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Un mariage pour faire oublier l’Europe

Publie le mercredi 6 février 2008 par Open-Publishing
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Pour la Tageszeitung, Nicolas Sarkozy instrumentalise sa vie privée. Et son mariage a fait oublier aux Français que, le 4 février, le Parlement ressuscitait une Constitution européenne pourtant rejetée par le peuple français.

Nicolas Sarkozy s’est marié pour la troisième fois samedi 2 février. Et alors ? Un président a bien le droit de divorcer, de faire des rencontres, d’avoir une vie de famille. Mais ce qui fait du mariage de Sarkozy un évènement digne de l’intérêt public, c’est le marié lui-même. Car le président français n’hésite pas à mettre en scène sa vie privée pour l’intégrer à sa carrière politique.

De ce point de vue, les dates choisies pour révéler trois de ces derniers épisodes privés sont tout à fait révélatrices.

En octobre dernier, alors qu’il est confronté à une première grève nationale massive contre sa politique sociale, Sarkozy annonce son divorce. Plus tard, en décembre, le président choisit le jour de la visite hautement controversée du dictateur Kadhafi à Paris, pour rendre publique sa relation avec Carla Bruni.

Enfin, le week-end précédant la réunion en congrès des parlementaires à Versailles – pour "corriger" le non français à la Constitution européenne –, le président se marie.

Il s’agit clairement de manœuvres de diversion.

Dans tous les cas, Sarkozy sait que sa vie privée fera les gros titres des magazines et reléguera tous les autres sujets au second plan.

Reste que ce genre d’expédients ne marche qu’un temps.

En apparence, les Français n’ont montré que peu d’intérêt pour le nouveau traité simplifié. Mais, au fond, c’est un sentiment d’amertume qui domine, l’impression que "ceux d’en haut" à Paris, Bruxelles ou Berlin font ce qu’ils veulent, envers et contre tout.

Le 29 mai 2005, les Français ont rejeté un traité constitutionnel. Le 4 février 2008, leurs représentants auront préparé le terrain pour l’adoption d’un nouveau traité européen, qui n’a de nouveau à peu près que le nom. Et voilà comment une Assemblée et un Sénat réunis en Congrès désavouent leur propre peuple.

Deux ans et demi après l’élan qui avait vu les Français s’emparer du débat européen comme jamais depuis le Traité de Rome, c’est un coup dur. La vie privée du président Sarkozy connaîtra bientôt de nouvelles turbulences, mais la frustration populaire à propos du nouveau traité européen ne disparaîtra pas et devrait même s’accroître. Elle viendra nourrir la méfiance du peuple envers les élites et ne fera qu’éroder un peu plus la confiance en l’Union européenne.
Dorothea Hahn
Die Tageszeitung

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