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Le syndicat USTKE lance une grève générale

Publie le jeudi 10 avril 2008 par Open-Publishing

Le bras de fer social se poursuit dans l’archipel.

Le syndicat USTKE bloquait une trentaine d’entreprises jeudi, dans le cadre d’une grève générale destinée à défendre "le droit de grève", a indiqué la centrale indépendantiste. L’Union syndicale des travailleurs kanak et des exploités, premier syndicat de l’archipel, proteste contre une dizaine de mises à pieds décidées dans les entreprises à l’encontre de certains de ses adhérents, qui avaient participé à des actions syndicales. Des entreprises auraient même engagées des intérimaires pour remplacer les salariés syndiqués. En réaction, l’USTKE a donc décidé d’étendre le mouvement au secteur privé comme public réclamant « l’arrêt des sanctions contre les syndicalistes », précise Corinne Perron, représentante du syndicat en France.

Pour François Perronnet, secrétaire général du Medef, les choses sont différentes : "Ces sanctions ont été prises pour des absences non justifiées dans le cadre d’une grève illicite. Si l’USTKE conteste ces sanctions, elle n’a qu’à aller au tribunal mais le syndicat préfère utiliser les méthodes habituelles du blocage", a t-il déclaré. Argument que retourne Corinne Perron : « Si les patrons ont quelque chose à reprocher aux syndicalistes, c’est à eux d’engager des procédures. Ce n’est pas à nous de le faire ».

L’organisation patronale a estimé qu’entre 1 500 et 2 000 salariés étaient empêchés de travailler jeudi, jugeant la situation "inacceptable". A la mi-journée, aucun incident n’avait été signalé dans les entreprises bloquées, où la police n’est pas intervenue, a indiqué le Haut-commissariat de la République.
Les forces de l’ordre sont d’ailleurs intervenues en fin de journée pour déloger les militants. "Sur requête des chefs d’entreprise et en application des ordonnances rendues par le tribunal, l’Etat a mis en œuvre la procédure de concours de la force publique afin de lever les blocages (...) Ces opérations se sont déroulées sans incident ", a indiqué le haut-commissariat dans un communiqué.

Un contexte tendu
Cette grève générale intervient dans un contexte social tendu. En début de semaine, une mission de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) est arrivée pour faire la lumière sur des violences qui auraient été commises le 17 janvier par les forces de l’ordre à l’encontre de militants USTKE.
Ce jour-là, une opération destinée à déloger les grévistes USTKE de la société de transport urbain Carsud, filiale de Véolia, avait dégénéré en 12 heures d’affrontements, faisant une trentaine de blessés. Dix-neuf militants de l’USTKE ont comparu devant le tribunal suite à ces heurts. Un an d’emprisonnement, dont six mois fermes, ont été requis contre le président de l’USTKE, Gérard Jodar. Le jugement a été mis en délibéré au 21 avril.

Solidarité syndicale
l’USTKE mobilise aussi dans l’Hexagone. L’organisation organise un grand meeting intersyndical à la Bourse du travail à Paris le 21 avril. Objectif : « Donner de l’information pour démonter la répression anti syndicale car cette politique va toucher tous les secteurs professionnels », précise Corinne Perron. Des syndicalistes de SUD-rail ainsi que José Bové, qui avait activement soutenu le syndicat pendant les précédentes campagnes électorales, seront présents. D’ici là, la situation risque d’évoluer très vite sur le Caillou...

Mobilisation samedi contre le chantier Goro Nickel du Brésilien Vale.

Les chefferies kanak et des associations écologistes se mobiliseront samedi pour s’opposer à la poursuite du chantier de l’usine Goro Nickel de l’industriel brésilien Vale et réclamer le respect des droits des peuples autochtones.

"Nous sommes dans une démarche de reconquête de notre droit inaliénable reconnu par l’Onu, rendant indispensable l’accord des peuples autochtones pour exploiter les richesses naturelles", a déclaré Raphaël Mapou, du comité autochtone Rheebu Nuu (L’Oeil du pays).
Les opposants à l’usine Goro Nickel ont invité la population à participer samedi à une journée de mobilisation, au cours de laquelle "un bois tabou" (totem sculpté) sera planté sur un récif du lagon. "Chaque fois que le peuple kanak se sent menacé dans son existence, on plante un bois tabou, cela veut dire que c’est interdit et aussi qu’il y a un appel au dialogue", a également indiqué Roch Wamytan, grand chef coutumier du sud de la Nouvelle-Calédonie.

Les protestataires exigent par ce "bois tabou" "l’arrêt définitif" de la pose en mer d’un tuyau qui doit évacuer les effluents de l’usine Goro Nickel, laquelle doit produire 60 000 tonnes de nickel et 4.000 tonnes de cobalt. "Le tuyau va rejeter entre 1 200 et 3 000 mètres cubes d’effluents par heure dont on ignore réellement la composition, mais il y a des solvants et des métaux lourds", ont indiqué les associations.

Selon les opposants, ce tuyau risque en outre d’empêcher l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco de la barrière de corail de Nouvelle-Calédonie, dont le dossier doit être examiné en juillet.
Face aux nombreuses protestations, Goro Nickel, filiale du géant brésilien Vale, a suspendu le 23 février l’installation en mer de ce tuyau d’une vingtaine de kilomètres, et ne parvient pas depuis à renouer le dialogue avec les opposants. L’industriel affirme que l’effluent "est conforme en tout point à la réglementation internationale" et que "la démarche a été validée par des experts du Centre national de recherche scientifique (CNRS)".
D’un coût de 3,2 milliards de dollars, l’usine de Vale dans le sud de la Nouvelle-Calédonie doit entrer en production fin 2008.

http://nouvellecaledonie.rfo.fr/article352.html