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Le Mouvement Européen : européen à l’extérieur, étatsunien à l’intérieur.

Publie le lundi 23 juin 2008 par Open-Publishing
1 commentaire

Depuis le NON du peuple irlandais au traité de Lisbonne, nous voyons une certaine Sylvie Goulard sur toutes les chaînes de télévision. Sylvie Goulard intervient en tant que présidente du Mouvement Européen. Elle nous explique qu’il fallait voter OUI au traité de Maastricht en 1992, qu’il fallait voter OUI à la Constitution Européenne en 2005, qu’il fallait être pour le OUI au traité de Lisbonne en 2008, que continuer l’Union Européenne est la seule politique possible, etc.

Mais Sylvie Goulard connaît-elle la source de financement du Mouvement Européen à ses débuts ?

Sait-elle qui a versé des dizaines de milliers de dollars au Mouvement Européen ?

Sylvie Goulard a-t-elle lu les livres de Vincent Jauvert ?

Sylvie Goulard a-t-elle lu les livres de Frédéric Charpier ?

« Fin 1951, un organisme secret est créé à Washington, le « Psychological Strategy Board ». Sa mission est de coordonner les opérations de guerre psychologique contre le Kremlin partout dans le monde. Le premier plan vise à « réduire l’influence du Parti communiste en France ». Nom de code : « Cloven », puis « Midiron ». Le programme est très détaillé. Des extraits, en vrac : « Aider à détruire la respectabilité du Parti communiste : discréditer ses efforts dans la Résistance ; faire connaître des scandales impliquant des leaders communistes ; réduire l’implantation de la CGT chez Renault au niveau de celui chez Citroën. » Et aussi : « Assister et si nécessaire endoctriner les Français connus qui ont un temps été communistes et qui peuvent devenir des propagandistes anticommunistes. Produire des films anticommunistes par le biais de sociétés françaises de façade [c’est-à-dire contrôlées par la CIA] ».

Conséquences pratiques : des groupes anticommunistes, tel « Paix et liberté » de Jean-Paul David, reçoivent des subsides importants de l’Agence. Le « Congrès pour la liberté de la culture » et la revue Preuves également. L’« Institut d’histoire sociale », des journaux socialistes de Léon Blum et de Guy Mollet, des partis de la troisième force, ceux de Pleven et autres, aussi. Et puis la CIA aide le Mouvement européen de Jean Monnet. Et l’USIA [United States Information Agency] gère en sous-main une agence de presse qui fait publier incognito des articles dénonçant la dictature stalinienne. Elle est aussi derrière des maisons d’édition qui publient des livres anticommunistes ou pro-américains, et des maisons de production qui tournent des films favorables à Washington. Quand de Gaulle revient au pouvoir en 1958, l’Amérique contrôle des pans entiers de la vie politique, sociale et même culturelle de la France. »

(Vincent Jauvert, « L’Amérique contre de Gaulle », Seuil, page 209)

« De toutes les contributions de la CIA à la cause européenne, la plus importante a sans doute été la campagne de soutien au Mouvement Européen, lancée en 1951 par Shepard Stone.
En 1951, Shepard Stone ne travaille pas encore pour la fondation Ford. Impressionné par l’énorme manifestation organisée cette année-là par la jeunesse de Berlin-Est contre les « bellicistes occidentaux », le haut-commissaire allié en Allemagne John McCloy, son patron d’alors, demande à Shepard Stone d’étudier un moyen de riposter. Shepard Stone se tourne alors vers le Mouvement Européen. Plutôt que répliquer par une opération ponctuelle, ses dirigeants lui suggèrent une campagne de longue haleine afin d’attirer la jeunesse vers les thèses d’une Europe unie. Cette proposition une fois acceptée, débute une campagne de la jeunesse européenne qui durera de 1951 à 1959.
Pour la seule année 1952, elle se traduit par 1899 sessions et conférences, la distribution de 1,8 million de brochures, et 900 projections cinématographiques. Tous ces frais sont couverts par la CIA.
En 1975, le magazine londonien « Time Out », premier à livrer des chiffres précis, révèlera le rôle de la CIA et l’importance des fonds qu’elle a consacrés au Mouvement Européen. A Paris, ils ont transité par le Centre d’Action Européenne. »

(Frédéric Charpier, « La CIA en France, 60 ans d’ingérence dans les affaires françaises », Seuil, page 178-179)

Et aujourd’hui ?

Est-ce que la CIA continue à financer le Mouvement Européen ?

Il faudra poser la question à Sylvie Goulard.

Messages

  • Je vais peut être en surprendre beaucoup mais la guerre froide est terminée... et le mur de Berlin bel et bien à terre... sauf erreur ??
    Alors si le Mouvement européen a été financé par les américains il y a plus de 50 ans (cela reste encore à vérifier), c’est aujourd’hui une simple association de militants fédéralistes, rien que de très respectable. Sylvie Goulard est très présente dans les médias et le mérite largement. elle signe régulièrement des articles dans le journal Le monde et a écrit plusieurs essais (au Seuil notamment). Elle est chercheur associé au CERI et enseigne au collège de Bruges. Membre du Groupe des conseillers politiques du Président de la Commission européenne Romano Prodi. Rien de mystérieux ni d’illégitime.