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L’assainissement, une clé majeure pour la santé mondiale

Publie le mercredi 21 mai 2008 par Open-Publishing

L’assainissement, une priorité pour tous les états du monde comme le rappelle un communiqué de l’OMS. Daté du 19 mai il tombe au milieu de la session annuelle de l’Assemblée mondiale de la santé réunissant les représentations des 193 états membres. Pourtant, l’eau et l’assainissement ont été oubliés dans le programme de travail de cette assemblée qui doit surtout plancher sur la grippe pandémique, les virus grippaux, l’accès aux vaccins, la poliomyélite, autrement dit sur les vaccinations…

2008 : Année internationale de l’assainissement

Le communiqué de l’OMS du 19 mai 2008* rappelle que « Les Nations Unies ont déclaré 2008 Année internationale de l’assainissement afin d’en faire une priorité pour les gouvernements, les organisations, la société civile et les partenaires privés ». Des textes associés à un diaporama de 10 photos (cliquer sur Faits et Chiffres) précisent que :

« Près de 2.6 milliards d’habitants de notre planète n’ont pas accès à un assainissement adéquat. Les régions où la couverture est la plus faible sont l’Afrique sub-saharienne (37%), l’Asie du Sud-est (38%) et l’Asie de l’Est (45%). L’absence d’installations sanitaires contraint les gens à déféquer à ciel ouvert, dans des rivières ou à proximité d’endroits où les enfants jouent ou de lieux où l’on prépare la nourriture.
Le Gange, en Inde, reçoit 1.1 million de litres d’eau d’eaux usées par minute, un chiffre terrifiant si l’on considère qu’un gramme de matière fécale dans de l’eau non traitée peut contenir jusqu’à dix millions de virus, un million de bactéries, mille kystes parasites et une centaine de larves.

En Afrique, 115 personnes meurent par heure de maladies liées à un assainissement défectueux, à une mauvaise hygiène et à de l’eau contaminée.

L’accès à des latrines augmente la fréquentation scolaire : une présence accrue de filles peut être attribuée à l’existence d’installations sanitaires séparées.

L’éducation à l’hygiène et la promotion du lavage des mains sont des mesures simples et peu coûteuses qui permettent de réduire les cas de diarrhée de plus de 45%.

Les bénéfices économiques de l’assainissement sont convaincants. Chaque dollar investi dans l’amélioration de l’assainissement engendre un bénéfice moyen de neuf dollars. Ces bénéfices profitent surtout aux enfants pauvres et aux collectivités démunies qui en ont le plus grand besoin.

Les Objectifs du millénaire pour le développement visent une couverture mondiale en matière d’assainissement de 75% d’ici 2015. On estime qu’il en coûtera annuellement 14 millions de dollars pendant cette période.
Parmi d’autres avantages pour la santé, on estime que l’assainissement réduit chaque année de 391 millions le nombre de cas de diarrhée.

Parmi les maladies que transmet l’eau contaminée par des déchets humains on trouve par exemple la diarrhée, le choléra, la dysenterie, la typhoïde et l’hépatite A. »

L’eau propre ? Ce sera pour plus tard !

L’OMS paraît donc tout à fait convaincue du rôle majeure joué par l’eau* dans la santé humaine. Tout le dossier qu’elle a constitué sur ce sujet et auquel on peut accéder à partir du communiqué*, semblent démontrer une volonté d’agir vite, fort et bien dans ce domaine. Elle a évidemment besoin de la coopération de tous les états qui sont les seuls en mesure de créer les infrastructures nécessaires. Je reste alors abasourdi de constater que cette question capitale n’a pas été mise à l’ordre du jour de l’AMS, l’Assemblée mondiale de la santé !

Cette assemblée se réunie une fois par an en mai, cette année du 16 au 24 mai. Elle est constituée par les délégations des 193 états membres, délégations généralement conduites par les ministres de la santé des différents états. Cette assemblée est le principal organe de décision de l’OMS qui est une annexe de l’ONU. L’occasion était donc immanquable de faire réfléchir et travailler les états sur cette question, ses moyens et ses enjeux. Mais non ! Le programme essentiel a été défini ainsi :

« Les sujets abordés par cette 61e assemblée seront notamment : la préparation en cas de grippe pandémique, l’échange de virus grippaux et l’accès aux vaccins, la poliomyélite, l’usage nocif de l’alcool, les mutilations sexuelles féminines, le changement climatique et la santé, le Règlement sanitaire international, les produits médicaux contrefaits, les stocks de virus variolique, ainsi que la santé publique, l’innovation et la propriété intellectuelle. »

Tous ces sujets sont certes importants mais pourquoi avoir oublié l’eau et l’assainissement ? Certes, il y a la polio au programme et l’OMS sait parfaitement, pour l’avoir souvent écrit dans ses analyses ou communiqués, que les virus polio sauvages et vaccinaux sont des entérovirus se propageant pour l’essentiel par l’eau souillée par des excrément humains contaminés par des personnes infectées ou vaccinées avec la vaccin oral à virus vivant. L’échec des campagnes de vaccination au nord de l’Inde, dans les états les plus pauvres du Bihar et de l’Uttar Pradesh est démonstratif.

Un autre gros problème qui préoccupe beaucoup l’OMS sera d’éviter la circulation des virus vaccinaux. En effet, ceux-ci peuvent reprendre une virulence aussi redoutable que celle des virus sauvages en se combinant avec d’autres entérovirus. La seule solution sera probablement une amélioration très significative de l’assainissement. Les 68 cas de polio apparus au Nigeria en 2007 sont aussi très démonstratifs : ils ont été provoqués par des virus dérivés de la souche vaccinale de type 2 du vaccin oral trivalent alors que le virus sauvage de type 2 n’a plus été vu sur Terre depuis 1999.

Les coûts

Tout cela l’OMS le sait et plus encore mais elle n’a pas classé la polio dans la liste des maladies liées à l’eau !!! Elle en énumère 25 dont le choléra, l’hépatite A, la typhoïde et les diarrhées mais pas la poli-eau qui serait bien nommée ainsi ! Non, la polio c’est le domaine réservé de la vaccination. La campagne d’éradication coûte fort cher et les 14 millions de dollar réclamés annuellement pour le plan assainissement sont très largement dépassés. Un communiqué de l’OMS de 2006 évalue le coût du programme contre la polio pour les 3 années 2006-2008 à 1, 226 milliard de dollars :

« Pour pouvoir mener les activités d’éradication essentielles, US$ 85 millions sont nécessaire d’urgence pour la seconde moitié de 2006 et US$ 400 millions pour 2007-2008. Le budget 2006-2008 se monte à US$ 1,226 milliard. »

Un budget annuel de seulement 14 millions de dollars est certainement tout à fait insuffisant pour mener à bien toutes les infrastructures nécessaires à l’assainissement, que c’est même dérisoire et qu’il s’agit sans doute seulement du budget de l’OMS dans ce domaine et non celui des états. Néanmoins, le budget moyen annuel de l’éradication de la polio par la vaccination est de 402 millions de dollars.

L’OMS décrit ainsi son action :

« Notre action dans le domaine de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène comprend les six fonctions essentielles qui figurent dans le Programme général de travail 2002-2005 de l’OMS :

définir une politique et une action de sensibilisation cohérentes, conformes à l’éthique et fondées sur des données probantes ;

gérer l’information en évaluant les tendances et en comparant les résultats ; définir le programme de recherche-développement et encourager les travaux dans ce domaine ;

se faire l’agent du changement par un appui technique et théorique, de façon à stimuler l’action et la coopération et à renforcer durablement les capacités nationales et inter-pays ;

négocier des partenariats nationaux et mondiaux, et les soutenir ;

fixer et valider des normes et critères, les appliquer et en surveiller l’application ;

encourager la mise au point et l’essai de technologies, d’outils et de principes directeurs nouveaux en matière de lutte contre la maladie, réduction des risques, gestion des soins de santé et prestation de services. »

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 http://www.who.int/water_sanitation...

 http://www.who.int/mediacentre/even...