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Les socialistes pas fâchés de se débarrasser du traité de Lisbonne

Publie le mardi 5 février 2008 par Open-Publishing
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Europe. Les parlementaires réunis en congrès ont adopté la révision constitutionnelle.

de DAVID REVAULT D’ALLONNES

En finir. Au plus vite. Telle semblait être la seule position partagée par les socialistes, hier au congrès de Versailles. Trois ans après les déchirements du référendum sur le traité constitutionnel, les parlementaires PS ont comme prévu atterri sur trois choix différents : le refus, l’abstention et l’approbation de la révision constitutionnelle (préalable à la ratification du traité de Lisbonne), adoptée sans surprise par 560 voix contre 181 et 152 abstentions.

Soulagement. Mais l’essentiel, au fond, était ailleurs. « Aujourd’hui, on solde l’affaire, se réjouissait François Hollande. Les socialistes ont quand même envie d’en sortir. Même ceux qui votent non. » Ceux-ci ont pourtant fait entendre leur voix. Pas moins de 121 parlementaires PS se sont prononcés contre la révision, et 32 pour. Alors que la direction préconisait l’abstention, tout en laissant à chacun - fait rarissime - la liberté de vote, celle-ci a été le fait, à l’arrivée, de 143 élus. Issue surprenante quoique logique, comme le résumait Annick Lepetit, députée de Paris : « Même en faisant des efforts pour arriver à une position commune, on n’y arrive pas… »

Illustration dans les couloirs, où Jack Lang, qui vote oui, et récidivera en fin de semaine à l’Assemblée nationale pour la ratification, s’interroge : « Je n’arrive pas à comprendre comment le lundi, on s’abstient, alors qu’on vote oui le jeudi. Où est la cohérence ? » Arnaud Montebourg, lui, en cherche une, qui confirme qu’il votera non « par fidélité aux engagements pris ». Pas un mot, en revanche, sur la position du PS : « Aucun commentaire. Voyez Pierre Moscovici, c’est lui l’orateur... » C’est en effet le député du Doubs, secrétaire du parti pour l’international, qui s’y colle. Au grand soulagement de certains : « On laisse Mosco se griller, et on passe cette séquence au plus vite. »

Un empressement ouvertement assumé, que ne manque pas d’exploiter la droite, Jean-François Copé, patron des députés UMP, en tête : « Les socialistes ont largement participé au débat européen. Les voir arriver aujourd’hui en ordre dispersé, je trouve ça dommage. Ce n’est pas à la hauteur de ce moment... »

Restent les défenseurs du non « canal historique » qui jouent le baroud d’honneur. Henri Emmanuelli, amer : « François Hollande a manqué de sang-froid. Il a été obligé de courir derrière le oui pour ne pas se laisser distancer. » Echarpe tricolore en poche - il vient de participer à la manifestation qui a rassemblé un millier de personnes devant le château avec José Bové, Olivier Besancenot et le PCF -, Jean-Luc Mélenchon, lyrique : « C’est un jour triste. C’est une honte. » Le fabiusien Philippe Martin, ironique : « Il faudrait externaliser cette question, qu’on ne peut pas traiter nous-mêmes, à un cabinet privé... »

A la tribune, François Fillon en personne a résumé le piège tendu aux socialistes : « Voulez-vous relancer l’Europe ou préférez-vous son enlisement ? » Après que François Sauvadet (Nouveau Centre) a estimé que l’« attitude d’abstention n’est pas responsable », c’est au tour du communiste Alain Bocquet de les attaquer par l’aile gauche : « Vous dites être favorable à un référendum ? C’est le moment de le montrer ! »

Murmures. Arrivé avec un quart d’heure de retard, François Hollande se plonge dans la lecture d’un quotidien. Envoie un texto. Discute avec Robert Hue, son voisin (députés et sénateurs sont rangés par ordre alphabétique). Le patron du PS ne lèvera la tête que pour écouter Pierre Moscovici expliquer, sous quelques murmures de réprobation venus de la gauche et les applaudissements de Patrick Devedjian, secrétaire général de l’UMP : « C’est une étape qui retient l’attention, mais en même temps elle est surtout technique. » Jean-François Copé lui succède, qui, à son endroit, « mesure combien l’équilibrisme reste un sport difficile ».

Le radical de gauche Jean-Michel Baylet monte à la tribune, et la salle se vide doucement. Dans les couloirs, Henri Emmanuelli fond sur Pierre Moscovici : « Je ne t’ai pas écouté, mais il paraît que tu as été mauvais ! » « Technique », corrige l’intéressé, qui résume : « J’étais sur un fil. J’ai donc voulu m’en tenir à une démonstration. A partir du moment où nous ne sommes pas d’accord, il ne faut pas être masochiste... »

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