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Le non irlandais va-t-il passer à la trappe ?

Publie le samedi 14 juin 2008 par Open-Publishing
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LE NON IRLANDAIS VA-T-IL PASSER A LA TRAPPE ?

Le peuple d’Irlande a dit NON au traité de Lisbonne, pourtant l’UE et sa future présidence ont décidé de bafouer la souveraineté du peuple.

C’est évidemment avec joie que nous avons accueilli le NON venu d’Irlande, seul pays où le référendum ne pouvait être interdit car il est inscrit dans sa constitution.

Les gouvernements de la France et des Pays-Bas, dont les peuples avaient dit NON au TCE en 2005, eux, se sont détournés de leur peuple et ont décidé de déléguer l’adoption du Traité de Lisbonne à leurs parlements, comme toutes les autres nations de l’Union européenne, hormis l’Irlande.

Ainsi, une fois encore, lorsque le peuple est appelé à se prononcer il rejette un traité européen.

On pourrait donc en conclure que ce NON irlandais remettra en cause l’adoption de ce traité dit « simplifié ». Pourtant ce n’est pas ce qui va se produire.

Il faut se souvenir qu’en 2001, le NON irlandais au traité de Nice n’avait pas empêché l’adoption du texte original, tout comme le NON danois de 1992 n’avait pas arrêté la marche du traité de Maastricht et que le NON français au TCE en 2005 n’a pas été respecté le 4 février 2008 au Congrès, par une majorité de parlementaires français.

Le référendum irlandais a fait peur à l’Union européenne qui a, cette fois, anticipé un éventuel rejet du traité et organisé la trahison du peuple. Le 20 février 2008, en effet, le Parlement européen approuvait le traité de Lisbonne. Les grands médias n’ont pas omis de le faire savoir. Mais ils ont omis de dire que le 13 février 2008, le député européen Francis Wurtz avec d’autres députés européens de la Gauche Unitaire Européenne, avaient déposé un amendement demandant que le Parlement européen « s’engage à respecter le résultat du référendum irlandais » sur le traité de Lisbonne.

Le bal des hypocrites : une union sans principe contre les décisions populaires

Lors de la séance plénière du Parlement européen du 20 février, cet amendement (n°32) a été rejeté à 499 voix contre 129. Et ce, en contradiction flagrante avec la résolution adoptée au même moment qui stipule que « les députés se félicitent de l’accroissement de la responsabilisation démocratique » permettant aux citoyens « d’avoir un plus fort contrôle de l’action de l’Union ».

499 députés européens ont voté CONTRE l’amendement 32, indiquant ainsi leur détermination à ne pas respecter le résultat du référendum irlandais !

Lors du débat parlementaire de ce 20 février, la députée européenne irlandaise du Sin Féin, Mary Lou McDonald (GUE), a interpellé ses collègues : « Il y a clairement une peur des référendums dans les autres Etats et je me demande pourquoi. Pourquoi alors parle-t-on tant de démocratie ? Qui ici a peur de la voix du peuple ? ».

Les 4 députés européens de gauche de nationalité française qui ont sauvé l’honneur et respecté la décision du peuple français du 29 mai 2005 sont :

Au Parti Communiste : Hénin, Jouye de Grandmaison, Wurtz

Au Parti Socialiste : Laignel

Les 46 députés européens de nationalité française qui ont osé voter CONTRE cet amendement sont :

Chez les Centristes (MoDem et Nouveau Centre) : Beaupuy, Cornillet, Fourtou, Gibault, Griesbeck, Laperrouze, Lehideux, Morillon.

A l’UMP et Divers Droite : Audy, Daul, Descamps, Fontaine, Fouré, Gaubert, Gauzès, Grossetête, Lamassoure, Mathieu, Morin, Sudre, Toubon.

Chez les Verts : Aubert, Benahmias, Lipietz.

Au Parti Socialiste : Arif, Berès, Bourzai, Carlotti, Désir, Douay, Guy-Quint, Hazan, Le Foll, Lefrançois, Navarro, Neris, Patrie, Peillon, Poignant, Pribetich, Savary, Schapira, Vaugrenard, Vergnaud, Trautmann, Weber.

Ainsi, comme par le passé, une alliance politique, entre une partie de la droite et de la gauche, a donc autorisé l’Union européenne à contourner le résultat du référendum irlandais.

La France prend la présidence de l’Union et va « se couper du peuple »

Nicolas Sarkozy, président de la République française, assurera la présidence de l’Union Européenne à partir du 1er juillet 2008.

Le 9 mai 2004, il s’exprimait ainsi à la Convention nationale de l’UMP : « A chaque grande étape de l’intégration européenne il faut donc solliciter l’avis du peuple. Sinon, nous nous couperons du peuple (...) Je le dis comme je le pense, simplement. Je ne vois pas comment il serait possible de dire aux Français que la Constitution européenne est un acte majeur et d’en tirer la conséquence qu’elle doit être adoptée entre parlementaires, sans que l’on prenne la peine de solliciter directement l’avis des Français (...) Je crains dans ce cas (vote parlementaire) une réaction d’incompréhension sévère de nos compatriotes. »

Alors, la présidence française de l’Union européenne aura-t-elle à faire face à une « réaction sévère de ses compatriotes ? »

Nicolas Sarkozy aurait raison de le craindre car ni le Parlement européen, ni la Commission européenne ne respecteront le résultat du référendum irlandais...

Une fois de plus, l’Union européenne démontre son caractère anti-démocratique, met en lumière la complicité des gouvernements de la majorité des pays qui la composent et d’une grande partie des parlementaires dont certains se prétendent de gauche.

Une preuve supplémentaire, s’il en fallait, que le principe même de l’Union bafoue la souveraineté populaire.

Cette répétition de la trahison de la voix populaire conduit de plus en plus de citoyens à poser la question de la sortie de l’Union européenne.

Une question que le M’PEP n’hésite pas en mettre en débat, sans complexe ni tabou.

Campagne « Bouger l’Europe ou sortir de l’Union européenne » http://www.m-pep.org/spip.php?article601

Communiqué du Mouvement politique d’éducation populaire (M’PEP)

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