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Pitoyables gesticulations

Publie le dimanche 3 février 2008 par Open-Publishing
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de Petaramesh

Dans le cadre du pélerinage révolutionnaire que Ma Sainteté effectue à la capitale en compagnie de belles personnes, nous nous rendîmes hier quelques instants en grand équipage (méthode sarkozyque : on arrive, on dit bonjour, on regarde et on s’en va ;-) au "grand mitinge" toupourri organisé par le CNR et qui fut décidé postérieurement à notre appel citoyen à manifester le 4 à Versailles, les quelques têtes plus ou moins connues de la gôôôche et appareils politiques divers se gardant bien d’apporter leur soutien à une initiative portée par de vulgaires gueux et ne leur laissant pas la primeur des micros. et des sourires aux caméras, sans compter qu’il ne serait pas politiquement opportun de flétrir trop fort et trop publiquement les Shadoks Jaunes abstentionnistes de refus de sauvetage de démocratie, à quelques semaines de municipales et de cantonales où nombre de Shadoks Rouges (pâle) auront grandement besoin de leurs voix.

Craignant donc comme la peste de soutenir le mouvement du 4 dont ils n’auraient ni le contrôle ni la tête d’affiche, redoutant comme le choléra de devoir dire du mal des Shadoks Jaunes, et dans les rets des influences et manoeuvres d’appareils, les partis de la gôôôôche rouge virant nettement au rose avec des barbelés dedans[1] décidèrent comme un seul homme de torpiller la manif’ du 4 (demain) en s’abstenant bien fort de la soutenir publiquement et de communiquer largement à son propos, ou en ne communiquant que très tardivement et en débranchant le micro, ce qui revient au même tout en permettant de soutenir qu’on a soutenu, si vous voyez ce que je veux dire...

Il restait donc à ces braves gens à trouver un moyen de faire semblant de faire quelque chose tout en ne faisant rien, à donner le change avant tout pour leurs propres ouailles et militants, et éventuellement pour une ou deux caméras qui pourraient sait-on jamais passer par là. Organiser, donc, une opération de communication interne.

La solution fut simple : Plutôt que de manifester tous ensemble au grand jour de manière unitaire à Versailles le 4, là où les choses se passent, le jour où elles se passent, avec ceux qui s’y opposent, organisons plutôt un "Grand Mitinge" dans un gymnase paumé porte d’Ivry le 2, en s’assurant bien que ça ne se verra pas trop.

Pour montrer au militants et peuplades habituelles de la tournée de mitinges que leurs Chefs en avaient de grosses et défendaient la République avec un courage et une détermination sans faille.

À l’affiche prévue initialement, le beau linge unitaire habituel en grand comité : Clémentine Autain, Francine Bavay, Olivier Besancenot, José Bové, Marie-George Buffet, Bernard Cassen, Jean-Pierre Chevènement, Eric Coquerel, Annick Coupé, Marc Dolez, Gérard Filoche, Jean-Marie Harribey, Allette Laguiller, Gus Massiah, Caroline Mecary, Jean-Luc Mélenchon, Jean-François Pélissier, Evelyne Perrin, Paul Quilès, Jean-Marie Roux, Yves Salesse, Daniel Shapira, Jean Voirin, Francis Wurtz.

(Tout les "prévus" ou pressentis n’ont cependant pas participé : il semble que José n’était pas là, pour Clémentine je crois que non plus mais sans en être sûr, pour d’autres j’ai des doutes, nous avons vu Mélenchon et quelques autres dont des nonistes "européens" importés d’Amsterdam et autres contrées lointaines...)

Nous y rendant nous mêmes en milieu d’après-midi pour nous rendre compte de visu de ce grand succès de la Révolution en marche, nous eûmes pour commencer le plus grand mal à trouver l’endroit où se tenait cet immense mitinge qui fera si bel effet dans les compte-rendus internes des luttes.

À la sortie du métro rien. Pas une signalisation, personne en train de tracter, aucune foule compacte se dirigeant vers Le Lieu. Nous commencions donc à nous demander si nous étions vraiment le bon jour au bon endroit. Après nous être enquis auprès de quelques indigènes de la présence de gymnases dans le secteur, nous finîmes par repérer un édifice présentant des caractéristiques extérieures compatibles avec cet usage, et nous y dirigeâmes sans faiblir.

Devant : Rien. Pas une banderole, pas un calicot, pas le moindre attroupement. Pas un seul panonceau indicateur, enfin, si, pour indiquer la section "golf" et les courts de tennis.

Nous ne désespérâmes cependant point et contournâmes l’édifice principal, pour découvrir que c’était finalement bien là, mais que l’entrée de cet évènement de portée internationale se faisait par l’arrière du gymnase, devant les courts de tennis, et que le petit attroupement de quelques personnes qui se tenait devant était parfaitement invisible depuis la rue.

Nous entrâmes.

Les choses étaient bien faites : Tribune, gradins, stands. Dans un espace pas trop grand, savamment rendu plus petit par une judicieuse disposition de tribune, gradins, tentures et stands selon la bonne vieille règle voulant que si on veut que ça ait l’air bien plein, mieux vaut que ce soit suffisamment petit ;-)

Dedans, certes, il y avait du monde, disons probablement à peu près autant que pour un meeting de José Bové à Décines en campagne présidentielle.

Ce qui, pour un Grand Mitinge Unitaire organisé dans la capitale de la France pour sauver la République, et auquel appelaient tous les partis et organisations de Shadoks Rouges de différentes nuances et coloris, faisait un peu léger tout de même.

Ambiance de militants rodés et blanchis sous le harnois, dont nombre avaient du obtenir une permission de sortie exceptionnelle de leur maison de retraite, on voit que beaucoup se connaissent et sont coutumiers de ce genre d’exercice.

Tribune, orateurs, applaudissements. Un caméscope "interne" pour immortaliser la chose.

Dans les divers stands, quelques tracts appelant à la manif du 4... Qui distribués dans ce contexte ne risquent guère d’attirer des foules innombrables.

Sensation plutôt déprimante.

Après avoir serré quelques mains, on a fait basket pour aller se faire pendre ailleurs, autour d’une bonne bière.

Hier soir, les infos que nous n’avons pas regardées ont certainement davantage parlé du mariage du Chanoine...

Nous savons désormais sans l’ombre d’un doute ce que nous savions déjà précédemment sans l’ombre d’un doute : La manif, la vraie, c’est demain, lundi 4, à Versailles. Et elle n’appartiendra qu’aux citoyens et sans culottes qui y seront.

Comme on aurait du mal à faire pire et plus invisible, elle ne pourra être qu’un immense succès !

Viendez tous !
Notes

[1] Cherchez pas, si vous n’avez pas vu, vous ne pouvez pas comprendre ;-)

http://petaramesh.org/