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Henri Emmanuelli : Lettre aux parlementaires socialistes
Publie le jeudi 10 janvier 2008 par Open-Publishing5 commentaires
de Henri Emmanuelli
A quatre reprises, les socialistes se sont prononcés pour que l’adoption d’un traité européen impliquant des abandons de souveraineté se fasse exclusivement par voie référendaire : aux congrès de Dijon et du Mans, ainsi qu’à l’occasion des dernières élections présidentielles et législatives.
Ce faisant, ils restaient fidèles au principe fondamental de la souveraineté exclusive du peuple, qui fonde notre démocratie et régit notre constitution – principe auquel nos républiques et nos présidents successifs n’ont jamais dérogé jusqu’à ce jour.
Cette exigence référendaire reste officiellement la nôtre, d’autant plus forte que le peuple français s’est déjà prononcé sur le traité européen qu’il a rejeté sans ambiguïté.
Conscient des divisions douloureuses qui s’étaient exprimées dans nos rangs à l’occasion de la campagne sur le Traité constitutionnel européen et du désaveu qu’avait subi la majorité de notre parti, j’avais accepté, avec d’autres, la synthèse du Mans, pour que notre parti soit rassemblé à la veille de la présidentielle et moyennant l’engagement de rester ferme sur l’exigence d’une procédure référendaire en la matière. Après l’échec, et face à la malversation démocratique à laquelle s’apprêtait le nouveau Président de la République – piétiner par voie législative le suffrage des françaises et des français – j’avais accepté que nous recherchions une position commune. Cette mission a été confiée à Benoit Hamon qui s’y est attelé avec loyauté et sincérité pendant plusieurs mois.
Malgré toutes ces concessions, notre premier secrétaire a décidé seul, le 6 novembre dernier, de faire voter à nouveau le Bureau National du parti sur le pseudo mini-traité, qui n’est en réalité que la copie conforme du précédent, expurgé des symboles fédéraux qui ne posaient aucun problème aux fédéralistes que nous sommes.
Ce vote du Bureau National n’a rien réglé. Non seulement il a mis en évidence nos divisions qui restent fortes, mais il a de surcroît ouvert la porte à toutes les ambiguïtés et à toutes les manoeuvres sur la position réelle qu’adopteront les socialistes.
Il n’y a, en réalité, qu’une seule solution juridique pour que notre exigence référendaire officiellement proclamée aboutisse, pour que nous restions fidèles a nos engagements devant les françaises et les français, pour que la souveraineté populaire ne soit pas bafouée : c’est de s’opposer à la révision constitutionnelle préalable qui doit avoir lieu à Versailles le 4 février. Si elle n’obtient pas l’acquiescement de 3/5èmes des parlementaires présents, le Président de la République sera contraint d’en appeler au référendum.
Toute autre solution est factice, pour ne pas dire plus.
C’est pour cette raison que j’irai à Versailles et que je voterai contre, afin que les françaises et les français ne se voient pas privés de leur droit de choisir : je n’ai pas été élu par le peuple pour le priver de sa souveraineté.
Je suis persuadé qu’une très grande partie de nos concitoyens, notamment ceux qui ont voté Non, y seront sensibles et en tiendront compte lors des prochaines échéances.
Pour en avoir parlé avec beaucoup d’entre vous, je sais aussi que je ne serai pas seul, que vous êtes nombreux à penser que dans la période difficile que nous traversons, l’heure n’est plus aux renoncements, aux habiletés, à la confusion voire à la duplicité.
C’est pourquoi je propose que toutes celles et ceux qui partagent ce point de vue se réunissent la semaine prochaine [...] pour envisager les modalités de notre action et la faire connaître. En effet, le temps presse. Dès le 15 janvier débutera la discussion à l’Assemblée et un vote aura lieu, avant la tenue du congrès de Versailles. Les mauvais coups se font toujours dans une précipitation feinte...
J’aurais, évidemment, préféré ne pas avoir à prendre cette initiative. Mais on ne nous laisse pas le choix.
Avec l’espoir de te retrouver [...], reçois, chère camarade, cher camarade, l’expression de ma cordiale sympathie.
Henri Emmanuelli
NB : Ne pas aller à Versailles, c’est faire, de facto, le jeu du Président de la République (seuls les présents sont comptabilisés). Voter le texte du groupe communiste exigeant un référendum – comme l’a décidé notre groupe – et ne pas aller à Versailles est totalement incohérent et ne trompera personne.
Messages
1. Henri Emmanuelli : Lettre aux parlementaires socialistes, 10 janvier 2008, 19:25
http://www.tousaversaillesle4fevrier2008.fr/
Michèle
2. Henri Emmanuelli : Lettre aux parlementaires socialistes, 11 janvier 2008, 21:12
Ca commence à bouger on dirait du côté de ce qui reste à gauche au PS. Tant mieux. Rien n’est perdu.
Mine de rien cette initiative autoritaire et invalidant l’engagement du PS, de la part de Ayrault relayé par Hollande, est identique dans la forme au diktat délivré par Sarko. Comme quoi on se rejoint dans les zélites, dans le fond, comme dans la forme. Hyper grave. Les français ne disent pas grand-chose pour l’heure, mais ça va bouillonner dans les têtes, Tout ça va s’amalgamer dans un refus qui va surgir, n’en doutons pas, car il s’aditionne avec cette politique anti-sociale qu’impose le locataire de l’Elysée.
Le silence et la balance sont trop forts vers le passage en force contre la citoyenneté. M’étonnerait pas que ça bouge tout d’un coup, un raz-de-marée comme en 2005. Faut récolter des signatures, écrire aux élus sur le site du CNR, interpeller les journalistes. Tout est bon.
Soleil Sombre
1. Henri Emmanuelli : Lettre aux parlementaires socialistes, 12 janvier 2008, 10:14
Tout à fait d’accord !
Ecrire à chaque parlementaire PS individuellement pour lui demander solennellement de voter contre la révision de la Constitution le 4 février 2008.
Ecrire individuellement aux élus PS dont les croquignolettes lettres de réponse sont publièes sur le site pour leur dire ce que l’on pense de leur comportement au regard de la démocratie dans le parti et dans le pays.
http://www.nousvoulonsunreferendum.eu/
Françoise
3. Henri Emmanuelli : Lettre aux parlementaires socialistes, 12 janvier 2008, 14:02
Nous aussi nous pouvons écrire aux parlementaires du PS par le biais site du Conseil National pour un Référendum qui est est un merveilleux outil pour cela notamment.
http://www.nousvoulonsunreferendum.eu/
Framboise
1. Henri Emmanuelli : Lettre aux parlementaires socialistes, 12 janvier 2008, 22:28
Enfin une position claire et cohérente avec un engagement passé.
Ne pas aller à Versailles et ne pas voter , c’est cautionner un hold up de la démocratie ; la souveraineté populaire détenue temporairement par les parlementaires sera donc confisquée. S’absenter , c’est trahir ses mandants. C’est une forfaiture.
Flamby est vraiment gélatineux.