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M. Hollande, victime de la "désobéissance civile"

Publie le jeudi 17 janvier 2008 par Open-Publishing

de Jean-Michel Normand

Version optimiste : les soubresauts qui ont mis à l’épreuve les parlementaires socialistes sur la révision de la Constitution préalable à l’adoption du traité de Lisbonne sont une queue de comète. Le modus vivendi conclu mardi 15 janvier mettrait un point final aux interminables luttes fratricides qui se sont succédé depuis 2005 et l’échec du traité constitutionnel européen. "La querelle s’éteindra lorsque son objet n’aura plus lieu d’être. C’est-à-dire lorsque le traité sera ratifié", soit dans trois semaines, assure François Hollande.

Version pessimiste : cette prise de position sinusoïdale (abstention sur la révision constitutionnelle, approbation du traité mais liberté de vote accordée aux parlementaires) confirme que le PS risque, s’il poursuit dans cette voie, de se transformer en un astre mort. "Le parti traverse une grave crise morale à cause d’une génération de dirigeants incapables de privilégier l’intérêt collectif", s’indigne le "rénovateur" Gaëtan Gorce, alors que le fabiusien Philippe Martin s’inquiète de voir prospérer - non sans y mettre "une part d’autocritique" - des formes "de désobéissance civile".

Les temps sont durs pour la direction du PS, contrainte de faire machine arrière après le tollé provoqué par l’appel au boycott du congrès, confrontée à un appareil qui n’hésite pas à s’affranchir des votes et à une expression publique du PS qui tourne à la foire d’empoigne. Mardi, Razzye Hammadi, secrétaire national "à la riposte", a jeté un froid en réclamant la mise en congé de François Rebsamen, numéro deux du PS, qui a inclus des centristes dans sa liste municipale à Dijon avec la bénédiction de la Rue de Solférino.

Alors que les candidats à sa succession se multiplient et que Ségolène Royal est repartie en campagne, le premier secrétaire est particulièrement exposé. "Pas de confiance en François Hollande et pas de travail du parti, cela donne une crise de gouvernance", assure le strauss-kahnien Jean-Marie Le Guen. "François ne dit jamais la même chose à deux personnes et il a toujours vingt fers au feu", soupire un autre dirigeant.

Certains se demandent même si François Hollande tiendra jusqu’au congrès, attendu fin 2008. L’intéressé, qui compte sur le résultat des municipales pour reprendre la main, ne donne aucun signe de lassitude. Il admet cependant, avec ce que l’on devine être une pointe d’agacement, qu’il "faut changer certains comportements, dans le sens du respect de chacun". Marie-Noëlle Lienemann, adversaire affichée du premier secrétaire, ne le voit pas jeter l’éponge. "François Hollande est insubmersible. D’ailleurs, il n’existe aujourd’hui aucune solution alternative."

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