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3 ou 4 thèmes de réflexion sur la France à partir de la question chinoise (zaz)

Publie le dimanche 18 mai 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

1. La spontanéité populaire (Vox populi vox dei ?)

A l’occasion des Jeux olympiques qui se présentaient cet été en Chine, les opinions populaires -à commencer par les opinions alternatives- ont fortement réagi. Au nom de l’éthique et des principes des droits de l’homme, la messe universelle a paru d’abord unanimement entendue : la Chine avait tort, elle, son gouvernement et ses Chinois. En bref, les Chinese étaient globalement des salauds s’il faut simplifier tout en un mot, ils l’étaient chez eux, dans le monde et dans la logique globale et historique incontestée de la Civilisation en tant qu’elle est clairement déterminée, connue, « Unique ».

Quand on s’est retourné un peu, on a pu ça et là se dire que cette belle réaction de chez nous servait aussi accessoirement des causes contraires pas exactement vues au départ. (voir nos autres papiers sur le sujet) : On concédera que néanmoins si c’était le cas, c’était en tout cas sans le vouloir et que la légitimité éthique de la démarche n’est, n’était, pas en cause dans son jaillissement. Les foules occidentales, la française en particulier, se sont-elles mises au service au fond d’une mauvaise cause ? c’est possible et c’est à examiner, mais l’intention première assurément était quand même pure.

Se poser des questions sur soi-même en étant parvenus à ce stade, pour ceux du moins qui ont le tropisme et la capacité de le faire, ça valait peut-être son pesant de bon grain, ça valait l’effort euristique sans doute de s’y appliquer.

Le grave drame du tremblement de terre dans le Sichuan nous en a fourni l’occasion, il a quelque peu ébranlé la forme de nos convictions musclées initiales : avions-nous été éthiques ? oui pour sûr !, avions-nous été humains et moraux avec les Chinois ? euh ! euh ! On pouvait plus le dire aussi fort !

Notre télé, notre presse, nos journalistes s’emploient à bricoler ce virage délicat très actuel, ils savent faire ces choses avec un certain art. Nous sommes compatissants nouvellement mais c’est aussi surtout que les Chinois qui ont radicalement eu tort font de gros efforts d’après ce qu’on nous dit pour changer favorablement leur image internationale à la « faveur » des événements.

Dans le Figaro : "Séisme : la Chine redore son blason international", par François Hauter (16 mai), dans Le Monde : « Pékin soigne sa communication après le séisme du Sichuan » (18 mai), et plus avant dans l’article « Les médias ont couvert l’événement comme jamais aucun appareil de propagande du régime ne l’avait fait auparavant. Les chaînes de télévision ont multiplié les directs, etc… » on doit ça à l’envoyé spécial Bruno Philip. A la première cata française de comparable ampleur on va aimer la rétorsion chinoise de même goût dans le verbe.

Passons ! Par chance, rien n’ayant d’un poil évolué du côté birman en revanche, on peut encore (et y a pas de raisons que ça change rapidement) persévérer dans notre certitude qu’il y a là devant nous de grands coupables dans ce monde, sans circonstances atténuantes, à traduire illico devant le TPI au titre de l’auto-massacre de leur propre population. L’affaire chinoise évolue, l’affaire birmane se maintient et nous maintient dans nos convictions françaises sinon occidentales, qui sont la preuve indubitable qu’on raisonnait juste et carré dès le début, et que la France est le pays du bon sens comme chacun sait indubitablement : Bref, qu’on les pende les généraux birmans !

Voici où on en est.

Comme on l’a déjà signalé par ailleurs, l’attitude française générale de violente critique anti-chinoise a finalement autogénéré d’assez radicales questions et analyses du côté critique même :

 Dans le Monde Diplomatique de ce mois de mai, on pense au texte de Slavoj Zizek

http://cid-b3e9477a4a5b8dfa.spaces....

 Dans le site de Grand Soir, on pense à l’analyse exceptionnellement radicale quant au niveau "bobo-nullard" de la pensée critique communément française. C’est évidemment à chacun de se faire son opinion.

http://www.legrandsoir.info/spip.ph...

Nous allons pour notre part voir de plus près quelques concepts français avec vous ce soir pour essayer d’avancer.

2. La dichotomie "mentie", les vraies et fausses harmonies et disharmonies de la société françaises, l’unité des apparents contraires

Ce qui paraît peu discutable en France c’est que la société française a ses terribles dichotomies. La principale coupure évidente est celle existant entre les Français (ou du moins le grand nombre des gens du peuple) et les dirigeants politiques de quelque température qu’ils soient (on ne risque pas d’en sortir demain selon notre avis !), la coupure est aussi large entre France d’en haut et France d’en bas, la coupure est aussi entre les Français et leurs journalistes ou de façon générale entre les Français et les maestros établis pour exercer sur eux de l’influence. (qu’on trouve à Sciences po ou dans d’autres entrepôts).

D’être dans des camps différents, opposés, oppose en apparence comme en fait les contenus et les pensées. Assez systématiquement mais pas simplement comme on le croit, car il y a une unité des contraires dans le simple jeu des contraires, la pensée critique est le plus souvent le simple négatif de la pensée prédominante, elle en est le double infirme car elle est infirme d’être un double et elle est encore infirme d’être le double d’une chose de toute façon notoirement infirme en elle-même dès son départ.

C’est dire que dans ses oppositions mêmes la France a –si l’on peut dire- de l’identité dans ses contraires. Nous n’avons pas seulement des gouvernements et des journalistes qui nous sont contraires, nous avons des gouvernements et des journalistes que nous méritons et à qui nous ressemblons dans la glace d’une certaine façon.

La France a de l’unité comme il y a de l’unité dans tous les pays. Il y a une unité française il s’agit pour nous ici d’essayer de l’approcher.

Le point qui fait sans doute l’unité collective des dirigeants et dirigés est d’abord que la France est vaine. C’est bête mais l’aviez-vous noté ?

3. La France comme « farci » médiatique, la France est un farci en même temps qu’elle est une farce

Dans la situation actuelle qui établit selon notre hypothèse l’imbécillité également répartie entre les parties, il ne faut sans doute pas négliger l’influence déterminante de la télé et des médias dominants. La logique des medias est de faire vivre les médias, pas de servir à élever le niveau, la démocratie ou la résolution des problèmes ontologiques. La junte birmane, puisqu’on parlait d’elle, est, d’une certaine façon, une merveille de bonne affaire malgré que tout le monde en ait gros sur la patate : bonne affaire pour la presse, la commande dirigeante du système, le sous-système massif des dirigés !

On peut s’envoyer la balle, se la renvoyer, se faire du mal, à l’occasion se mettre les coudes dans la figure et les doigts in situ, on joue tous selon des règles assez communes avec des maillots nettement semblables. Ministres, députés, syndicats, péquins de base, administrés, trouvons on sait pas comment, par habitude sans doute, des bidules objectivement pas arrangeants du tout (retraites, SMIC, lois anti-sociales, anti-sécu, etc.) mais qui finalement doivent nous arranger puisqu’en définitive ils, elles, existent.

Il faut se demander si malgré des soubresauts, des petits coups de boule, la France telle qu’elle est, n’est pas une farce pipée, installée, campée, dans une inanité entre tous très convenue.

3. L’inanité française (d’abord la grosse version gouvernementale de l’inanité, les autres inanités aussi doivent être vues)

Bien sûr l’inanité, on la place d’abord dans le gouvernement c’est le mouvement naturel, mais si le gouvernement n’est plus rien, le peuple de France aussi n’est plus rien de facto (que peut-il depuis 20 ans le pauvre peuple de France ?! l’a-t-on vu concrétiser quelque chose, en un quelconque domaine ? Quid du gouvernement ? Quid du Peuple ? Dans ces circonstances il reste gratos à lui et nous, la grande pratique facile des jeux de manche sur la place publique. Le gouvernement y excelle, « nous » aussi en vérité.

La question chinoise mettait les uns apparemment dans l’embarras en réjouissant les autres, la question birmane, elle, pour tous, est très amène. Kouchner a interprété magnifiquement son rôle, son personnage : droit d’ingérence, traduction des responsables birmans devant la justice internationale, bateau porte-avion alimentaire de la marine nationale. Pour un peu la légion étrangère re-sautait pour apporter le riz.

Kouchner a, selon nous, été très suivie par les commentaires sur les sites qui sollicitent les avis. Unité, unité, on vous disait !

Bien sûr on sait dans les ministères qu’il faut relativiser, on sait qu’un vrai ministre est d’abord un baladin, un numéro, une sorte d’énergumène. On joue finalement calme, professionnel aux Affaires étrangères. Même si deux ambassadeurs pris par l’ambiance ont un moment pété les plombs.

4. En conclusion

Bon, mais où veut-on en venir, après ce coup retors et un peu torve sur les Chinois ?

Que la France est aujourd’hui nominale, dirait-on, purement numérique si tu préfères, dans les ministres, les ministères, dans ses actions et dans ses contre-actions. Elle pipeaute en tout, elle pipeaute, je le crains, dans le pouvoir et le contre-pouvoir potentiel, elle pipeaute même en nous.

On ne veut pas dire que l’on doute ici de tout et que Jane Birkin a tort de défendre le Myanmar sur les marches de Cannes parce que ce sont les marches de Cannes..

Il nous semble toutefois qu’il y a lieu de s’interroger en ce moment, pas seulement sur Sarko, et les ectoplasmes de l’UMP dont la visibilité, la significativité sont parfaitement claires, mais sur la gauche supposée les remplacer, sur la gauche de la gauche supposée talonner et sur notre France à nous à notre niveau en général.

OK, tout le monde le fait, de s’interroger me diras-tu ! c’est d’une extrême banalité.

Ben alors, c’est peut-être qu’il y a un problème de procédure et de méthode ! Ceux qui ont une méthode parmi vous , on veut bien les écouter

En tout cas, en attendant mieux, trois ou quatre questions peuvent à tout instant se poser, tartes probablement, en même temps qu’assez efficaces selon nous :

 Que vaut la spontanéité de ton discours (en mai 68 la question rituelle simple c’était : d’où parles-tu ?]

 Sommes-nous vains et dans l’inanité ?

 Sommes-nous farce ?

 Prenons-nous de préférence les jolis mots pour la vraie réalité ?

Tiens, j’aurais pas cru que la question chinoise nous serait revenue comme ça en boomerang pour nous faire parler de nous.

***

Alain Serge Clary et les Inoxydables philosophes de l’Ocséna vous saluent bien !

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Les Pensées zaz de l’Ocséna

Ocsena, Organisation contre le système-ENA... (et pour la démocratie avancée)
 http://ocsena.ouvaton.org

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