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Le nègre, le blanc et les DOM

Publie le samedi 8 mars 2008 par Open-Publishing
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"Le Négre n’est pas. Pas plus que le blanc"
Frantz Fanon, esclavage, race et racisme
par Françoise VERGES (1)

Le titre forme la conclusion de l’étude de celle qui a écrit en 2004 avec Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et d’autres "La République colonial, essai sur une utopie". Mais cette conclusion n’arrive pas à la suite de développements que l’on trouve à droite mais aussi au sein d’une certaine gauche, celle qui comme Jean-Pierre Chevènement dans le Nouvel Obs s’en tenait à un "Cessons d’avoir honte" ou comme Jean-Pierre COT qui en 1984 écrivait "Je ne crois pas que la décolonisation ait démérité". Si toute colonisation est nécessairement mauvaise ( et à fortiori si elle a duré 130 ans) et ce malgré len ombre de "déserts transformés en jardins", si comme le souligne déjà Benjamin Stora avant la loi de février 2005 " la société française n’a manifesté ni regret, ni remords par rapport à l’Algérie, et plus généralement par rapport à son histoire coloniale. Il n’y a jamais eu de repentance. Jamais !" ; alors il importe de reprendre le trajet occulté de la colonisation et de ses séquelles. Ce que fait brièvement Françoise VERGES en soulignant la réalité d’une domination entre le Noir esclave et le maître Blanc.

La notion de race qui en découle intègre alors le social historique, le culturel et le politique. Pour être plus précis la notion de race s’explique pas la colonisation qui fait du Noir un esclave. La colonisation et l’esclavage a racialisé les colonisés et les esclaves africains. L’expérience vécue de la racialisation et du racisme n’a pas disparue avec la fin de l’empire colonial français, empire qui se poursuit d’ailleurs sous des formes moins franches, plus économiques et culturelles, par delà l’affirmation de l’indépendance du politique et des gouvernements.

Ces séquelles sont encore très réelles dans les DOM, inscrites dans les rapports sociaux postcoloniaux . Pour abandonner la mentalité victimaire d’un côté et la mentalité impériale de l’autre, donc pour aller vers l’égalité et un véritable universalisme un double mouvement doit être encouragé par les antiracistes. Il s’agit, pour reprendre la formule de Françoise Vergès, que non seulment que les Nègres désapprennent à être Négre mais aussi que les Blancs désapprennent à être Blancs.

Ce "désapprentissage" ne recoupe pas une lecture raciste du blanc nécessairement raciste (2) car "Le Négre n’est pas. Pas plus que le blanc" ainsi que l’écrivait Frantz Fanon en 1952 dans "Peau noire, masques blancs", ouvrage qui certes "n’avait pas pour but d’être une condamnation du racisme" précise Françoise VERGES.

Christian DELARUE

Secrétaire national du MRAP

s’exprimant à titre personnel

1) Françoise VERGES in "Le racisme après les races" PUF Actuel Marx

2) LES LIMITES DE LA METAPHORE DU BOUNTY sur chrismondial et

Les bourgeoisies compradores sont-elles aussi "bountys" ? sur chrismondial

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