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Un annuaire de logiciels libres victime de son succès (hebergement amen.fr)

Publie le lundi 17 mai 2004 par Open-Publishing
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Framasoft, un des plus grands annuaires francophones de logiciels libres et
gratuits, a été suspendu par Amen.fr au début de la semaine. Pour cet hébergeur
commercial, l’audience croissante de ce site consommait trop de bande passante.

N’ayant pas les moyens de se payer une offre professionelle, les fondateurs
bénévoles de Framasoft ont cherché et trouvé une solution pour renaître de leurs
cendres. Et suscitent une vague de solidarité dans le milieu du libre.

"Notre hébergeur Amen.fr a suspendu plusieurs fois et sans préavis notre site
Framasoft en raison d’une surconsommation de ressources. Nous avons tenté de
réduire la charge en éliminant ou délocalisant certaines pages et fichiers mais rien
n’y fait, on dépasse toujours les quotas. On ne peut donc plus poursuivre dans ces
conditions." C’est le message que l’on peut lire, depuis le 4 juillet 2003, sur la page
d’accueil de Framasoft.

D’ordinaire, et depuis novembre 2001, les internautes se rendaient sur cet annuaire de logiciels libres et gratuits pour y trouver des centaines de programmes à télécharger ainsi que des documents et références autour de l’esprit du libre, destinés au grand public.

Les internautes et amateurs de logiciels libres peuvent aujourd’hui réagir et discuter sur un forum mis en place le 7 juillet sur Framasoft. Ainsi que sur Linuxfr.org, le site d’information contributif qui a annoncé la mise en berne du site le 8 juillet.

"Quoi, je rêve !"

"Quoi, je rêve ! C’est le meilleur site de démocratisation du logiciel libre !", peut-on
lire parmi les nombreux messages de soutien et d’indignation mis en ligne.
Lancé depuis la région parisienne par Alexis Kauffmann, un professeur de
mathématiques trentenaire spécialiste des nouvelles technologies, Framasoft
connaissait depuis sa naissance un succès croissant.

Dans sa philosophie, tournée vers le grand public, Framasoft prône "l’éveil" aux
logiciels libres. Sa particularité : offrir de nombreux programmes qui fonctionnent
sous Windows, l’environnement propriétaire par excellence. Alexis Kauffmann
justifie cette démarche "progressive" en expliquant qu’il est peu évident pour des
néophytes de passer de Windows à Linux et au "tout libre". Il est plus aisé de leur
faire découvrir qu’il existe une alternative à Word et Excel en leur proposant d’abord la suite bureautique Open Office, l’équivalent libre de Microsoft Office, ou Mozilla, qui remplace avantageusement le célèbre Internet Explorer.

L’audience du site s’était établie autour de 5000 visites par jour mais connaissait
des pointes grâce à l’effet réseau.

Le mardi 2 juillet 2003, raconte Alexis Kauffmann, un document de plusieurs méga-octets a été téléchargé 800 fois dans la journée après avoir été sélectionné par Linuxfr.org, un site qui connait une très forte audience.

"Ainsi en va-t-il des sites artisanaux qui rencontrent une certaine popularité, mais "le contrat est le contrat". Il n’en demeure pas moins que nous aurions apprécié un peu plus de flexibilité [de la part d’Amen.fr], eu égard au contenu et aux objectifs de notre site ainsi qu’à son organisation totalement bénévole", regrette sur sa page d’accueil l’équipe de Framasoft, qui compte six rédacteurs bénévoles, souvent aidés des informations envoyées par les internautes.

Trop gourmand pour le serveur

Contacté par Transfert, Amen.fr, qui se revendique deuxième hébergeur mutualisé
français, justifie sa décision : "Cela fait des mois que Framasoft n’est plus
hébergeable chez nous, puisqu’il ne paye pas la formule de service qui correspond
à ses besoins. Mais en plus, depuis début juillet, il consomme carrément trop",
explique Thibault, directeur du service client, qui précise que l’annuaire de logiciels
libres consomme 39,1 % de la puissance du serveur au lieu des 5 % autorisés par
le contrat, ainsi que 163 Mo de mémoire vive au lieu de 50. "Nous ne sommes pas
de mauvaise foi mais il faudrait que Framasoft passe sur un serveur professionnel
dédié", ajoute Thibault, qui affirme héberger 40 000 sites.

Pour son hébergement, Framasoft payait jusqu’ici une formule de base à 7,5 euros
par mois. Ses bénévoles disent ne pas pouvoir assumer les 150 euros mensuels
qu’il faudrait verser à Amen.fr pour passer sur un serveur dédié.

Heureusement, la fermeture du site a suscité, outre d’élogieuses oraisons funèbres,
un élan de solidarité. Nombreux sont les internautes qui ont proposé des solutions
alternatives d’hébergement commercial ou le lancement d’une souscription en ligne
pour sauver Framasoft, comme celle qui aide le navigateur libre Mozilla à assumer
ses frais techniques.

Par ailleurs, des acteurs installés du milieu du logiciel libre et de l’internet
indépendant ont eux aussi proposé de venir en aide à l’annuaire. Sur le forum de
Framasoft, Globenet s’est par exemple dit prêt à étudier comment sa plateforme
d’hébergement solidaire pourrait assumer une partie des ressources que consomme l’annuaire.

La bonne décentralisation

Dans un second communiqué publié en ligne le 8 juillet, les fondateurs de
Framasoft se félicitent de la vague de sympathie qu’ils suscitent : "Nous faisons
contre mauvaise fortune bon coeur car, même si nous nous savions lus et
parcourus, nous n’avions jamais eu l’occasion de recevoir ainsi directement l’avis de quelques-uns de nos visiteurs parmi les plus fidèles."

Pour trouver un solution concrète, Framasoft est entré en contact avec plusieurs
structures, dont Tuxfamily.org qui héberge à coût réduit ou nul des sites consacrés
au libre. Le site est également proche de l’AFUL-> (l’Association francophone des
utilisateurs de Linux et des logiciels libres) depuis qu’il a lancé avec elle, en juin
2002, une campagne pour la promotion de Linux et des logiciels libres dans
l’éducation. Très militante dans ce domaine, l’équipe de Framasoft envisage par
ailleurs de se rapprocher de Scideralle.org, une association créée en novembre
2002 pour soutenir les projets libres éducatifs.

Finalement, Alexis Kauffmann a trouvé un accord avec le CRI 74, le centre de
ressources informatiques de Haute-Savoie, qui accepte de l’héberger. "Cette
structure publique, qui héberge de nombreux projets libres, a la particularité de
regrouper aussi bien des services d’éducation que des collectivités locales. C’est de
la ’bonne’ décentralisation", explique le fondateur de Framasoft, enthousiaste.
"Après avoir dû quitter les hébergeurs gratuits puis Amen.fr, cette solution est une
bonne réponse. Et le fait que cette structure soit publique reconnait que notre site
fournit un service", se félicite Alexis Kauffmann.

Le site pédagogique autour du logiciel libre pourra donc renaître de ses cendres.
Mais il ne fera pas sa rentrée avant septembre, "pour des considérations aussi bien
techniques (configuration du serveur) qu’humaines (vacances bien méritées)".
Quand il sera à nouveau présent sur le web, Framasoft pourra peut-être mettre sur
sa page d’accueil ce proverbe indien cité par rx, un de ses lecteurs : "N’étaient les
nuages, on ne jouirait pas du soleil."

Le site de Framasoft :
 http://www.framasoft.net

Le site de l’hébergeur Amen :
 http://www.amen.fr

Le second communiqué de Framasoft :
 http://www.framasoft.net/answer.html

Framasoft n’est plus (Linuxfr.org) :
 http://linuxfr.org/2003/07/08/13178.html

"Libérons les logiciels libres à l’école !", campagne de l’Aful et de Framasoft :
 http://www.aful.org/mailman/listinfo/educ

:: : Article ou message publié le 15 mai 2004 sur le site de secours bellaciao.info pendant la fermeture de bellaciao.org - transféré le 17 mai 2004 :: :

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