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Le roman de mai 68, sous la plume Robert Merle

Publie le dimanche 23 mars 2008 par Open-Publishing
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Les tribu (lations) du campus de nanterre

de Langdon Parisis

Le 23 mars 1968, Robert Merle a le sourire aux lèvres, lorsque il pousse la porte de la fac de lettres de Nanterre. Sa curiosité est alléchée par le dernier faits d’armes du commando de 150 étudiants qui ont pris d’assaut le dernier étage de la plus haute tour du campus. Et occupé toute la nuit la salle du conseil des professeurs...

Parmi eux, Dany le Rouge. Un ptit rouquin allemand de 21 ans, qui a perdu ses deux parents mais affiche une gouaille autrement plus pétillante que le coca de la cafet’.

Robert tient une idée de roman. Tirer sur le fil sera un plaisir. Cet homme à l’allure soignée est déjà le chéri de ses étudiantes. Cultivé comme il devrait être interdit de l’être, biographe d’Oscar Wilde et de Che Guevara,il a décroché le prix Goncourt vngt ans plus tôt, dès son premier livre, l’estomaquant "Week-end à Zuidcott".

Pendant des semaines, le prof d’anglais va s’initier aux rites des tribus qui peuplent le campus, vivant ensemble 24 heures sur 24, se défiant, s’apostrophant, se relayant dans l’agitation et le happening politico-culturel : les "anars", les "maos", les "situationistes" et autres "mouvement du 22 mars". Deux ans plus tard, "Derrière la vitre" sort en libriaire. Comme d’hab’, un roman à lire en deux nuits, en demandant le matin pardon aux voisins d’avoir ri trop fort sous les couvertures. Et senti l’Histoire se réveiller.

Six semaines après la fac’ de Nanterre, la France ouvrière se jette dans l’aventure. Le 13 mai aux usine Claas de Woippy (ardennes) et Sud-aviation de Bouguenais (Loire-Atlantique). Des groupes de jeunes ouvriers envahissent les campus de Rouen, Clermont-Ferrand et Besançon. L’ORTF montre des images de milliers d’étudiants piétinant devant les portes de Renault-Billancourt, fermées par la CGT, sèmant une mini-révolte au sein des syndicats et partis de gauche, dont les dirigeants sont alors obligés alors de prendre le train en marche.

Plus de 800 usines s’arrêtent, surtout des PME, dans les régions de l’Ouest et du Centre, industrialisées lors des 30 glorieuses de l’après-guerre. Le nombre de grévistes dépasse 9 millions (50% de plus qu’en 36 !) le 25 mai, au lendemain de l’allocution du Général de Gaulle.
Le patronnait doit lâcher du lest : +35% sur le SMIC et +10% sur les salaires, une quatrième semaine de congés payés, et section syndicale (locaux et délégué protégé) quelle que soit la taille de l’entreprise. Dans les 3 années qui suivent, le gain de pouvoir d’achat dope la croissance. Mais les "événements" ont fait aussi cinq morts violentes, un lycéen, trois ouvriers et un commissaire de Police.

Dans son roman, Robert Merle esquisse la rencontre entre ces deux univers, étudiants/ouvriers, qui se regardent à travers la vitre de la cité-U où David et Brigitte, les deux héros, jouent au cache-cache amoureux. Le récit s’en tient au mois de mars... peut-être par pur plaisir d’idientifier les germes de la révolte.

Robert Merle n’aura pas envie de faire commerce de mai 68. Dès les années 70, il tourne sa passion de l’histoire vers la formidable saga "Fortune de France", 13 tomes, vendus à six millions d’exemplaires et écrits entièrement dans le français des XVème et XXIème siècle.

http://www.pointscommuns.com/derrie...

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