Accueil > L’EPR UN REACTEUR DU PASSE...

L’EPR UN REACTEUR DU PASSE...

Publie le mercredi 28 avril 2004 par Open-Publishing

Présenté comme un choix stratégique pour la France, la construction d’EPR ne répond en rien aux enjeux énergétiques et environnementaux qui se présentent à nous pour les 30 prochaines années. BIEN AU CONTRAIRE CE PROJET RENDRAIT STERILE TOUS LES EFFORTS NECESSAIRES DE DIVERSIFICATION ENERGETIQUE VERS LA MAITRISE DES CONSOMMATIONS ET LES ENERGIES RENOUVELABLES.

L’EPR, dit réacteur "évolutionnaire" ou de "Génération III +" est présenté par ses promoteurs comme compétitif, optimisé et sûr. Derrière ce discours de publicitaire, la réalité est beaucoup plus trouble.

 1 - UN REACTEUR LOIN D’ETRE REVOLUTIONNAIRE :

Loin d’être une nouveauté, l’EPR est un projet qui date déjà de plus de 10 ans et qui n’amène aucune avancée technique significative par rapport aux derniers réacteurs construits en France.

Côté sûreté, les faibles progrès avancés font pâle figure et ne répondent pas aux risques liés aux erreurs ou agressions extérieures (chute d’avion...). L’autorité de sûreté a même déclaré que si l’EPR n’était pas construit prochainement, il faudrait revoir les objectifs de sûreté fixés il y a déjà dix ans !
Contrairement à ce qui est annoncé, aucune amélioration significative n’est apporté au cycle du combustible. Le recours au combustible MOX est même renforcé, or l’utilisation du MOX engendre un nombre de risques supplémentaires lié au retraitement, aux transports, à la sûreté...

De même en terme de prolifération, aucune amélioration n’est apporté, le réacteur produisant toujours du plutonium

L’EPR n’est donc qu’un réacteur comme les autres : dangereux, potentiellement proliférant, et producteur de déchets ingérables.

 2 - UNE COMPETITIVITE A LA FRANÇAISE

La discussion des coûts du nucléaire est très complexe et surtout biaisée. Dans le développement du nucléaire la discussion technicienne a toujours prévalu et la discussion économique n’a été que secondaire et orientée de façon à justifier les choix techniques. Ainsi la question de la couverture financière des risques fait l’objet de législations spéciales visant à limiter la responsabilité des opérateurs et des Etats. Il est aussi à noter que les échelles de temps mises en jeu ainsi que les fortes incertitudes concernant le démantèlement et la gestion des déchets à long terme, jettent un flou important sur les coûts réels du nucléaires.

Ce constat se vérifie dans les discussions sur l’EPR. Les hypothèses de références, précisées entre les lignes, sont très hasardeuses. Par exemple, le taux de disponibilité avancé qui est très élevé (plus de 90%) est totalement illusoire et ne tient pas compte du contexte actuel de surcapacité du parc français. De même le coût annoncé est prévu pour une série de 10 réacteurs ! Le coût d’une tête de série seule sera beaucoup plus important. Tous les chiffres avancés sont donc extrêmement optimistes et ne tiennent pas compte des nombreuses difficultés de mise au point inhérentes à la construction d’un prototype ou d’une série limitée, comme cela a été le cas pour la dernière série de réacteurs construits en France (palier N4).

De plus, dans le cadre de la surcapacité nucléaire actuelle, un nouveau réacteur ne fera que diminuer le rendement économique du système global, d’autant que l’ouverture des marchés va accentuer la pression économique. QUEL SERA LE COUT REEL DE L’EPR ? QUI PAYERA ? QUEL COUT POUR LE CONSOMMATEUR ? TOUTES CES QUESTIONS RESTENT ENCORE SANS REPONSES CLAIRES et les seules études économiques sont actuellement fournies par les industriels eux-même (Areva et Framatome, ou EDF).

 ... POUR UNE VISION DEPASSE

Depuis 30 ans les choix énergétiques de la France ne reposent que sur le nucléaire. Loin d’avoir garanti une indépendance énergétique souvent affichée à tort (100% de l’uranium est importé), ce choix a entraîné la France dans une double dépendance : le nucléaire pour l’électricité et le pétrole pour le reste, notamment les transports.

Ce constat est largement partagé même dans les discours officiels qui parlent aujourd’hui de la nécessité d’un "bouquet" énergétique : "à chaque énergie son rôle, elles ont toutes leur utilité et sont complémentaires". L’idée du "mix" est un nouvel argument des lobby pétroliers et nucléaires qui ne peuvent plus nier le potentiel des énergies renouvelables, mais ne veulent pas non plus remettre en cause la prédominance de leur énergie.

Ce concept n’a d’ailleurs aucune réalité historique et politique. L’expérience, notamment française, montre qu’aucun pays ayant décidé de développer le nucléaire n’a aussi développé une politique de sobriété et d’efficacité énergétique, et/ou développé les énergies renouvelables. A l’inverse le développement des énergies renouvelables, au Danemark et surtout en Allemagne, ne s’est opéré qu’à la suite d’une politique de rupture et de sortie du nucléaire.

Une politique énergétique doit opérer des priorités. Il ne fait aucun doute que l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables doivent être la priorité. Il faut en conséquence qu’il y ait des moyens financiers et humains à la hauteur de ces choix. Or le nucléaire accapare toutes les ressources, notamment les budgets de recherche. Le lancement d’un EPR serait une orientation des investissements qui tuerait dans l’oeuf les choix de rupture qui doivent être faits.

 AUCUN BESOIN DE NOUVELLE CENTRALE PENDANT 20 ANS !

Le remplacement des centrales nucléaires lors de leur arrêt, par de nouvelles centrales, ne va pas de soi. Une étude officielle réalisée en 2000, montre que dans le domaine de la production d’électricité, la décision de mise en service d’une nouvelle unité de grande puissance avant 2025 (voire 2030 suivant les scénarios) ne peut en aucun cas se justifier.
Dans ce contexte, la construction d’un réacteur EPR, serait tout a fait infondée et même totalement incompréhensible.

EDF, L’EPR DE TROP !

HTTP ://WWW.GREENPEACE.ORG/FRANCE_FR/CAMPAIGNS/