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ISRAËL-NUKE : la bombe (peu) secrète

Publie le vendredi 30 avril 2004 par Open-Publishing


400 bombes atomiques au mépris de l’ONU et en violation des conventions internationales

de MANLIO DINUCCI

L’histoire de comment Israël arrive à construire un arsenal nucléaire puissant
et sophistiqué, sans jamais en admettre l’existence, débute l’année même de sa
naissance. En 1948, une unité scientifique de l’armée commence les prospections
qui mènent à la découverte d’uranium dans le désert du Neguev. En même temps,
l’institut Weizmann se concentre sur la recherche nucléaire, en étroite collaboration
avec les Etats-Unis, qui lui fournissent les appareils et les technologies. Sur
une telle base, les scientifiques israéliens développent une nouvelle méthode
pour produire de l’eau lourde, qu’ils livrent aux Etats-Unis. A ce point, pour
produire le plutonium nécessaire à la fabrication d’armes nucléaires, Israël
a besoin d’un réacteur, qu’il obtient de la France, avec laquelle il collabore
déjà.

De leur côté, les Etats-Unis ont intérêt afin que, outre la Grande Bretagne (troisième
puissance nucléaire après Usa et Urss), la France et Israël, elles aussi, soient
dotées d’armes nucléaires.

Une triade sécrète est ainsi créée : tandis qu’Israël, en se servant aussi de technologies états-uniennes, aide la France à construire une installation pour l’extraction de plutonium à Marcoule (destiné officiellement à un usage civil), la France aide Israël à construire, dans un bunker souterrain à Dimona, un réacteur nucléaire et une installation pour l’extraction du plutonium analogue à celle de Marcoule. En 1960, la France entre officiellement dans le club nucléaire, en faisant exploser au Sahara sa première bombe au plutonium. La même année, en ne pouvant plus le cacher, le premier ministre israélien Ben Gourion annonce au monde l’existence du réacteur, en garantissant qu’il sera utilisé "dans des buts pacifiques".

A ce moment entre aussi en scène le gouvernement états-unien, qui demande à Israël de soumettre le réacteur de Dimona à des inspections internationales. Le gouvernement israélien accepte, en posant la condition qu’elles soient effectuées par des inspecteurs états-uniens. Ces derniers, entre 1962 et 1969, visitent plusieurs fois Dimona en assurant qu’il s’agit d’une installation à usage exclusivement civil. Entre-temps, probablement en 1966, l’installation de Dimona commence à produire des armes nucléaires. En 1967, Israël a déjà quelques bombes nucléaires, qu’il aligne secrètement dans la guerre des six jours et, à nouveau, dans la guerre de Kippour en 1973.

La triade se transforme en pentagone quand, avec la bénédiction de Washington, le gouvernement israélien noue une relation secrète avec l’Afrique du Sud de l’apartheid, soutenu par les Usa et la Grande Bretagne. L’Afrique du Sud fournit à Israël au moins 550 tonnes d’uranium et reçoit d’Israël, en échange, le know-how technologique qui lui permet de construire six bombes nucléaires.

Israël est ainsi arrivé à construire un arsenal évalué à environ 400 armes nucléaires avec une puissance totale de 50 mégatonnes, équivalente à 3850 bombes d’Hiroshima. Comme vecteurs nucléaires, les forces israéliennes utilisent une partie des plus de 300 avions de chasse F-16 et F-15, dont les moteurs ont été poussés, fournis par les Usa, armés aussi de missiles israélo états-uniens Popeye à tête nucléaire. Une autre version, le Popeye Turbo, est installée sur trois sous-marins Dolphin, fournis par l’Allemagne. A ces vecteurs nucléaires s’ajoutent environ 50 missiles balistiques Gerico II, sur des rampes de lancement mobiles, et les fusées Shavit utilisables aussi comme des missiles balistiques à longue portée. Malgré les résolutions répétées avec lesquelles l’Assemblée générale des Nations unies a confirmé "sa condamnation du refus d’Israël à renoncer à la possession des armes nucléaires" et a demandé au Conseil de sécurité "de prendre des mesures urgentes afin qu’Israël se conforme à la résolution 487 du Conseil même, où on demande qu’il mette ses installations nucléaires sous la juridiction de la Iaea" (Résolution 44/121 du 15 décembre 1989), la présence de plus en plus dangereuse et déstabilisante de l’arsenal nucléaire israélien (le seul au Moyen-Orient) continue à être ignorée par les gouvernements des "grandes démocraties occidentales".

Source : Il Manifesto

Traduit pour Bellaciao par Karl et Rosa

30.04.2004
Collectif Bellaciao