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Les avocats de Cesare Battisti « diffamés »

Publie le mardi 11 mai 2004 par Open-Publishing

Ils poursuivent l’ambassade d’Italie pour une note du 6 avril.

Par Dominique SIMONNOT

C’est à se demander si l’affaire Battisti ne fait pas perdre toute raison. Et même toute honnêteté judiciaire. Après l’arrestation de l’écrivain réclamé par l’Italie alors qu’il avait déjà été jugé inextradable par les magistrats français il y a treize ans , voilà maintenant une étrange note de l’ambassade d’Italie à la justice française. Le 6 avril, en effet, à la veille du jour où Cesare Battisti devait comparaître devant la chambre de l’instruction de Paris, l’Italie fit parvenir un « complément » de dossier 800 pages , obligeant les juges à reporter l’audience au 12 mai. Mes Irène Terrel et Jean-Jacques de Felice y ont découvert une note de vingt pages contenant des « injures et imputations diffamatoires, grossièrement mensongères et d’une gravité exceptionnelle » à leur encontre et à celle des avocats italiens de leur client.

« Osmose ». Selon les autorités italiennes, en 1991, la chambre d’accusation de Paris aurait rendu un avis défavorable à l’extradition de Battisti « au vu d’éléments fallacieusement produits ». Elles affirment que les juges français auraient été volontairement tenus dans l’ignorance de la condamnation à la perpétuité prononcée contre Battisti en 1990. Le dossier d’extradition de 1991 montre le contraire. Car l’arrêt de la cour d’assises d’appel de Milan du 16 février 1990 a été officiellement transmis, en 1991, à la chambre d’accusation de Paris, qui le mentionne dans sa décision.

Il est aussi écrit dans cette note qu’en 1991 « l’avocat Pelazza [défenseur italien de Battisti, ndlr] écrivait à son client une lettre relatant la décision de la Cour de cassation italienne... Il n’y a pas de doute que l’osmose entre monsieur Battisti et ses avocats italiens, vraisemblablement par l’intermédiaire de ses avocats français, était totale ». Bizarrement, pour l’Italie, « cela démontre l’attitude déloyale de Battisti vis-à-vis des juridictions, tant italiennes que françaises ». Et là, les avocats français s’indignent. Il est en effet tout à fait normal et légitime qu’un avocat tienne son client au courant de décisions le concernant. De plus, les deux avocats se disent stupéfaits : « Comment l’ambassade d’Italie peut-elle être en possession d’un courrier adressé par un avocat à son client détenu ? Une lettre d’ailleurs banale, s’agissant d’un simple compte rendu d’audience. »

Confidentialité. La connaissance de cette lettre prouve en tout cas que « ce courrier a été ouvert en parfaite illégalité, au mépris du principe essentiel de confidentialité de toute correspondance entre l’avocat et son client ». Cette lettre, insistent Mes Terrel et de Felice, a été de surcroît « nécessairement photocopiée et transmise aux autorités italiennes qui la recèleraient donc aujourd’hui ». La semaine dernière, les avocats français et italiens ont déposé plainte contre X et contre l’ambassade d’Italie pour, entre autres, « dénonciations calomnieuses », « atteinte au secret de la correspondance et recel ».

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