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Nouveau parti, c’est maintenant !

Publie le samedi 2 février 2008 par Open-Publishing
11 commentaires

Par Olivier Besancenot

Face à une droite et à un Medef musclés, nous avons besoin d’une opposition claire et déterminée. Une opposition dans les luttes et les mobilisations, qui seules empêcheront Sarkozy de « reformater la société française ». Mais nous voulons aussi une gauche qui ne lâche rien, qui n’a pas renoncé à une transformation révolutionnaire de la société. Or, nous constatons que la gauche institutionnelle est incapable de s’opposer au pouvoir. Pas parce qu’elle manquerait de chefs, serait sonnée par la défaite, mais pour des raisons de fond. Le PS est converti en profondeur au libéralisme. Un exemple : le pouvoir d’achat. Pour l’augmenter, c’est normalement simple : exiger l’augmentation des salaires. D’ailleurs, Sarkozy l’a bien compris, pour lui même… Mais des salaires en hausse, c’est des profits en moins... Ce qui est insupportable pour tous les convertis de droite et de gauche à l’acceptation des règles de compétition dans la globalisation capitaliste. C’est cette conversion, accélérée par les multiples passages du PS au pouvoir, qui explique les ralliements : DSK au FMI, les commissions Attali, Lang ou Rocard et la participation de socialistes au gouvernement de Fillon... Ce mouvement vers la droite entraîne une grande partie de la gauche non socialiste mais qui a besoin du PS pour survivre dans le cadre institutionnel actuel. Les Verts et le PCF ne peuvent pas incarner une alternative au social-libéralisme alors même qu’ils s’allient systématiquement au PS pour gérer ensemble des collectivités locales... qui privatisent des services publics !

Et pourtant, dans ce pays, on continue à résister. Des dizaines de milliers d’hommes et de femmes sont disponibles : des jeunes, d’ex-militants de partis politiques écoeurés par l’orientation de la direction de leur ancien parti, des animateurs du mouvement syndical dans les entreprises, des féministes de toutes générations, des antilibéraux qui ne veulent pas dissoudre leurs convictions dans l’alliance avec le social-libéralisme... Sans oublier celles et ceux pour qui, dans toute la diversité de la société française, ce sera le premier engagement.

À tous ceux là, nous proposons de nous unir dans un nouveau parti. Un parti des luttes, pour la rupture avec le capitalisme, pour inventer le socialisme du XXIe siècle, qui sera ancré dans le monde du travail. Un parti qui mêlera l’anticapitalisme, le combat écologique, la lutte pour toutes les émancipations, à commencer par celle des femmes, et qui veut rassembler le meilleur des traditions du mouvement ouvrier sans imposer une histoire, celle du trotskysme, comme marque de fabrique de ce nouveau parti. La LCR vient de décider, à son congrès, de se lancer dans un processus constituant qui implique la dissolution de la LCR. C’est dire notre engagement. Nous aurions pu nous contenter, après le succès de la campagne présidentielle, de gérer notre organisation. Nous avons pris nos responsabilités et nous avons décidé de proposer un parti plus large. On nous demande souvent : mais avec qui vous allez faire ce parti ? Eh bien, avec celles et ceux qui veulent s’engager parce qu’ils sentent l’urgence d’un nouveau parti. Qui peut contester la crise de représentation politique ? Pas étonnant alors qu’il faille un mouvement d’en bas pour bousculer la donne. Y compris à la gauche de la gauche. Mais que l’on se comprenne bien, nous n’avons pas renoncé à interpeller et à engager dans notre démarche des courants nationaux qui partageraient notre projet. C’est vrai, par exemple, de Lutte Ouvrière, des libertaires, des communistes ou des antilibéraux.

À partir de l’adresse de notre congrès ou d’appels locaux, nous vous proposons de nous réunir dans des comités locaux pour agir et discuter ensemble des bases de ce nouveau parti. En s’appuyant sur la campagne municipale qui est le premier moment de discussion politique qui vient. Nous proposons également que ces comités se fixent comme objectif de se réunir nationalement en juin. Pour que soit désigné un comité de pilotage pluraliste et représentatif du mouvement en constitution, qui élaborera des textes de constitution du nouveau parti, afin qu’un congrès fondateur puisse se réunir en fin d’année. Tout ce qui fait la vie d’une force collective militante comme décider de son nom. Ainsi, pourquoi pas des conférences nationales thématiques rassemblant les jeunes, les salariés et les habitants des cités et des quartiers pour également préparer et nourrir ce nouveau parti ? Parallèlement, il s’agira de prendre toutes les initiatives pour oeuvrer à un tel rassemblement en Europe, dans le monde, car à l’heure de la mondialisation, l’internationalisme est plus que jamais à l’ordre du jour. Donc, du pain sur la planche, mais nous n’y arriverons que si nous nous y mettons tous ensemble.

Rouge n° 2237, 31/01/2008

Messages

  • Pistes pour le changement de société :

    Toutes les analyses restent au niveau du point de vue du capital,il serait bon de voir l’autre versant et les pistes d’emancipation potentielles possibles.

    Jusqu’au années 30,Le capital realisait la plus value lors de la production, aujourd’hui il a etendu son extraction a la production comme a la consommation, une nouvelle totalité qui lui permet paradoxalement de s’extraire des contraintes du marché, de la vente et de la crise de surproduction : sa nouvelle logique dominante ; gaspillage maximum y compris humain.

    Une illustration parmi d’autres : la domination bancaire a commençée lors de la mise en place de l’obligation faite a chaque salarié d’avoir un compte en banque sur lequel il fut tenu deposer son salaire obligatoirement payé par cheque ou virement.

    Le salariat devint de fait captif par la mensualisation et l’avance de sa force de travail faite au capital. Le credit devint alors une pratique de masse "naturelle"et la banque l’ecole obligée.

    Un salaire de 1000€ deposé, ouvrait un credit possible pour la banque de 9 000€ (effet de levier,ratio Cock 8%),la banque creait ainsi un capital de 9000 € ,gratuitement grace au travail du proletaire, en prets,en credits,qui ouvraient de nouveaux credits,etc.

    La creation monetaire propriété exclusive des banques privées n’est que la consequence de leur domination sur le salariat.Elle devint hegemonique et se multiplia dans tous les produits derivés ces 10 dernieres années.

    Ce mecanisme est a la racine de la financiarisation et de la crise actuelle.

    Son extention effrenée n’est que sa logique reelle exprimée par “ils sont devenus fous”.

    Le capital peut se permettre le luxe inoui pour nous, de perdre en apparence du capital ,il s’en fout un peu,ce ne sont que des faux-frais, puisque immediatement le proces de reproduction lui offre gratuitement un nouveau capital a travers la collecte salariale comme les echanges captifs ,chaque mois il remplit la caisse !!!

    Au niveau global il y a seulement redistribution du profit speculatif et pas destruction ,seul le salariat et la société trinquent .Les projections de maisons saisies aux USA pour 2008 : 10 millions.

    Les “seuls” a y voir un inconvenient sont les actionnaires individuels qui voient fondre leurs dividendes,et l’Etat ses impots, jusqu’au jour ou il sera obligé de fermer la caisse vidée par la panique des proletaires venus retirer leurs especes derisoires devaluées par l’ampleur de l’inflation.

    Un nouvel espace d’echappement collectif au salariat semble possible lors d’une phase ulterieure mais rapide,comme reponse obligée non pas ideologique mais de survie collective mondiale ,basée sur le revenu garanti,les monnaies fondantes alternatives non speculatives,et la cooperation.

    Le boycott du credit de gré ou de force peut alors devenir une pratique de masse,precedant ou accompagnant ce nouvel espace en gestation . L’effondrement du dollar entrainant l’effondrement social aux USA et ailleurs n’est plus a excure.

    Une piste parmi d’autres :

    Secrets d’argent, intérêts et inflation

    Par Rudo de Ruijter, Chercheur indépendant Pays-Bas

    http://www.courtfool.info/fr_Secrets_d_argent_interets_et_inflation.htm

    • Nous ne pouvons revenir au tout-monétaire.

      Mais il manque une réglementation qui limiterait les revenus des actionnaires et qui les imposerait.

      Et aussi une réglementation générale sur les fonctions des banques.

      Enfin il faut des revenus corrects pour tous, le fameux "pouvoir d’achat" tellement concret qu’il "échappe aux dirigeants et aux parlementaires".

      Le pouvoir d’achat doit impérativement faire face aux prix alimentaires, de vêtements et de logements, il doit aussi tenir compte des besoins éducatifs et culturels.

      Co6

  • Bravo Olivier c’est courageux et tourné vers l’avenir.
    J’étais en stand by du point de vue organisationnel depuis de nombreuses années. Cela me donne envie de repartir.
    Marre des clivages uniquement tournés vers le passé et de fait tournant le dos à l’avenir. Marre de prendre des coups en raison de nos divisions.
    Certes tenir compte de l’Histoire et de ses leçons est une évidence. Pourquoi pas un laboratoire commun pour cela ?
    Tellement de choses nous réunissent.
    Alors prenons le pari de nous retrousser les manches ensemble ?
    Trouver un chemin qui ne soit pas un modèle léniniste d’une avant garde ayant "la connaissance" mais un large basé sur la richesse de ses composantes ce qui devrait attirer beaucoup de monde.
    Alors chiche ! Ne laissons pas la droite récupérer honteusement en les pillant et détournant les luttes menées par les progressistes ces dernières années :
    Remise en cause des acquis sociaux, détournement du féminisme, antiracisme j’en passe.
    Sur le terrain nous bossons déjà tous ensemble. Alors ? Il est urgent de monter une organisation anticapitaliste et démocratique, ça urge.
    "Nous disposons avec l’imagination d’une facilité qui nous permet de saisir intuitivement l’être vivant des choses" dixit Marcel Gauchet
    jedisnon 33

    • Nous attendons tes propositions, Grand Maître Léo... On peut penser ce qu’on veut de l’initiative prise par les camarades de la Ligue. Et personnellement elle me pose pas mal de questions (et, pour en avoir un certain nombre autour de moi, elle en pose beaucoup aux camarades de la la LCR), mais au moins, eux, ils ont le mérite et le courage de proposer quelques chose, de tenter, d’essayer de foutre un coup de pied dans le ronron actuel. Peut être que c’est du vent. Peut être qu’ils vont se planter. Mais ça vaut toujours mieux que de s’étriper pour des strapontins bien au chaud dans les conseils municipaux...

      iskra

    • C’est du vent de A à Z

      Léo

      Oui, Léo, et j’espère que ce vent permettra de balayer le vieux monde, d’imaginer un socialisme du 21ème siècle, écosocialisme, et de nous en approcher...

      Chico

  • Dissoudre la LCR, ça ne devrait pas poser beaucoup de pb ; construire un parti qui soit autre chose que la LCR, c’est un autre pb, surtout que OB pose les jalons...aux mêmes limites qu’avant ! N’importe quel géomètre vous dira que le terrain couvert sera le même ! En fait la LCR va changer de nom. Un travail sur le flacon qui ne trompera que ceux qui ne connaissait pas l’ivresse d’avant. Un différence quand même : moins de trotkisme et plus du tout de marxisme, en clair, la porte de droite.

    CN46400

    • construire un parti qui soit autre chose que la LCR, c’est un autre pb, surtout que OB pose les jalons...aux mêmes limites qu’avant !

      Précise ta pensée : quelles sont les jalons qui te gênent ? L’indépendance par rapport au PS ? Le fait de définir ce parti comme anticapitaliste ? De le vouloir démocratique comme la ligue (droit de tendance) ? De le vouloir écologiste et féministe ?

      Je lis beaucoup de "crtiques" générales, relevant plus d’une sorte d’inimitié tripale que d’une argumentation et une divergence effective...

      Je conçois tout à fait qu’on soit sur une autre stratégie, comme la direction du PCF (et de nombreux militants communistes que je côtoie), qui pense qu’une rupture avec le PS serait au bout du compte négative pour notre cause commune. L’Histoire jugera.

      Mais j’ai du mal à comprendre et à ne pas trouver sectaires ceux qui n’ont pas de désaccords particuliers ni sur l’orientation politique ni sur la stratégie et qui néanmoins tapent sur cette initiative... Les raisons d’espérer sont-elles si nombreuses qu’on puisse se payer ce luxe ?

      Chico

    • quelles sont les jalons

      Désolé !
      Quels sont les jalons....

      Chico

    • Précise ta pensée : quelles sont les jalons qui te gênent ? L’indépendance par rapport au PS ? Le fait de définir ce parti comme anticapitaliste ? De le vouloir démocratique comme la ligue (droit de tendance) ? De le vouloir écologiste et féministe ?

      Posons la question à l’envers : si le "nouveau parti anticapitaliste" (NPA pour faire court) est prévu pour attirer des gens que la LCR n’attirait, pas, il est pertinent de se demander quelles seront les différences entre le NPA et la LCR. Et que peut-on constater :

       Le NPA refusera l’alliance avec le PS : exactement comme la LCR
       Le NPA sera anticapitaliste : exactement comme la LCR
       Le NPA sera "démocatique comme la ligue (droit de tendance) : exactement comme la LCR
       Le NPA sera "écologiste et féministe" : exactement comme la LCR

      Alors, quelle est la différence entre le NPA et la ligue, à part la disparition du père Trotsky, une concession somme toute symbolique vu l’oubli ou sont tombées les idées du père de la IVème internationale ?

      De toute évidence, l’anticapitalisme, l’écologisme, le féminisme et le refus d’alliance avec le PS façon LCR ne suffisent pas à attirer plus que 4% de l’électorat (et encore, sans la médiatisation de Besancenot, même pas...). Si l’on veut rassembler au délà, faudra bien se poser d’autres questions, et trouver d’autres réponses.

    • En fait le but de la manip est de faire sauter le mot "communiste" de l’intitulé, on connait, un bon tiers du CN du Pcf est aussi sur cette longueur d’onde. Et à la LCR comme au PC, on n’ose pas le dire alors qu’il suffirait de demander la recette à LO !

      CN46400