CDD de six mois dans ce créneau à Toulouse !". Sylvette Uzan-Chomat du bureau national du SNU, premier syndicat de l’ANPE : "en vingt ans d’expérience professionnelle, j’ai rarement rencontré des personnes qui refusent un emploi. Ceux qui préfèrent travailler au noir ne sont pas si nombreux. Cette mesure semble faite pour rendre responsable le chômeur de sa situation". Actu-Chômage : "Pour refuser un emploi, encore faudrait-il que l’ANPE en propose !". Marc Moreau d’"Agir contre le chômage" ironise : "On a vu que les radiations étaient une manière efficace de réduire statistiquement le chômage". Et le dernier en date à s’inviter à la fête, Bernard Van Craeynest, CFE-CGC (syndicat cadres) sur France-Infos : "On s’aperçoit que systématiquement on procède par la stigmatisation de différentes catégories sociales qui seraient à considérer comme des nantis qui se gobergent sur le dos de la société et de la collectivité (...) Aujourd’hui, ce sont les chômeurs et les demandeurs d’emploi qui seraient des profiteurs du système et vivraient sur le dos de la collectivité. Non, les choses ne sont pas aussi simples que cela, dans tout système il y a effectivement des abus et des excès mais cela constitue une infime minorité".

La menace de la sanction permet peut-être de réduire le nombre de chômeurs en les pressant d’accepter des offres qui ne leur conviennent pas. Ça permet aussi de faire plaisir au MEDEF, qui se frotte déjà les mains de voir les salaires à l’embauche baisser. Mais surtout, c’est la sanction en elle-même qui permet d’agir le plus efficacement, moins d’un chercheur d’emploi sur trois qui ne perçoit plus d’allocations chômage renonce à s’y inscrire. Y a-t-il plus efficace pour réduire les chiffres du chômage ?

 "Des chiffres non contestés". Ça laisse rêveur. Certes, la discussion prendrait des heures. Notons juste que les chiffres de l’INSEE depuis début 2007, donc avant l’élection présidentielle, étaient faux. L’INSEE l’a avoué à demi-mot. L’Union Européenne prenait carrément les chiffres réévalués, soit presque 1 point de plus ! Récemment, alors que les statisticiens de l’INSEE avaient l’occasion de tout remettre à plat, ils ont préféré modifier leur système de comptage des chômeurs, en même temps qu’ils magouillaient les chiffres officiels, et tout ça sans aucune mise au point officielle. Bref, il faut, en France, compter avec plus de 5 millions chômeurs "équivalent temps plein", soit presque 20% de la population active. D’où sortent ces chiffres fantaisistes ? De l’INSEE, en 2005. Pour plus d’informations, je vous redirige vers "Actu-Chômage" et "Les autres chiffres du chômage". Autant dire que Wauquiez a du travail pour se mettre à niveau...

Il est clair que Nicolas Sarkozy ne mise plus ni sur le "choc de confiance" tant vanté pendant la campagne présidentielle, ni sur les créations d’emplois, largement insuffisantes mais sur la répression, pour les chiffres, et la haine du chômeur, pour la campagne des municipales. Et le MEDEF applaudit des quatre fers... évidemment.

BONNE ANNÉE LES CHÔMEURS !!!

 http://lesmots.freelatitude.net/sar...
 http://www.w41k.com/13883

Messages

  •  le problème est qu’il n’y a pas de travail pour tous. Vouloir résoudre cela par la force est totalitaire.
     tout le monde n’est pas interchangeable ; on ne peut pas mettre n’importe qui à n’importe quel poste, sans risquer sa déprime ou son suicide.
     on ne preut pas déplacer les gens ou les envoyer très loin de chez eux
     Que les gens aient des raisons de choisir leur vie, doit être respecté car ils en seront toujours les meilleurs juges.
     Que la volonté de trouver du travail même quand c’est impossible ne soit pas mise en doute, serait un peu comme la moindre des politesses ; quoi qu’il faille respecter les choix de chacun sans faire l’erreur de les juger péremptoirement. Par exemple il y a des gens qui sont artixtes, danseurs, musiciens, artisans aec un savoir-faire, et il est légitime qu’ils ne veuillent pas gâcher leur entrâinement et leur savoir, leur créativité et leur vie en fait, en se retrouvant "aux fers".
    Ce doute de la volonté de trouver du travail est omniprésent dans tous les échanges avec les services sociaux. Le simple refus d’un rendez-vous autoritairement prit sans consentement, est aussi sanctionné.
     Et par contre comment ne pas condamner les très nombreuses sortes de discrimination à l’embauche ? N’est-ce jamais de la faute des employeurs s’il y a du chômage ? Pourquoi ceci est-il complètement absent des causes du chomage ?
     Qui ignore que la compétence n’est plus le seul critère d’embauche, mais qu’il faut aussi inclure la tendance à la soumission, les traits de caractère, l’identification personnelle de l’employeur, quelques listes noires secrètes, sans compter le racisme intellectuel ou physique ?
     Que dire des licenciements abusifs, qui est si usitée que devenue parfaitement habituelle ?

    D’après ma patiente analyse il semble que le travail qui consiste à administrer les emplois doit gagner en professionnalisme d’abord pour gagner en efficacité ensuite.
    Il semble assez ahurissant que l’ambiance de récession impose de faire des choix destructeurs, qui augmentent l’entropie.
    Les gens qui "agencent" l’emploi, ne sont-ils pas responsable de ne pas envoyer aux employeurs des travailleurs opprimés et spécifiquement incompétents ?
    Si c’est le cas, le but n’est-il pas au final de prouver l’innocuité du système social afin de le saborder par la suite ?
    Les gens de l’ANPE qui marcheront dans cette effraction morale, ne feront que de creuser leur futur licenciement en raison de l’horreur des résultats que cette politique va donner, et dont c’est le système social qui sera rendu responsable. 8119

    http://www.w41k.com/13883

  • Conseillère de l’ANPE depuis 1992, j’ai toujours connu la procédure de radiation à l’encontre de DE (demandeurs d’emploi) refusant un emploi "sans motif légitime". J’ai sous les yeux une mouture ancienne du code du travail (section III art L311-5) qui fait référence à une ordonnance de décembre 86 dans ce sens.

    Les imprécations de Sarkozy sont ignobles, car il laisse entendre que les DE refusent les offres à la pelle, et je rejoins tous les témoignages des chômeurs dénonçant l’indigence des offres proposées, tant en nombre qu’en "valabilité".

    En 2006, 2 % des radiations administratives ont concerné des refus d’emploi. Dans le même temps, plus de 95 % ont sanctionné des "absence à convocation", soit 1/2 million de radiés, en comptant les DOM et toutes les catégories de DE (merci le Suivi Mensuel Personnalisé !).

    Une pratique courante dans les ANPE consiste à radier pour refus d’emploi des DE ayant eu une MER (mise en relation sur une offre) dont on ne connait pas le résultat. Exemples :
     un DE que j’ai en suivi a reçu une MER sur une offre mentionnant "BTS souhaité". Ce jeune homme a un niveau BEP. Croyant à une erreur de l’ANPE, et peu désireux d’aller au casse-pipe, il n’a pas envoyé son CV. Résultat : procédure de radiation pour refus d’emploi.
     un autre DE mis en relation avec un employeur lui téléphone pour prendre rendez-vous. L’employeur lui dit que le poste est pourvu et ne note pas son nom. Quand l’agent ANPE fait le suivi de l’offre avec l’employeur, il passe en revue tous les DE mis en relation et quand l’employeur dit "non, celui-ci je ne l’ai pas vu, il n’a pas envoyé de CV", hop, radié pour refus d’emploi !

    Ceci dit, quand un DE est mis en relation sur une offre qu’il ne juge pas "acceptable", il peut toujours envoyer un CV à ch... et foirer volontairement l’entretien !

    Catherine C.

  • Ca fait déjà un bon moment que la guerre est déclarée et il serait peut-être temps de quitter nos positions défensives et d’arrêter de perdre notre temps à expliquer ce que nous savons depuis très longtemps comme si nous étions coupables,de quoi au fait, et que l’on doive se justifier. Ca commence vraiment à bien faire. Face à Bling Bling assez de bla bla. Il faut savoir aussi que selon tous ces néocons nous sommes trop nombreux (revoir à ce sujet l’interview d’Aaron Russo).Le moment est venu d’en prendre conscience et de sortir de nos réserves. Lul