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Communiqué d’Attac-Suisse sur le FCM

Publie le vendredi 4 juillet 2003 par Open-Publishing

Communiqué d’Attac-Suisse sur le FCM
et la participation de J. Nikonoff, président d’Attac-France, à ce
dernier.


Lausanne, le 30 juin 2003,

La 15ème édition de Forum de Crans Montana vient de se terminer.
Ce forum, dont un des buts premiers est l’intégration et
la promotion des pays du Sud ainsi que des pays de l’Est à l’économie
de marché, a une fois de plus réuni autour d’une même table
acteurs économiques privés et dirigeants de pays au souci
démocratique peu avéré. Sponsorisée entre autre par Syngenta,
Tamoil ou encore BP, mais soutenue aussi autant par la Banque
Mondiale que par l’ONU, cette édition aura ainsi rassemblé tant
M. Ravalomana, multi-millionaire du yaourt et président de
Madagascar, que M. Obasanjo, président du Nigéria (pays membre
du NEPAD), ou encore le président de l’Equateur, M. Gutierez
qui s’est fait remarquer suite à ses politiques d’austérité.

Un moment attendu de ce sommet aura été la visite de l’ancien
consultant d’Unocal aujourd’hui parachuté Président de l’Afghanistan :
M. Karzaï. Cette venue fit d’ailleurs suite à la visite d’une
délégation du FCM composée de M. Carteron (organisateur du
forum) et de représentant de grandes entreprises dont Syngenta
en Afghanistan, officiellement pour lui remettre le prix
de la fondation pour ses efforts de reconstruction du pays.

Toutefois, le point fort de cette édition restera sans doute
la journée consacrée à l’Iran. Déjà fortement présents lors
des précédentes éditions les dirigeants iraniens se sont
fait fort de montrer les disponibilités de leur pays à appliquer
les directives du FMI en vue d’une demande d’adhésion à l’OMC.
Répondant aux questions des journalistes sur les derniers
mouvements étudiants qui eurent lieu dans son pays contre
le projet de privatisations des universités, Mohammad Hossein
Adeli, vice-ministre iranien des Affaire économiques, déclarait : "Le
problème s’est réglé de manière satisfaisante. Le président
Khatami était d’accord avec eux et le gouvernement a répondu
positivement aux demandes qui lui ont été formulées. L’expression
populaire se fait en Iran, comme en France et ailleurs en
Europe". Plus de 4’000 étudiants ont été arrêtés durant cette
révolte.

A l’heure actuelle, le gouvernement dit encore détenir plus
de 80 personnes qui sont aux mains du Ministère du Renseignement.
Certains étudiants risquent jusqu’à la peine de mort. Cependant,
M. Adeli a raison malgré lui sur un point : l’expression populaire
se fait en Iran, comme en France et ailleurs en Europe. L’expression
populaire se fait et doit se faire. Face aux projets de zones
de libres échanges (comme celui proposé lors dernier WEF
en Jordanie pour le Moyen-Orient), face à la marchandisation
du monde au profit d’une infime minorité, l’expression populaire
doit se faire et se fera malgré les répressions.

C’est pourquoi Attac-Suisse se dit surpris d’apprendre par
la presse que le président d’attac France, Jacques Nikonoff,
a participé au Forum de Crans-Montana et nous tenons à clarifier
que nous n’avons pas été intégré dans cette démarche et que
nous nous en distancions. Ce n’est pas parce que des dirigeants
de pays du Sud participent à ce forum qu’ils représentent
forcément les intérêts et espoirs de leur population.

Contrairement à l’appréciation de M. Nikonoff, nous ne pensons
pas que le Forum de Crans-Montana n’ait rien de comparable
avec un G8 ou un forum de Davos. Bien au contraire, nous
y voyons une certaine continuité dans la volonté d’étendre
les mécanismes de marché, de garantir les conditions de libre
exploitation et de libre profit. Si, comme le dit M. Nikonoff, "à Davos,
les pays du Sud ne sont que des otages", il n’en va pas autrement à Cran
Montana, du moins pour leur population. Les récents événements
d’Iran sont là pour nous le rappeler.

Attac suisse tient donc à réaffirmer que dans les
conditions actuelles, au "dialogues" orchestrés par les Global
Leaders, nous préférons chercher le dialogue avec les mouvements
sociaux en provenance des régions touchées par la mondialisation
néolibérale et la guerre, le dialogue et l’action avec les
organisations participantes aux contre-forums.


Contact pour la presse : Alessandro Pelizzari

04.07.2003
Collectif Bellaciao