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Le PS reste divisé sur la ratification du traité européen

Publie le mardi 5 février 2008 par Open-Publishing

Le Congrès a entériné à Versailles la révision constitutionnelle préalable à la ratification du traité.

La révision constitutionnelle préalable à la ratification du traité européen de Lisbonne a été entérinée lundi 4 février par le Congrès réuni à Versailles. L’adoption définitive du texte requerrait la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés, à savoir 445 voix sur 741.

Or, la révision a été approuvée par 560 voix contre 181. Sur les 907 parlementaires inscrits (un poste de sénateur vacant), 893 ont participé au vote. 152 parlementaires se sont donc abstenus, dont une majorité de socialistes.

Le Premier ministre qui a ouvert le débat vers 16 heures leur a lancé : "voulez-vous réellement relancer l’Europe ou préférez-vous son enlisement ?". Ce vote "n’est pas seulement pour la France et pour l’Europe", mais "distingue les acteurs des spectateurs de l’histoire".

“Sarkozy se croit au-dessus de la souveraineté du peuple“

Le député communiste Alain Bocquet avait demandé aux socialistes de voter contre, un appel peu suivi. "Nous ne voulons pas faire obstacle à un traité que nous soutenons tout en ayant connaissance de ses insuffisances", a déclaré Pierre Moscovici au nom des députés PS. Par cette abstention, "la majorité des socialistes souhaite affirmer son regret que le président de la République se soit dérobé à la voie référendaire".
Certains socialistes, anciens "nonistes" pour la plupart, ont cependant voté contre "par fidélité aux engagements pris et à la nécessité du référendum", a expliqué Laurent Fabius. "De Gaulle, Pompidou, Chirac, Mitterrand ont fait des référendums. Il n’y a que Nicolas Sarkozy qui se croit au-dessus de la souveraineté du peuple français", a renchéri Henri Emmanuelli.
Des centaines d’opposants au traité de Lisbonne se sont réunis devant le château de Versailles à l’appel du comité national pour le référendum, Olivier Besancenot et José Bové en tête. Les souverainistes de "Debout la République" ont manifesté séparément.

Il faut trancher, selon Royal

Ségolène Royal, en déplacement aux Etats-Unis, à la prestigieuse université d’Harvard, a elle dénoncé "les dissensions" des membres de son parti. Interrogée sur la question européenne par des étudiants tirés au sort, Ségolène Royal a dénoncé l’affrontement que se livrent les socialistes sans même prendre le temps de la concertation. "Aujourd’hui, c’est assez douloureux pour les socialistes d’assister de nouveau à ces tensions alors qu’il y a tellement à faire", a-t-elle souligné, citant notamment la question du pouvoir d’achat.

"Il va falloir lors des prochaines échéances statutaires du parti trancher une bonne fois pour toute la question de l’Europe. Moi je défendrai l’idée de l’Europe, je suis très européenne mais pas pour n’importe quelle Europe. Une Europe par la preuve, une Europe qui prend a bras le corps les problèmes politiques posées", a ajouté celle qui a manifesté récemment sa volonté de briguer la tête du parti.

Abstention des socialistes

Les députés avaient adopté cette modification le 16 janvier dernier par 304 voix contre 77, l’UMP et le Nouveau centre ayant voté pour, et le PCF contre. Les socialistes s’étaient majoritairement abstenus. Mais une partie du groupe PS avait voté contre pour contester la décision du président Nicolas Sarkozy de passer par la voie parlementaire pour ratifier le nouveau traité.

Le Sénat l’a lui adoptée le 30 janvier, et dans les mêmes termes que l’Assemblée nationale, avec 210 voix pour, 48 contre et 62 abstentions.

Tout en reconnaissant que "les avancées du traité sont importantes", le groupe socialiste au Sénat n’avait pas voté la révision constitutionnelle. Les communistes avaient, eux, voté contre.

La révision constitutionnelle est la première étape vers la ratification par la France du traité signé par les Vingt-sept à Lisbonne le 13 décembre dernier.

La France prend la présidence de l’UE le 1er juillet

Le traité de Lisbonne lui-même sera ratifié par l’Assemblée nationale et le Sénat dans les jours qui suivront, à savoir le 7 février, avant la suspension le 9 février des travaux du Parlement pour les élections municipales.
Nicolas Sarkozy souhaite que la France, qui prendra le 1er juillet la présidence tournante de l’Union européenne, soit l’un des premiers Etats-membres à ratifier ce traité, qui doit sortir l’UE de l’impasse créée par les "non" français et néerlandais au traité constitutionnel.

Elle devrait être le quatrième pays de l’UE à le ratifier, après la Hongrie, la Slovénie et Malte.

http://www.challenges.fr/20080205.C...