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Brésil : Lula critique le MST

Publie le mardi 27 avril 2004 par Open-Publishing

Vague de protestation au Brésil Inquiétude de Lula face aux revendications
sociales. Il a demandé aux mouvements sociaux d’agir avec responsabilité.

Au milieu d’une avalanche de manifestations, protestations et de grèves,
le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, a exhorté hier les
organisations sociales comme le Mouvement des Travailleurs Sans Terres
(MST) à "agir avec responsabilité". Les promesses électorales, a dit lula,
"seront accomplies de la manière la plus pacifique possible". Ce pays a
des lois et des règles. Et elles valent autant pour le président de la
République que pour les Sans Terres et les "avec terres". Selon le
président brésilien, "ceux qui veulent faire des manifestations peuvent en
faire parce que c’est un pays libre.

Ce qui n’est pas possible, c’est
perdre le sens de la responsabilité". Il se référait à la vague
d’invasions sans contrôle promue par les dirigeants paysans. Et il a
avertit : "Si ils veulent aller aux extrèmes, qu’ils sachent que cela ne
va pas les aider. Je fus dirigeant syndical, je suis souvent allé aux
extrèmes et d’autres fois j’ai eu du bon sens. De toutes les fois où j’ai
eu du sens commun, j’ai gagné. Et toutes les fois où a prévalu
l’extrémisme, j’ai perdu. Si je peux donner une recommendation à mes
camarades du mouvement syndical, c’est celle ci : gissez avec la plus
grande responsabilité possible, parce que nous serons tous victimes de nos
paroles". Le message de Lula a visé directement le coeur des mouvements
syndicaux et de lutte pour la réforme agraire, d’anciens secteurs alignés
avec le Parti des Travailleurs et avec Lula lui même, qui aujourd’hui sont
les protagonistes des plus importants foyers de protestation contre le
gouvernement.

Entre janvier 2003 et mars 2004, on a enregistré 278
invasions de terres, nombre qui dépasse le total des invasions réalisées
sous les gouvernements précédents. Le dirigeant du MST, Joao Pedro Stédile
a promi au gouvernement un "enfer" durant le mois d’avril. Hier, le MST a
envahi la propriété rurale de l’entrepreneur Klabin, dans l’Etat de Santa
Catarina, appartenant à la famille du président de la Fédération
Industrielle de San Paulo, Horacio Lafer Piva. Hier également, des
familles de "sans toit" ont procédé à des invasions à San Paulo. Cinq
propriétés, y compris une prison de la Police Militaire abandonnée, furent
occupées. L’expulsion a provoqué des affrontements avec la police. La
Coordination Nationale des Employés Publiques Fédéraux a annoncé hier une
grève à durée indétermnée à partir du 10 mai. Les dirigeants syndicaux
demandent une augmentation de 50 %. Le ton de Lula a laissé un espace pour
une trève.

"Personne dans l’histoire du Brésil ne va triter les
fonctionnaires mieux que moi. Pour cela ils doivent comprendre que je les
considère comme je considère mes enfants. Je ne donne pas à mes enfants
tout ce qu’ils veulent, je leur donne seuleument ce que je peux leur
donner. Et je ne m’endette pas pour faire un cadeau à un enfant pour
ensuite ne pas pouvoir payer". Au final Lula a laissé de côté les
métaphores et a déclaré : "Le dirigeant syndical doit savoir que cela n’a
aucun sens d’avoir des revendications absurdes".

Luis Esnal, Correspondant au Brésil du quotidien La Nacion (Argentine) -
20 avril 2004