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Congrès de Versailles : le PS choisit de ne pas choisir

Publie le jeudi 17 janvier 2008 par Open-Publishing
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de François-Xavier Bourmaud

Les socialistes tentent une difficile sortie de crise sur la ratification du traité de Lisbonne.

Bonne nouvelle pour le PS : les députés socialistes ont trouvé la porte de sortie de crise sur le traité européen simplifié. Mauvaise nouvelle : pas grand monde n’a l’air décidé à l’emprunter. Hier, après avoir multiplié dans la matinée les réunions à l’Assemblée pour tenter de démêler les fils, ils ont finalement décidé de se rendre au Congrès du Parlement à Versailles… pour s’abstenir.

« J’ai bien vu que ma proposition de boycott n’était pas majoritaire et consensuelle », a reconnu Jean-Marc Ayrault, patron des députés socialistes, à l’issue d’une réunion de groupe. « Mon souci, c’était à la fois la cohérence du Parti socialiste et aussi sa cohésion. Nous avons réussi dans le débat de ce matin à dépassionner nos échanges », a-t-il assuré.

Quasiment dans le même temps, Jack Lang racontait dans les couloirs de l’Assemblée qu’il irait voter « deux fois oui » et Henri Emmanuelli expliquait de son côté qu’il se rendrait à Versailles « pour voter non ». Après une réunion avec les tenants du non, le député des Landes fustigeait au passage la position du PS qui « laisse les mains libres à Nicolas Sarkozy ». Partisan d’un référendum de ratification, Emmanuelli l’assure : « Le seul moyen d’obliger le président de la République à organiser un référendum, c’est de voter non à Versailles. »

Un argument également soutenu par la gauche du « non », qui se réunissait elle aussi hier à l’Assemblée. La secrétaire nationale du PCF Marie-George Buffet, le sénateur PS Jean-Luc Mélenchon, l’ancien ministre socialiste Paul Quilès et le porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire Alain Krivine ont invoqué « l’exigence démocratique » et « le peuple souverain » pour demander un référendum.

Ce n’est en tout cas plus par la voie parlementaire qu’ils pourront l’obtenir, puisqu’alors même qu’ils s’expliquaient dans un bureau de l’Assemblée, les députés rejetaient dans l’Hémicycle une proposition de loi communiste visant à consulter directement les Français sur le traité de Lisbonne après leur rejet de la Constitution européenne en 2005. Le rejet de la proposition communiste 176 voix contre, 140 pour redoublait alors leur ardeur à demander aux députés « nonistes » de se rendre à Versailles pour voter non.

« Spectacle de la division »

« Certains pensent que si on rejetait la modification constitutionnelle, cela provoquerait un référendum. C’est inexact. Cela provoquerait une crise profonde qui ne déboucherait sur rien », a tranché Jean-Marc Ayrault. Fortement critiqué au sein du PS pour avoir proposé la semaine dernière de boycotter le Congrès de Versailles, il a redit que son groupe déposerait une motion référendaire le 6 février prochain, lorsque l’Assemblée se prononcera sur l’adoption du traité. « C’est la majorité UMP qui prendra la responsabilité de ne pas consulter à nouveau le peuple français par référendum », a-t-il assuré.

Cette nouvelle crise qui agite le PS n’est pas vraiment surprenante. François Hollande s’est d’ailleurs interrogé sur RTL : « Comment exprimer notre volonté de ratifier le traité et en même temps notre opposition à la méthode choisie ? »

L’abstention est-elle une meilleure solution que le boycott ? Après tout, peu importe. Il s’agit surtout pour le PS de tourner au plus vite la page sur un sujet offrant un angle d’attaque idéal à la majorité (lire ci-dessous). « On est à deux mois des municipales et on va proposer ce spectacle qui est le spectacle de la division », a déploré sur i-Télé le député européen Benoît Hamon, ancien « noniste ». Même tonalité pour Ségolène Royal qui, en soutenant le traité, a dit hier à Strasbourg vouloir « rapidement dépasser cette phase ».

Au PS, on essaye de se rassurer sur l’impact des divisions affichées au grand jour. Un cadre l’assure : « Sur le terrain, les gens nous parlent beaucoup plus pouvoir d’achat que traité de Lisbonne. »

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