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GRANDS PRINCIPES ET VOTES BIDONS AU PS

Publie le samedi 14 juin 2008 par Open-Publishing
6 commentaires

De Jean-Luc Mélenchon

Vendredi qui rit. Irlande en tête. Samedi grisailles et dépit. Car samedi, c’était la convention du PS sur la déclaration de principe. Plus que jamais il y avait la réunion réelle d’un côté et le récit médiatique de la réunion de l’autre. Deux scènes, deux enjeux. Certains dirigeants socialistes ne sont jamais allés plus loin que le couloir où campaient les médias. Ils n’ont pas mis un instant les pieds dans la salle. De leur côté certains journalistes ne sont pas entrés une seconde dans la salle. Pour la plupart nous naviguions de l’un à l’autre front.

En ce qui nous concerne, je veux dire “nous” la gauche du parti et mes amis en particulier (au PS notre groupe s’appelle « trait d’union »), nous avons bien dominé le match dans la salle pendant une longue phase, avec discours applaudis et bonne mobilisation de vote. Mais nous avons fini par perdre la partie lors du comptage du vote final bidonné au-delà du raisonnable. Hollande le sournois, dans le style calembour et facéties qui font son charme, a encore battu un record de foutage de gueule en entendant les protestations de la salle.

Comme ça protestait de tous côtés contre le scandale des 580 votes de délégués qu’il s’était arrogé dans une salle qui n’a jamais contenu plus de quatre cent personnes (délégués invités et journalistes compris) et les 17 voix attribuées à l’abstention alors que le quart de la salle avait levé la main à ce moment, il déclare goguenard : « quoi, qu’est ce qui se passe ? Des camarades ne sont pas contents ? Qu’on leur donne deux ou trois voix de plus ». Et comme tout le monde rit de la calembredaine, Hollande peut passer à la suite de son discours et aux sornettes creuses qu’il contient. Il aurait tort de se gêner. Il parle pour les copains copines qui servent le récit type dans la presse et qui se fichent comme d’une guigne de ce qui se dit réellement, se fait, se compte.

Aucun ne s’étonne de ce qu’aucun décompte de vote des fédérations socialistes départementales n’ait été publié, ni du sens du petit chiffre de participation affiché (40%) ni du fait qu’il ne correspond à rien des constatations faites partout. Car sur le terrain c’est à peine 25% qui ont participé à la mascarade qui consiste à voter un texte encore en cours d’amendement. Tout cela n’existe pas.

Palme d’or du récit standard composé depuis la planète mars au 13 heures de France 2, le prétendu service public : « le PS unanime adopte sa nouvelle déclaration de principe et renonce à toute référence marxiste ». La veille cette télé de connivence étalait la rage des oui-ouistes fanatisés avec une grosse manipulation sur le vote en Irlande en donnant la parole au seul Front national pour commenter le résultat. Cette manipulation n’a pas de prétexte. Car cette magnifique rédaction « éthique et indépendante », après m’avoir fait réserver un moment pour une réaction sur ce sujet s’était ensuite décommandée : « nous avons déjà trop de réactions enregistrées ».

Comme je n’avais rien demandé et que j’avais déjà eu pas mal de moyens de m’exprimer ça ne m’avait pas décoiffé. Mais quand j’ai vu le résultat je me suis dit que la défense de la liberté d’une telle engeance et de leur soit disant service public de l’information était une belle foutaise. L’autre rigolade c’est de voir Ségolène Royal sortir dans un nuage de caméras et déclarer qu’elle a « gagné idéologiquement sur tous les points » : les enregistreurs automatiques médiatiques prennent aussitôt l’air inspiré que l’on connaît.

Problème : maman n’a pas mis les pieds une seule fois à la commission de rédaction et aucun de ses amis qui y a fait de brefs passages n’y a dit un mot sur quoi que ce soit. Quand au texte final qui établit sa « victoire idéologique totale » il nous permet d’apprendre qu’elle approuve la transformation sociale “radicale” et le “système” de “l’économie mixte”, grande revenante de feu le programme commun, que contient la déclaration de principe. Mais lequel de ces répondeurs automatiques a lu le texte et l’a comparé au précédent ? Hélas, ils ne sauront rien du décryptage que j’ai fait du texte. Ni de sa portée notamment lorsqu’il renonce à la reconnaissance des « lois du marché » contenue dans le précédent texte. Ni de ses manques insupportables sur l’Europe et l’union de la gauche. En effet la madame est sortie au moment où je prenais la parole entrainant avec elle toutes les lumières que la litanie des congratulations de tribune commençaient à saouler.

Mais ce pauvre Gaêtan Gorce, lui, a bien compris. Du coup, il vote contre le texte de la déclaration de principe puisque “Mélenchon peut s’y retrouver”. Et Hollande le rusé de se donner le luxe de dire que ceux qui n’approuvent pas la déclaration de principe peuvent aller ailleurs l’essentiel étant que le parti reste capable de rassembler tous ceux qui le veulent au moment des éléctions. Rires gras dans la salle. Gorce est prévenu !

Voila comment on peut dire que Hollande et ses compères ont gagné une superbe bataille médiatique en faisant avaler à la même bande de gogos pour la quatrième fois depuis 1995 la rénovation, la modernisation, le Bad Godesberg du Parti socialiste. Cerise sur le gâteau : s’exprime à la tribune une représentante du SPD le parti qui gouverne avec la droite et qui vient traiter le Linke de « parti populiste ».

La prochaine fois, tant qu’à inviter un socialiste qui gouverne avec la droite, il faudrait faire venir Jean-Marie Bockel, car lui au moins n’insultait pas ses camarades. Mais qui se souvient qu’au congrès du Mans c’est Romano Prodi que l’on acclamait la bouche ouverte ?

Ma semaine est finie. Je suis épuisé par trois réunions publiques et par ce sketch, sans parler du reste. Je vais m’acheter des fleurs fraîches car ça me détend de le faire et que j’adore mettre un beau bouquet sur ma cheminée. Je vais oublier tout ça jusqu’à lundi

Si ca vous dit, voyez mon débat sur le site du "Figaro Magazine" à propos des langues régionales

http://www.jean-luc-melenchon.fr/?p=600

Messages

  • Les drôles de comptes du PS

    Dimanche 15 juin 2008 à 01:30 : : Michel Soudais : :#565 ::rss

    Les grands médias ne connaissent pas les nuances. Et ne s’embarrassent pas de chiffres. Vous devez donc croire que le PS a adopté samedi « à la quasi-unanimité » une nouvelle déclaration de principes, qui « enterre le marxisme », ainsi qu’une réforme de ses statuts. Pour imposer cette version, digne de la fameuse bibliothèque rose, la direction du PS s’est livrée à deux grosses manipulations.

    Vote gonflé en convention nationale

    Il est un peu plus de 14 heures à la Cité des sciences de la Villette quand Alain Bergounioux annonce le résultat du vote des délégués : sur la délégation de principes, 518 pour, 3 contre, 17 abstentions ; sur les modifications statutaires, 506 pour, 25 contre, 7 abstentions. Curieusement, ce résultat n’est salué par aucune manifestation de joie. Nombre de délégués, stupéfaits n’en croient pas leurs oreilles. Et pour cause.

    Admirez déjà la précision du décompte puisque sur les deux scrutins (à main levée) le nombre de votants (538 !) aurait été identique. Tous ceux qui ont une fois participé à un vote à main levée dans une assemblée importante, doutent qu’un tel miracle soit possible.

    Miracle, le mot n’est pas trop fort ! Car l’amphithéâtre Gaston Berger a une jauge de 920 places. Or ce matin, au moins 270 places des zones 5,7 et 8 de la fiche technique de cette salle étaient masquées par des paravents. La salle ne comptait que 650 places, dont au moins une cinquantaine étaient inoccupées et 60 réservées à des journalistes. Restent au mieux 540 socialistes, soit pile-poil le nombre de votants annoncés : des délégués (reconnaissables à leur badge rouge), seuls pourvus d’un droit de vote, mais aussi des invités (chaque fédération pouvant envoyer autant de délégués que d’invités) et des membres de droit. Combien de délégués étaient présents lors du scrutin ? Entre 250 et 300. Pas plus.

    Si réellement plus de 500 délégués avaient voté « pour », on aurait dû voir une main levée sur presque tous les fauteuils. Ce ne fut pas le cas. Force est donc de constater que la direction du PS a tout bonnement laïcisé le miracle de la multiplication des pains.

    Ce qui ne l’a pas empêché de diminuer le nombre de voix contestataires. Car si les abstentions sur la déclaration de principes n’ont pas été nombreuses, il y en eu un peu plus que les 17 du décompte officiel. Quant aux 25 « contre » du vote sur les statuts, ils relèvent d’une estimation très minorée. Interpellé au début de son discours de clôture par les protestations des délégués de Trait d’union, la sensibilité de Jean-Luc Mélenchon, qui quittaient la salle, François Hollande a consenti à un nouveau décompte... biaisé. « Je ne voudrais pas qu’on laisse un doute sur ce qu’a été le vote des militants et des délégués », a lancé le Premier secrétaire. Bon prince, il a suggéré que tous « les représentants des militants » désireux de signaler leur opposition ou leur abstention se fassent connaître auprès du secrétariat de la convention à l’issue de son discours. Ce qui n’aurait en rien remis en cause la fiction des 500 et quelques délégués favorables... Mais signait l’entourloupe.

    Aucune feuille de résultats disponible

    N’en déplaise au Premier secrétaire, le doute sur le vote des militants n’est pas près de s’estomper. Ces derniers se sont prononcés sur la nouvelle déclaration de principes et les modifications statutaires le 29 mai. Dix jours après, Solferino n’avait toujours pas rendu public le résultat de ce vote. Je m’en suis étonné dans le dernier Politis. Depuis plusieurs années, à chaque scrutin important (congrès de Dijon, référendum interne sur le TCE, congrès du Mans, vote sur le projet ou la désignation du candidat à l’élection présidentielle), le PS présente le résultat du vote dans chaque fédération. Cette fois, rien de tel. Mais des chiffres vagues.

    82,8% des adhérents ont approuvé la nouvelle déclaration de principes, 7,4% ont voté « contre » et 9,8% se sont abstenus, a annoncé François Rebsamen en ouverture de la convention nationale. En se contentant d’indiquer qu’il y avait eu 75 484 votants pour 160 000 inscrits et des brouettes. Or en l’absence d’un décompte fédération par fédération, cette participation d’un peu plus de 40% n’est pas vérifiable. Elle est même franchement sujette à caution : dans tous les départements dont on connaît le détail du vote, le taux de participation est très inférieur à ce pourcentage.

    De quoi relativiser l’image d’un PS unanime à approuver sa nouvelle déclaration de principes.

    http://www.pour-politis.org/spip.php?article565

  • Un texte édifiant de ceux qui vivent le PS de l’intérieur.
    il y a besoin urgent de clarification du côté de PRS..
    Et cela donne plus de poids aux initiatives possibles du prochain congrès du PCF.

    Choisir le moment de l’échec du libéralisme financier pour renoncer à une perspective de transformation sociale est un non-sens historique...

    Que chacun prennent ses responsabilités.

    "Si les dirigeants voient juste et que le peuple se trompe, il faut changer de peuple !" ironisait Berthold Brecht.

    Gb26100

    • << Choisir le moment de l’échec du libéralisme financier pour renoncer à une perspective de transformation sociale est un non-sens historique...>>

      Renoncer à une perspective de transformation sociale impliquerait d’en avoir eu un jour l’intention.

      Des masques tombent en ce moment. A nous de saisir cette chance de voir la réalité

  • Et dire que l’on accuse MGB de verrouiller le débat au PC.....
    Au PS il n’existe pas !!

    BOB

  • Au PCF, de la place, il y en a...

    Entrez, chers amis, devenez donc nos camarades, ici, avec nous, pour lutter avec nous, au coude à coude.

    Préparons ensemble le congrès du PCF pour son retour sur les thèmes de la lutte des classes et sur les éléments de rupture d’avec le capitalisme.

    Sortons de l’UE et rejoignons l’Alba des latinos américains.

    Salut fraternel.

    le Renard Rouge

    • ....eeeeuuuuhh... mon cher camarade :)
      Mon expérience très personnelle (qui ne saurait donc valoir comme principe,certes...) me fait me demander après bientôt deux ans d’adhésion au PC si certains de nos camarades ne préfèrent pas les anciens soces au PS ( ou au MODEM ?) plutôt qu’au PCF ;) - je pense que ça ne sert pas du tout leurs affaires tu vois....

      Bisous rouges

      LL