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La procédure d’extradition de Battisti débute au Brésil

Publie le jeudi 24 janvier 2008 par Open-Publishing
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Affaire Cesare Battisti, signez la pétition de soutien

de Hubert Artus

L’Italie réclame toujours l’ex-activiste d’extrême gauche devenu auteur de polars, détenu depuis la fin de sa cavale en mars.

Cette photo de Cesare Battisti à l’audience est la première que l’on voit depuis celle de son arrestation au Brésil. Elle signifie, pour l’ancien réfugié italien en France, le début du -possiblement long- processus qui décidera de son extradition du Brésil vers l’Italie. Qui le réclame depuis plus de vingt ans, et à qui la France avait décidé de le livrer en 2004.

C’est surtout la première photo que l’on voit depuis sa grève de la faim, menée dans sa cellule de Rio pour protester contre le refus des autorités de le transférer. Car depuis son arrestation sur le front de mer de Copacabana le 18 mars, l’Italien s’est souvent plaint de conditions de son incarcération.

La procédure d’extradition de Cesare Battisti a donc commencé le 18 janvier, avec une première audience devant une instance non décisionnaire, confrontant les défenseurs des deux parties, et devant établir le procès verbal de l’interrogatoire. Ce dernier doit ensuite être transmis au Tribunal suprême brésilien.

Si les avocats de Cesare Battisti étaient présents, les avocats de la partie italienne ne l’étaient pas. Il faut dire que, depuis la démission fracassante du ministre italien Clemente Mastella, le gouvernement Prodi a d’autres priorités. Il devrait néanmoins déposer le mémoire de demande d’extradition avant la fin de la semaine. Après quoi le Tribunal suprême entrera en délibération, pour une période qui peut aller de deux semaines à six mois.

Battisti avait bénéficié de la "doctrine Mitterrand"

Réfugié durant une quinzaine d’années en France, l’ex-activiste du mouvement des Prolétaires armés pour le communisme (PAC) était entré dans la clandestinité le 21 août 2004 pour éviter l’extradition vers son pays.
Il y avait été condamné par contumace en 1993 à la perpétuité pour quatre "homicides aggravés" commis en 1978 et 1979 -les années de plomb-, qu’il a toujours niés.

Réfugié en France, puis au Mexique, puis de nouveau en France depuis les années 90, Cesare Battisti avait, comme l’y obligeait la "doctrine Mitterrand" de 1985, rompu avec l’activisme armé et entamé une carrière d’écrivain de romans policiers. Il était aussi le concierge de son immeuble parisien, pour arrondir les fins de mois et subvenir aux besoins de ses deux filles.

En 2002, Dominique Perben accepte d’extrader les anciens militants

Jusqu’en 2002 et l’extradition de Paolo Persichetti, cette "parole donnée" par l’Etat français, pourtant régulièrement tancé par l’Italie qui réclame depuis longtemps nombres les anciens militants d’extrême-gauche, avait été respectée. Mais en août de cette année-là, le garde des Sceaux Dominique Perben donne Persichetti à Berlusconi, en se déclarant "solidaire" de Roberto Castelli, haut responsable de la très xénophobe Ligue du Nord et alors ministre de la Justice transalpin.

En mars 2004, l’Italie réclame Battisti, que la justice française avait déclaré par deux fois inexpulsable depuis son arrivée sur le territoire. Sur la base de "nouveaux éléments" transmis par le parquet italien, la justice française change finalement d’avis et déclare l’Italien extradable.

Ses défenseurs saisissent alors la Cour européenne des droits de l’homme, réputée très peu favorable à Berlusconi. La Cour n’aura pas le temps de donner son avis : en août 2004, Battisti se soustrait à son contrôle judiciaire et entre à nouveau dans la clandestinité.

La plus grande partie de la classe politique italienne veut voir Battisti en prison

En mars, donc, fin de cavale au Brésil, à la suite d’une injonction d’Interpol. Et nouvelle menace sérieuse : il existe en effet des accords d’extradition entre le Brésil et l’Italie. Et Romani Prodi, comme la quasi-totalité de la classe politique italienne, est un farouche adversaire des anciens activistes. Il est opposé à tout "indulto". Voir Battisti en prison (extradé, l’Italien n’aurait, selon la loi italienne, pas droit à un nouveau procès, et finirai ses jours en détention) est pour lui une priorité.

Mais le Brésil a, lui aussi, accueilli de nombreux anciens militants d’extrême-gauche italiens. Pour son avocat, Me Turcon, "désormais, les Brésiliens vont devoir décider si la procédure de contumace italienne est en harmonie avec la loi brésilienne, ce qui permettrait l’extradition".

Battisti était en tout cas condamné à attendre en prison l’issue de la procédure d’extradition."Ma cavale", son dernier ouvrage en France (co-éd. Grasset-Rivages - 2006) est paru au Brésil en décembre.

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Messages

  • J’ai trouvé que Cesare étati tout simplement beau de calme et de détermination attentive, sur cette photo, et il est vrai qu’elle est recadrée car ses poignets présentent des menottes, qu’il porte avec indifférence, comme les autres en liberté portent des bracelets freakish (des menottes virtuelles, peut-être ?)... Et soudain, à le voir vêtu de ce polo rouge dans un tribunal, l’été austral, je me suis dit que c’était toute la dignité et la légitimité de nos combats populaires qu’il arborait calmement sur ses épaules, avec l’élégance d’un prince.