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Séisme en Chine et amnésie du Nouvel-Obs

Publie le dimanche 18 mai 2008 par Open-Publishing
6 commentaires

de Maxime Vivas

Le séisme du lundi 12 mai 2008 en Chine a particulièrement frappé le Sichuan région du "grand Tibet".

Le Premier ministre chinois Wen Jiabao est arrivé le soir même, à 22 heures, dans la zone de l’épicentre du séisme à Dujiangyan.

Il s’est enquis de l’état de santé des rescapés avant de se rendre sur les lieux d’un l’hôpital partiellement détruit où restaient encore ensevelies une centaine de personnes.

Le Dalaï Lama se devait de parler. Il l’a fait le lendemain, mardi 13 mai. "Nous exprimons toutes nos condoléances aux familles endeuillées par cette grande tragédie et nous admirons la réponse rapide des autorités chinoises à déployer des équipes de secours pour secourir les survivants"

La presse française, qui s’en serait voulu naguère de censurer la moindre de ses paroles autour de la flamme olympique, a occulté ces propos.

A Paris, les Dalaï-lamistes, plus Dalaï-lamistes que le Dalaï-Lama se bouchent les oreilles devant pareil encensement « politiquement incorrect » et contreproductif dans le cadre de la Mère de toutes les Batailles Ménardo-manichéenne.

Une recherche sur Internet et sur le site de la ville de Paris permet de découvrir que Bertrand Delanoë, qui fit en avril le Dalaï Lama citoyen d’honneur de la Capitale, a exprimé sa "profonde émotion". Hélas, le communiqué date du 9 mai et concerne la mort d’un chanteur français, Pascal Sevran !

Supposons naïvement qu’il soit possible, sans être soupçonné de vouloir importer le système politique chinois en France, de convenir que la réponse fut en effet rapide au plus haut niveau.

Le site Internet du Nouvel Observateur du 14 mai note d’ailleurs que le « premier ministre Wen Jiabao s’est immédiatement rendu sur les lieux pour prendre la direction des opérations de sauvetage, comme ferait n’importe quel leader politique ».

La précision « comme ferait n’importe quel leader politique » tend à minimiser la réactivité, du dirigeant chinois. Nullement exemplaire, elle serait au contraire courante dans de telles circonstances. De la routine pour les chefs d’Etat.

Cependant, le Nouvel- Observateur parie ainsi sur l’amnésie des lecteurs qui n’ont sûrement pas tous oublié ce qui suit.

Le 29 août 2005, le cyclone Katrina dévaste la Louisiane.

Selon l’hebdomadaire Newsweek, vers 20 heures, le gouverneur de Louisiane a réclamé de l’assistance au président Bush qui ira se coucher sans avoir répondu à sa demande.

Le jour après que Katrina eut atteint la côte du Mexique, Bush jouait au golf. Il attendit 3 jours avant d’apparaître à la Télé et 5 jours avant de visiter les lieues du désastre. Dans un éditorial cinglant, le New York Times écrivit « Rien dans le comportement d’hier du Président- qui semblait désinvolte au point d’en être imprudent- rien ne témoignait qu’il comprenait la gravité de la crise en cours »

Entre-temps, des militaires armés vont quadriller la région sinistrée avec ordre de tirer sur les pillards privés de nourriture.

Le gouverneur Kathleen Blanco a été explicite : « 300 soldats de la garde nationale viennent juste de rentrer d’Irak. Ils ont une certaine expérience des combats. Ils rétabliront l’ordre dans les rues. Ils ont des M-16 prêts à tirer. Ces troupes savent comment tirer et tuer et elles sont plus que jamais prêtes à le faire ».

Le 7 septembre 2005, sous le titre ironique : « L’Etat ne peut pas tout ? Mon pauvre ! », le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon, publiait un communiqué :

« La Louisiane noyée par un cyclone et martyrisée par un Etat absent et une société d’injustice sociale sera le Tchernobyl du régime absurde qui gouverne les USA. Rien de tel qu’une catastrophe pour révéler ce que vaut un système. A la face du monde éclatent l’incurie, la bureaucratisation, l’inefficacité et l’égoïsme de la société libérale dans son centre le plus avancé.

Bon vent aux logisticiens de la Croix Rouge française qui vont aller enseigner aux sous-développés de la solidarité comment on s’occupe de ses semblables quand tout va mal ! Monsieur Bush a bien le bonjour des Français, citoyens d’un pays dévasté par une tempête catastrophique qui a réussi à rétablir le courant électrique et assisté le plus isolé des siens en moins de 48 heures ! Oui, la France, monsieur Bush, ce pays enfoncé dans la vieille Europe bureaucratique des acquis sociaux et des services publics ! »

Bien entendu, par ce que nous disons, Jean-Luc Mélenchon et moi, exceptionnellement épaulés par le Dalaï-Lama, nous exprimons un amour aveugle et suranné pour le regretté président Mao Zedong.

Nul doute que si un cataclysme en Russie amenait le Nouvel-Observateur à nous révéler que le Premier ministre russe se conduit « comme ferait n’importe quel leader politique », nous aurions du mal à ne pas ajouter : « Sauf Bush et les généraux birmans », objection qui constitue, on en conviendra, un éloge éhonté de Staline.

Messages

  • Le Dalaï Lama se devait de parler. Il l’a fait le lendemain, mardi 13 mai. "Nous exprimons toutes nos condoléances aux familles endeuillées par cette grande tragédie et nous admirons la réponse rapide des autorités chinoises à déployer des équipes de secours pour secourir les survivants"

    L’attitude du Dalaï-lama est conforme à ce qu’on pouvait attendre de lui. Je pense que c’est plus qu’une obligation politique qui l’a amené à cette déclaration.

    Le drame vécu et que vit la Chine est terrible pour la région concernée qui était en plein développement économique, en pleine constructions d’infrastructures.

    Le gouvernement chinois a semble-t-il décidé d’être relativement transparent vis à vis de sa population, par rapport au drame, par rapport aux mesures prises et par rapport aux conséquences.

    C’est une leçon, ...

    • j’ai bien entendu et vu ce soir des chinois être très critique, face aux médias présents, sur la faiblesse des constructions voir des alertes non entendus par les pouvoirs locaux, bizarre et paradoxal pour une dictature !

    • Nos médias sont incorrigibles, ils nous suggèrent toujours et encore les Chinois comme autant de membres de la triade, insaisissables, menteurs et cruels en donnant du "Monsieur HI" par ci "Madame Yang "par là , à chaque personne croisée ou sujet de leurs reportages : bref on croirait autant de Tintins en mission dans le redoutable "Empire du Milieu." Circonstance aggravante, la Chine se réclame toujours du Communisme.
      Par conséquent, rien de bon ne peut arriver venant de Pékin.
      Et les reportages sur les chaînes de "Service de l’Etat", portent cette marque d’infamie sauf intervention contraire de leurs Maîtres comme on l’a vu dans la modération surprenante de leur ton dans la couverture médiatique de cette horrible catastrophe.
      C’est navrant, c’est du racisme, tout comme le traitement journalistique fait aux peuples d’Europe de l’Est et la Russie en tête ; l’historien Marc Ferro en faisait il y a peu, la remarque sur France Culture...Cette presse est la honte de notre France "patrie" des Droits de l’Homme. JdesP

    • Il n’y a rien de surprenant dans une catastrophe de telle taille (secousse ressentie jusqu’à Pékin, c’est très loin) qu’il y ait eu des phénomènes de désorganisation, des problèmes de circulation de l’information, des problèmes de coordination.

      Il est très difficile de savoir, par exemple, les endroits qui ont le plus souffert, les problèmes particuliers à tel ou tel endroit, quand une grande partie des moyens modernes de communication est détruite.

      De plus, le développement impétueux de l’économie amène toujours des choses très mitigées , le pire et le meilleur en termes de constructions.

      Il n’est pas interdit de faire de l’info là dessus et ça ne ressort pas nécessairement d’un grand complot.

      Les couacs du sauvetage et des suites n’ont pas fini et susciteront des contradictions, protestations des populations locales touchées.

      L’heure est toujours à la solidarité.

    • On remarquera aussi que les grands coeurs du mois d’avril, Delanoe et Ménard en tête, eux qui surent faire verser aux français des larmes de crocodile sur la cause de séparatistes religieux obscurantistes, adeptes sournois d’une théocratie, eux qui aimaient tant le Tibet et les Tibétains, se taisent quand une catastrophe en tue des dizaines de milliers.

      Plus de compassion, plus un mot, plus un geste.

      Le Tibet, ils s’en fichent.

      Delanoe regarde les sondages et se prononce en fonction de l’émotion des Français. Naguère, il trouvait délicieuse Condoleeza Rice.

      Ménard regarde ses contrats avec les USA et les comptes de sa petite entreprise.

      L’un veut être président, l’autre veut être toujours plus riche.

      Se taire, c’est les aider à y parvenir.

      T. Y

  • Robert Ménard intervient parfois pendant cette réunion pour informer les bureaux d’affaires importantes. Le 15 novembre il nous a fait part de « deux évènements qui allaient changer le vie de RSF » : le centre RSF a Doha, au Qatar et la fusion avec Article 18, une ONG britannique. Selon lui, dans un an, les effectifs de RSF seront doubles par deux. Deux personnes seront à la tête de l’organisation. Il y aura embauche, intégration de certains membres d’Article 19 a RSF, et deux sièges. Ils ont un savoir juridique qu’ RSF n’a pas et une « petite image sérieuse » dans la presse britannique ». Pour Robert Ménard : « Ou on se développe ou on périclite, on ne vivote pas ».
    Le centre de Doha pour la liberté de la presse sera « comme ici la bas ». Il sera composé de quatre volets :
    – recherche
    – mémoire (comme le mémorial de Bayeux)
    – accueil provisoire de journalistes en danger
    – soin de journalistes
    Ce centre dépendra de RSF a Paris. L’émir et sa femme sont au courant : « l’addition politique est faite », ils sont prêts a financer le centre. Le centre sera indépendant du Qatar mais une loi du Qatar instituerait ce centre. Ils pensent consacrer trois millions de dollars par an. Au moins 20 personnes y seront employées.
    Ce sont des projets qui vont bouleverser la nature de l’organisation car elle va passer de 25 a 75 personnes.
    « Je sais que lorsque l’on est à 25, la communication circule mal, alors à 75 ! », a confie Robert Ménard.