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Elargir le champ de la lutte des classes : migrants et salariés contre le capital

Publie le vendredi 11 janvier 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

ELARGIR LE CHAMP DE LA LUTTE DE CLASSE :

LES MIGRANT(E)S ET LES SALARIE(E)S ENSEMBLE CONTRE LE CAPITAL*

Contribution au congrès du MRAP de janvier 2008*

Même si l’ancrage du MRAP dans la sphère altermondialiste a modifié la donne, il aisé de remarquer que l’on n’évoque qu’épisodiquement chez nous la « lutte des classes » car nous somme un mouvement citoyen et laïque. Nous défendons les droits humains et le droit des peuples. D’ailleurs pour certains parmi nous les classes n’existent plus, les luttes sont fragmentées et le mouvement ouvrier une vielle histoire.

I - LE MRAP ET LA LUTTE DE CLASSE DU CAPITAL

Pourtant nous mettons tous et toutes les méfaits de la mondialisation néolibérale tant au Sud qu’au Nord sur le compte des grandes entreprises (que certains nomme firmes multinationales et d’autres transnationales), sur le rôle joué par les grandes institutions internationales (FMI, BM notamment) et les gouvernements des Etats les plus puissants et en premier lieu les Etats-Unis d’Amérique. Nous critiquons avec ATTAC le rôle régressif au plan social et écologique de la finance mondialisée, de la marchandisation généralisée, de l’appropriation privée des moyens de production et d’échange, le démantèlement de la forme « Etat social » dans les pays les plus avancés. Finalement, - pour ne pas être long - c’est bien le capital sous ses différentes formes (financier, productif, marchand) qui est à l’offensive depuis plusieurs années contre les peuples. A l’intensification repérée dans le temps s’ajoute l’extension dans l’espace . Le capital se déploie quasiment partout sur la planète, surtout le capital financier. Avec son extension il amène évidemment les rapports sociaux qui lui sont consubstantiels : pas de capital sans travailleurs salariés subordonnés à ses ordres pour générer les profits exigés. Dans ce processus des paysans deviennent travailleurs salariés dans les grandes métropoles comme dans les petites villes. Cette logique d’exploitation de la force de travail ne frappe pas aussi durement tous les salariés mais remarquons aussi qu’elle ne s’arrête pas aux salariés dans la mesure ou d’autres catégories sociales – paysans et autres indépendants notamment – qui sans être à proprement parler « exploitées » se trouvent néanmoins soumises à sa logique « impériale » par des moyens assez complexes que je n’aborde pas ici. Pour aller plus loin que ces quelques lignes je renvoie aux analyses du Conseil scientifique d’ATTAC mais aussi au groupe « migrations » qui lui est lié. Avant d’aller plus loin il me faut signaler une étude de Michel HUSSON qui montre que dans quasiment tous les pays le taux d’exploitation des travailleurs salariés a augmenté.

II - LE CAPITAL S’ATTAQUE AUSSI AUX MIGRANT(E)S

Le terme migrant recouvre certes plusieurs catégories que vous connaissez bien allant de l’immigration « de travail » essentiellement masculine à l’immigration « familiale ». On distingue aussi l’immigration « politique » des individus qui fuient car ils craignent pour leur vies de l’immigration « économique » de celles et ceux qui aspirent à une vie moins misérable. De façon directe (immigration de travail) ou indirecte (immigration familiale, sans papiers), de façon ponctuelle ou durable la grande majorité des migrants affrontent tant dans le pays d’origine que dans le pays d’accueil des conditions de travail souvent plus difficiles que les autres salariés. Dés lors pourquoi ne pas intégrer les migrants dans la lutte des salariés pour de meilleures condition de travail et de vie (logement, santé, éducation, etc…) ?

III – VAINCRE LES OBSTACLES A L’UNITE D’UN COMBAT COMMUN SALARIE(E) ET MIGRANT(E)S)

Il est bon d’avoir en tête ici une partie du : « Débat : altermondialisme, internationalisme, immigration, République et laïcité KHALFA Pierre LAURENT Matthieu, TEPER Bernard « (sur le site ESSF) 20 décembre 2006

A) NOTRE REPUBLIQUE ET LA LEUR.

Pour une partie du mouvement altermondialiste, dont Bernard TEPER est la figure la plus incisive, la lutte en défense des « sans papiers » nous éloignerait du cœur des combats à mener. Il conviendrait de se recentrer sur le cœur de mission du prolétariat : reconquérir la République sociale et laïque. Pourquoi pas la République socialiste et laïque plutôt que la République sociale et laïque ou la VI République ? Mais laissons cette question pour l’instant. Car même pour une République sociale - ie offrant le plus haut niveau de citoyenneté et de garanties sociales compatibles avec le capitalisme - les migrants durablement installés sur le territoire doivent pouvoir faire cause commune avec les salariés et leurs organisations.

A chaque fois que c’est possible il faudrait, ne serait-ce que dans le langage, éviter la division de « l’humanité combattante » (salariés nationaux et surnuméraires du sud) contre le dit capital. Camarades, le mouvement féministe nous incite toujours et encore à ne pas oublier de féminiser le vocabulaire. Eh bien je pense très souvent que le vocabulaire antiraciste ne devrait pas oublier d’ajouter des précisions telles que « résidents » ou « français ou non », « européen ou non » en fonction de la situation et à chaque fois que c’est possible.

La République est un thème avancé de façon progressiste face aux royalistes (jadis) et aux autres anti-républicains (aujourd’hui) mais aussi un thème réactionnaire qui vise à restaurer une république unie sinon mythique camouflant les conflits de classes et les autres conflits. Ce thème est réapparu avec force en France il y a un peu plus de 20 ans au moment de l’invention de l’Etat de droit chez les juristes constitutionnalistes. Il en est ainsi de « Notre République » parue en 1985 dans la revue Enjeu. L’ Etat républicain cherche depuis au travers de la mobilisation des idéaux républicains à réhabiliter le sens de l’intérêt général national, de l’unité de la nation. Dans le même temps la forme de l’Etat changeait : nous sommes passés de l’Etat libéral social construit après 1945 à l’Etat libéral policier.**

B) SALARIES ET MIGRANTS CONTRE NATION ET ENTREPRISE !

Luttes sociales d’en-bas contre mobilisation derrière le chef !

http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=58716

*Nicolas Sarkozy, PDG de l’Entreprise France, a appelé à une "nation rassemblée derrière ses entreprises"(1).

Si la démocratie libérale ne peut perdurer que sous couvert d’une certaine hypocrisie (2) alors Sarkozy modifie la donne. Certes certains, peu d’élus, entreprirent de dire la vérité - désagréable - aux français mais avec moins de succès ! A un moment donné il est difficile de cacher pour qui on travaille ! Reste que le plus souvent les Présidents affichaient la défense du peuple dans les discours et les promesses mais assuraient la défense des puissants dans les lois et en coulisse. D’autres le font. A droite comme à gauche c’est un exercice convenu que de s’adonner aux discours variables en fonction de l’auditoire . A quelques exception près, Sarkozy serait donc le premier Président a dire la vérité.

1 - LES ENTREPRISES A LA PLACE DES ARMEES !

Le peuple ayant disparu des discours de la gauche tout comme les rapports sociaux de production que l’on nomme capitalistes ont été remplacés par l’entreprise dans les années 1980 il n’est guère étonnant qu’un Président de la République fasse appel à la Nation. Ordinairement le rassemblement de la Nation se fait derrière les armées. Ici ce sont les entreprises qui tiennent le drapeau.

C’est clair, Sarkozy défend l’entreprise. Il défend l’entreprise comme il aime s’afficher avec les riches c’est à dire par en haut : tous derrière le patronat. Les bons travailleurs doivent courber l’échine et travailler plus sans gagner plus. Car l’entreprise française doit être plus performante. La concurrence éliminera les faibles. C’est ainsi avec la mondialisation ! Mais là, quand c’est l’entreprise qui est en faillite, alors c’est ceux d’en bas, les salariés, qui subiront les restructurations par éjection élimination.

Si la Nation doit se rassembler c’est derrière l’Entreprise. Fétichisme oblige, mettez la majuscule à Nation et à Entreprise car l’une et l’autre sont des entités qui représentent beaucoup plus que leurs éléments internes. Pourtant les dits éléments ne sont rien moins que des humains. Il n’ont pourtant qu’à s’agenouiller .

2 - SALARIES ET MIGRANTS : DEUX GUERRES DIFFERENTES !

La Nation sarkozienne est plus que jamais une entité très englobante très unifiante du capital comme du travail mais surtout pas des migrants. Les migrants eux doivent être chassés. Le discours de la mobilisation s’adresse au peuple et plus précisément aux salariés, du privé et du public, de l’employé de base jusqu’au cadre supérieur . La mobilisation des travailleurs salariés est aussi une guerre mais différente, inclusive dans le verbe . Ce discours de guerre est un discours de mobilisation qui n’est pas mené contre eux comme la guerre de Hortefeux contre les migrants. Certes il s’agit de travailler plus longtemps et plus intensément et même - comble du cynisme - pour gagner moins ! Mais c’est pour la bonne cause. C’est pour gagner la "guerre économique" Finalement derrière le fétiche de l’Entreprise et la Nation il y a une réalité : la "guerre économique" qui serait tout à la fois une guerre entre les entreprises et entre les nations.

3 - DEUX GUERRES, DEUX CODES A REFONDRE !

Pour mener cette double guerre - qui n’en forme qu’une seule qui profite au capital - Monsieur Sarkozy s’est employé à défaire deux codes : celui de l’ordonnance de 1945 sur l’entrée et le séjour des étranger et le droit d’asile afin de le plier à l’utilitarisme migratoire et le code du travail. Si les juristes attribuaient majoritairement une nature contradictoire à ce code mi-protecteur des travailleurs salariés et mi-protecteur de la liberté d’entreprendre alors il semble bien que désormais l’on doive évoquer un droit capitaliste du travail. La forme contractuelle doit être souple pour favoriser la marchandisation de la force de travail (embauche/licenciement) et l’exploitation de la force de travail pendant le contrat. . Le contrat de subordination doit permettre une plus grande soumission du travailleur.

La discipline dans l’usine comme à l’école ou dans les quartiers dit "sensibles" devient un telle nécessité que la prochaine étape n’est rien d’autrre que la suppression des syndicats de classe ou/et leur domestication sous forme de syndicats "libres" dont on connait la couleur. Les exigences toujours plus fotes de soumission aux impératifs de rentabilité du capital vont venir contrecarrer les révoltes à venir, révoltes non contrôlées par les syndicats, il faudra alors encore réduire le droit de grève ! En ce cas Sarkozy et son régime politique ressemblera à celui de Salazar au Portugal, de Franco en Espagne, des colonnels en Grèce et de Pétain sous la France de Vichy. Ici mon propos rejoint celui de Badiou (3 ) qui déjà voit des parentés avec le pétainisme.

4 - LA NATION NE PROTEGE PLUS !
PAS PLUS LES SALARIES QUE LES MIGRANTS !.

Il est urgent de défaire la vision du monde de Sarkozy. Un texte à paraitre (4) de Michel HUSSON indique que le taux d’exploitation augmente dans tous les pays corrélativement à la montée des profits d’entreprises. Les entreprises et les nations font le jeu du capital et n’opère pas la redistribution des richesses. La solidarité s’impose pour éviter le pire : "Travailleur de tous les pays unissons-nous !" Ce n’est pas un slogan d’un naif croyant que rien à changer depuis le XIX ème siècle. Non, c’est que le capitalisme néolibéral tend à ressembler sans fard à son propre "concept" (Husson) sous l’effet d’une mondialisation capitaliste qui étend les rapports de production capitaliste sur la planète en même temps qu’elle les intensifie.

 Pour conclure,

Il faut combatte la Nation et l’Entreprise comme le Marché, à qui les libéraux, socio-libéraux et sociaux-démocrates mettent aussi une majuscule ainsi que l’a écrit si bien Jean ROUSSIE (5). Le marché sert à la "guerre économique" via la concurrence sans frein. L’Entreprise ne concerne les salariés que pour la servitude ou l’exclusion car elle fonctionne essentiellement au service du capital. Pourtant le capital a besoin du travail mais du travail compétent, du travail performant et surtout pleinement soumis à sa logique. Mais conservons un double BEMOL :

 Pourtant la NATION (6) sans majuscule mystificatrice peut et doit pouvoir servir de cadre de juste répartition des services publics, de cadre aux nationalisations, de cadre à la planification postcapitaliste.

 Pourtant le MARCHE n’est pas à abolir mais il faut réduire nettement sa place et ce n’est pas l’économie sociale et solidaire qui va accomplir cette tâche

Arrêtons la "guerre économique" : Répondre à la la luttes de classe du capital par la lutte de classe du "monde du travail" migrants compris c’est aller vers une société pacifiée. C’est sans doute aller vers le socialisme la régulation n’est pas concevable.

Christian DELARUE

Secrétaire national du MRAP
Membre du BE et du CA du MRAP
Représentant élu à ATTAC France

NOTES :

1 Cf Sarkozy ou la dictature du capital

http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=51998

2 Démocratie libérale et hypocrisie :une combinaison nécessaire

http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article1339

3 Vive Le Feu ! : "Badiou Compte Encore Parmi Ce Qu’Il Nous Reste De Plus Lucide"

http://vivelefeu.blog.20minutes.fr/archive/2007/12/22/badiou-compte-encore-parmi-ce-qu-il-nous-reste-de-plus-luci.html

4 La hausse tendancielle du taux d’exploitation
Michel Husson,
à paraître dans Inprecor, janvier 2008
http://hussonet.free.fr/parvainp.pdf

La caractéristique principale du capitalisme mondialisé depuis le début des années 1980 est la
baisse de la part salariale, autrement dit de la part du Pib (Produit intérieur brut) qui revient aux
salariés. Une telle tendance équivaut, en termes marxistes, à une élévation du taux
d’exploitation. Il s’agit là d’un résultat solidement établi sur des données statistiques
incontestables et qui s’applique à la majorité des pays, au Nord comme au Sud.

http://hussonet.free.fr/parvainp.pdf

5 Le marché comme horizon indépassable ? Jean ROUSSIE

http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=58698#forum211313

6 ELEMENTS SUR L’ALTER-REPUBLIQUE (Christian Delarue ATTAC)

http://www.prs12.com/article.php3?id_article=3774

I - LA SEPARATION DES POUVOIRS : EN PRENDRE ET EN LAISSER !
II - DE LA NECESSITE DE SORTIR DE LA CONCEPTION DE L’ETAT-NATION

Messages

  • La caractéristique principale du capitalisme mondialisé depuis le début des années 1980 est la baisse de la part salariale, autrement dit de la part du Pib (Produit intérieur brut) qui revient aux salariés. Une telle tendance équivaut, en termes marxistes, à une élévation du taux d’exploitation. Il s’agit là d’un résultat solidement établi sur des données statistiques incontestables et qui s’applique à la majorité des pays, au Nord comme au Sud.

    Ce constat etant fait, comment gagner et transformer le rapport de force mondial :

    GREVE GENERALE MONDIALE ou a defaut EUROPEENNE pour des hausses salariales egales pour tous ,pour un salaire minimum mondial ;
    et un revenu garanti mondial !!!

    La credibilité est a ce prix !!!

  • Naples, le 09 Janvier 2008, Place Plébiscito…

    Le texte qui suit est la transcription li-tté-ra-le de l’intervention faite par Oreste Scalzone sur la Place Plébiscito à la fin de la manifestation* du 09 Janvier organisée par « Réseau Tocsin Santé-Environnement », dont l’âme et l’épine dorsale sont les camarades de l’Espace Antagoniste, Ska et Officina 99.

    <Camarades,

    (…) le droit à une vie digne d’être vécue dont on parlé les protagonistes de cette lutte, les gens de cette ville de Naples, qui est aussi capable de donner lieu à des places immenses, magnifiques comme celle-là, une ville dont nous voyons** encore les vestiges des murs grecs…
    Et bien le système en place, l’État réellement existant, la démocratie instituée, la légalité réelle telles qu’elles commandent les Carabiniers et les policiers, s’est présentée hier avec les visages masqués de ceux qui ne savent pas faire autre chose qu’envoyer des avertissements camorristes et mafieux. Hier, au Conseil municipal de Pianura, quelqu’un comme moi s’est senti bien ingénu après cinquante ans de militantisme, parce que je ne voulais pas croire que Dimanche, qu’au cours d’une émission de télévision, entre ballets et paillettes, la Droite –Gasparri et d’autres- ait réclamé un dictateur, les pleins pouvoirs de super commissaire spécialissime à Gianni De Gennaro, et je ne voulais pas croire que 15 heures plus tard, le gouvernement allait transformer cela en un décret.
    Gianni De Gennaro, ce Paganini incarné du centrisme bi-partisan -dont je ne sais rien, ni comme personne, ni en intentions, sinon qu’il se prend pour Dieu, à ce que je puis en lire – qui a été perçu et a été représenté pour des milliers de jeunes comme un tueur d’État, comme le serviteur du patron en visite, est celui qui à Naples, au Printemps 2001 a déchaîné la police contre des adolescents et porte les taches du sang de Carlo Giuliani sur les mains.
    Mais le pire a été d’avoir eu cette idée perverse de décider d’envoyer un signal digne des pires mafieux et camorristes pour signifier qu’on avait fini de jouer, qu’on allait maintenant passer comme les tanks à Tien-An-Men sur le corps de ce type à chemise blanche qui se mettait devant, car on allait voir ce qu’était l’État, et l’État c’est nous, l’ État est un État qui et un État que…
    On dit qu’ici il ya La Camorra, certes, mais cela veut-il dire que l’économie d’ici est camorriste, que les bancs sont camorristes, que les politicards sont camorristes, là ce sont la politique, l’économie, la Justice qui le sont, et qu’ailleurs elles peuvent être fascistes, colonialistes, libérales, staliniennes, et qu’ici elles sont camorristes, comme sont camorristes le Capital, les capitalistes, car il n’y a pas un Capital bien intentionné, une légalité pure et puis les Camorristes.
    Je crois que nous devons réfléchir, depuis qu’ils ont décidé de faire l’unique chose qu’ils savent faire, peut-être en s’imaginant que cela allait être notre Chant du Cygne, et en se disant
    nous allons nous déranger et vous en faire voir, nous allons violer la population de Pianura…
    J’ai une idée et je vous la livre maintenant, que ceux-ci ont espéré de se présenter comme les illuminés, comme les Lumières napolitaines de 1799, et nous présenter nous dans le rôle des sanfedistes, la populace, la lie, vous voyez, Bassolino a soudoyé Luigia Sanfelice, puis Eléonora Pimentel Fonseca…
    Ils croient que ça marche comme ça…
    Moi, je ne pèse rien dans ce jeu de dupes là, je suis un camarade qui pourtant a confiance au point de ne pas cacher mes affinités, j’ai confiance dans mes amis de l’Espace Tocsin Antagoniste, j’ai confiance dans le Réseau Tocsin Santé-Environnement, j’ai confiance dans les gens qui se mettent en mouvement et je souhaite qu’on se dise, comme dans la chanson de Brecht, qu’on décrète : premier point qui doit décider, les gens doivent décider parce que les gens, dans leur vitalité désespérée, ont une puissance de vie qui se voit transformée en capacité de gouverner son propre destin, de décider.
    Il n’est pas vrai que nous soyions des superstitieux apeurés qui disent non à tout, et nous devons créer un réseau de comités, et puis une table-ronde où faire venir des intelligences aussi techniques, il nous faut sortir le cadastre et les plans d’occupation des sols, indiquer les solutions d’urgence et provisoires, trouver des sites, au lieu de subir ceux qui choisissent de se préparer à dire nous faisons comme bon nous semble et si nous voulons vous faire violence, nous viendrons… S’ils font ainsi, c’est qu’ils ont la Force, mais pas la Raison.
    Nous devons dire et dirons d’abord, et je me permets de dire, ceci aussi en votre nom, si vous me le laissez dire, qu’il n’est pas vrai qu’il y ait une alternative : ou la dure nécessité, le moins pire de leur projet ou le chaos.
    Non, nous nous disons : nous ne tiendrons aucun compte de vous ; vous êtes désormais comme morts, et c’est nous désormais qui allons décider. C »est une insurrection sans armes.
    Nous pourrons vous dire : maintenant arrêtez et au travail, vous recrutez 1000 personnes, on déblaye jour et nuit et on fait la différence, mais nous nous disons qu’on ne leur demande plus rien, on ne s’en occupe plus, pour nous ils sont comme des morts, parce qu’ils portent la mort.
    Nous sommes en mesure d’exprimer une volonté, de choisir avec intelligence, de présenter un plan, nous vous l’avons dit, nous sommes entrain de vous le dire, si vous y re-venez c’est que vous serez désormais une dérive des pires, d’un absurde tel qu’il prétend gouverner le monde, criminel et criminogène ; et puis seulement punitif, vous êtes des toxicomanes de la mort et nous sommes une puissance de vie.>

    Traduit de l’Italien par Sedira Boudjemaa, artiste-peintre,
    Nîmes, le Samedi 12.01.08. ; 11h00A.M.

    Notes :
    *la préfecture de Naples a compté 6000 manifestants. On multiplie par 2 ou 3 cette estimation et nous disons qu’il y avait au moins 12 000 personnes.
    **Des camarades de Naples : c’est le déroulé tel quel d’un discours « hurlé à l’improviste »… Proust disait que le parler et l’écrit était deux langues distinctes…(…/…)
    Du traducteur : Daï, Oreste, questo discorso comincia come : « Al di sopra quelle piramide, 40 secoli vi miranno » … Adesso vuoli fare « Il Re Di Napoli », o che… ?