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Le Monde est-il en douce en train de lâcher Nicolas Sarkozy ? (zaz)

Publie le lundi 30 juin 2008 par Open-Publishing
5 commentaires

Avertissement :

Comme le lecteur le sait déjà, la mention "zaz" accompagnant nos textes indique une manière d’écrire délibérément décalée, qui ambitionne par un éclairage oblique à plus de perspicacité dans l’analyse politique.

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1. Face au vaste monde et au petit nommé la France, notre incompréhension première très profonde

Face au vaste monde, disons la Terre, dans lequel nous vivons d’un œil observateur pour l’essentiel (tremblements de terre, typhons, famines, guerres), et face au petit monde, nommé la France, dans lequel nous vivons concrètement de deux façons possibles, « la façon heureuse pleine » formatée des magazines (cad appart côté sud ou côté ouest, voiture, bon boulot, sorties, vacances bientôt, etc.), ou « heureuse vide » (cad. l’énumération précédente en moins), mais heureuse quand même, si, si ! (d’après l’UMP et d’après tous les économistes), le fait est que le dernier d’entre nous doté qu’il est nécessairement d’une télé, le dernier d’entre nous donc s’interroge et cherche la clé globale du bidule.

Nous disposons en fait de nombreuses clés globales du bidule, bien répertoriées, qui connaissent des succès inégaux selon le lieu et selon le temps. On peut noter la marxiste, bien sûr, de loin la plus connue, mais déprimée en ce moment, la mondialiste libérale non moins connue (écoutez BFM, écoutez d’ailleurs tout ce qui s’entend abondamment comme radios), qui est rayonnante, l’altermondialiste combative des sites alternatifs, l’anarchiste en drapeau noir qui t’explique dans un monde sans boulot quel est ton droit à la paresse. Ce sont celles que nous maîtrisons communément. Mais il y a en a tant d’autres de droite ou de gauche, dont certaines sont récessives, purement de forme ou de coquetterie, la vieille maurassienne-barressiste autrement dit pétainiste, celle d’Isis et d’Osiris ou d’Hermés trismégiste ; il y a aussi la trotskiste qui se défend encore bien petitement, la babouviste qui a notre affection. Bref nous ne manquons pas de grilles d’analyse. Eh bien, nous les ocsénistes, ça ne nous satisfait pas cependant comme on voudrait.

Et pourquoi, thons d’ocsénistes, ça ne vous satisferait pas ? Vous voulez quoi ? réécrire le Kapital, réécrire le Corpus Herméticum, l’Avesta et tout ce qu’on sait sur Ahura Mazda ?

 Oui, si on pouvait, on voudrait ! En gros, l’ocsénisme pense que le monde est cafouilleux et en même temps très facétieux à sa manière. On dit bien à sa manière !

Prends la France d’aujourd’hui, sous le régime de Sarkozy : il y en a plusieurs lectures, dont naturellement la très triste (prise au hasard dans la liste au-dessus) et puis la zaz. La très triste est tragique et blablabla et blablabla. La zaz n’est pas simplement comique comme on le croit, on sent bien qu’il va falloir qu’on vous explique ça.

Procédons d’abord par ordre avec un brin de méthode. Il y a, disions-nous, le monde, qu’on a désigné comme vaste et qui à coup sûr nous influence, y a le petit, dit France, qui certes n’est pas en tant que landerneau un absolu cadeau, et il y a Sarkozy maintenant comme président. Ce que l’on veut soutenir c’est que Sarko si sidérant soit-il n’est pas une excroissance sortie ex nihilo, Sarko procède des deux autres. Et si Sarko est cliniquement, soutiennent du moins ses ennemis, une tumeur maligne, c’est que les corps qui l’ont produit n’étaient au fond pas sains. Bref il y a du naturel dans la pire des maladies, toutes ne viennent pas d’un virus choppé à l’extérieur, il y a souvent très simplement de mauvaises habitudes prises par ailleurs.

2. Sarko est d’un certain côté notre auto-punition

Si tu poses la question de savoir si le sarkozysme est un nazisme, comme certains l’ont froidement fait un an plus tôt pendant l’élection, tu fais pleurer de connerie, si tu poses celle plus raisonnable de savoir si c’est un humanisme, tu fais pleurer de rire, et si tu énonces qu’il s’agit d’un affairisme, tu fais pleurer de banalité.

On ne va pas ici re-démontrer que la flèche du pouvoir marche massivement dans un gros sens, que les riches s’enrichissent, les grands grandissent et les gros grossissent, même si parfois les petits le font un peu grâce aux statistiques. On ne va pas re-démontrer que les journalistes journalent principalement à leur profit, les écrivains éditent de même, les belles bêlent et les beaux baisent. On ne va pas re-démontrer que les politiques à tant faire se dégagent un max avant de dégager pour les autres, on ne va pas re-démontrer que les speakerines qui parlent bien, taillent aussi des ménages (faut pas être absurde quand même, pourquoi se priveraient-elles de l’usage de la luette ?). On ne se limite en tout que quand on n’en peut plus. Et en haut, le constat prouve la qualité, dans l’excès jamais ils ne se montrent épuisés.

Cela étant sobrement rappelé, qui est très vrai, on voit bien que le monde n’est pas clairement compris. Il manque les corps intermédiaires comme disent les cuistres politiques à la télé. Les corps intermédiaires, le tissu conjonctif, dans lequel sont baignés, voire noyés (surtout noyés) tous nos rapports de force, c’est la représentation. Car tout est représenté dans tout ce qu’on fait, qu’on veut faire ou qu’on a fait. Tout est « médiatisé », serait le mot exact moderne, mais selon nous medias chosifie la tendance collective et la met dans quelque chose qui n’est pas nous et nous déresponsabilise commodément. Nous sommes responsables, soutenons-nous : de la radio, la télé, des journaux, de nos formes de protestation et de nos formes d’esclavage.

Même quand on a voté contre lui, Sarkozy, on doit dire qu’on l’a voulu. On l’a voulu parce qu’on a véritablement voulu un style de société. On ne dira pas que la société d’avant était meilleure évidemment, mais on peut s’efforcer de dire de quoi celle-là est faite sans affirmer ni nier de quoi elle est probablement coupable. Sauf que c’est un gros boulot.

Je sais pas moi ! Tiens prends la musique, c’est un truc a priori que t’estime pas politique. T’as pas inventé le MP3, t’as pas inventé l’iPod, t’as même pas inventé la musique, t’es irresponsable, mon œil ! t’as inventé un style de vivre. Tu sais dans le métro tout ça. Avec la planche à roulettes, etc. Jusque là, y a rien à ajouter ! t’as bien le droit d’aimer la musique, de te saigner la veine cave et de taper ta mère pour aller au Zénith.

Or quand 80 pons de la chanson que tu tenais pour des dieux s’unissent dans une déclaration pour t’interdire de copier illégalement la musique en ligne, brusquement t’es floué ! ah, les salauds, bourrés de thunes, les pourris ! T’es dans le cas même d’une irresponsabilité responsable, tu bavasses, tu t’en veux, tu leur en veux, t’es dépassé.

Tiens encore ! t’es pour le sauvetage de la planète, l’air pur, l’eau, l’oxygène, t’es contre les OGM, c’est bien ton droit non, mieux c’est ta mission ! Ben dis donc t’es gâté, la mission s’élargit, t’as EDF, GDF, GAZPROM, SUEZ, El Quaida bientôt, Monsanto même, qui te font des clips pour le sauvetage de la dite planète. Regarde à la télé ! Belle victoire d’une part, d’autre part ils te prennent obligeamment pour ce que tu es. Nous ce qu’on en dit, c’est seulement pour te montrer qu’on se fait attraper par le côté de soi qu’on croyait le meilleur. Et on voit pas comment on peut lutter, on peut pas sur tout par précaution s’interdire dès avant de causer et de faire.

Tiens, les montres ! tous tes journaux t’en ont sorti deux par an de pleines pages sur papier glace. Tu n’as jamais rien protesté que je sache contre les montres. Alors que peux-tu dire quand Sarko s’en met une de 170 000 euros au poignet ?

Donc Sarko est bruyant, très, il fait beaucoup de gestes, beaucoup plus que la reine d’Angleterre, mais est-ce que les siens en font moins, ou bien ses ennemis ? Sarko et Ségolène ont montré conjointement dans l’expression qu’ils étaient exactement tous les deux bien de leur temps. Encore ont-ils eu l’amabilité de n’arriver pas en costume de scène. Quand le moment sera venu ils nous feront l’un la marche des fiertés de l’UMP, l’autre celle du PS. Et pourquoi qu’ils ne le feraient pas ? que voudrais-tu insinuer ? salaud !

On change de paradigme les gars, et la question est de savoir si ce qu’on fait marche ou pas et si on est dans le mouvement. Par exemple pour Ingrid Bettancourt, ça a un peu fouaré selon notre avis, c’est tout. On était dans l’esprit du temps totalement.

Donc Sarkozy étonne, c’est ce qu’on peut dire dans l’immédiat, mais il nous étonne avec des trucs qu’on avait tous largement avant débroussaillé !

Sûr que même les journaux qu’on croit pourtant extrêmement fayots, même les journaux sont sidérés. Sarko même, a contrario, génère de premiers signes d’évolution fondamentaux. On va vous parler du journal Le Monde.

3. Germes d’évolution : le cas du Monde

Vous avez vu que dans tout ça, on ne vous parle pas du fond : Sarko est-il bon ou mauvais pour notre société ? n’est pas tellement en fait au centre du propos. C’est parce que dans une démocratie la question n’a pas vraiment de sens. Remontez supra à l’histoire de la flèche du pouvoir, elle n’a jamais été dans le sens-aller que vous imaginiez. Depuis 14-18, on sait très bien qu’une guerre ne se fait pas pour les gens, ni une économie, ni une évolution juridique majeure, ni même une religion.

Laissons cet aparté. On vous l’a dit, tout est primo une question de représentation. Les choses étant subtiles à percevoir on veut vous y aider modestement. On ne prendra pas le Monde d’aujourd’hui qui est plutôt très mauvais malgré le supplément sur Obama (ou à cause), mais celui du mercredi 25 juin qui semble bon pour la démonstration. Le titre principal est en effet accrocheur en première page : « Les Français sont en proie à un malaise social rampant ». Tu penses s’ils sont en proie ! Tu te demandes en vérité si on fonce pas dans le mur ? Tu penses comme on y est ! on crache la brique et le crépis par les deux joues.

Eh bien ce n’est pas ça qui trouble complètement le Monde, ce qui trouble Le Monde, vachement, outre l’agitation entretenue du PAF, de la pub, etc. c’est l’idée du matin, que le président de la république nommera désormais le président de France télévisions. « Le patron de la télé publique sera nommé par l’Elysée ». Pour Dominique Dhombres trop, c’est trop. « Nicolas Sarkozy tranche de tout et s’occupe de tout… C’est un numéro de Cabaret. » Dans cette « pantalonnade », le Monde micmaque en vrac Copé, Bouygues, Bolloré, Carolis et Albanel. Nous aussi, sauf que nous on s’en fout totalement.

Faut-il voir dans cette humeur, dans cette indignation du Monde une brusque résurrection ? c’est possible !

Toutes choses égales par ailleurs, le Monde garde son sang froid usuel auquel on est habitué, on veut dire avec la gauche. Il a ces titres apparemment très preux (ou creux) qui font notre bonheur à tous. Exemples incomparables : « Martine Aubry veut restaurer les valeurs historiques du socialisme ». Ou dans les « bonnes feuilles », avec le livre de Ségolène, il sort avec un grand sang-froid « Ma gauche est celle qui affronte la réalité, qui ne se résigne pas ».

Nous sommes là dans le classique, nous sommes prêt à vous montrer que vers la droite, le Monde sort quand même du classique et que ce n’est pas sans signification.

Le Monde en douce développe un nouveau truc qui paraît intéressant. Un discours qui dit sans dire mais en disant, un discours en quelque sorte en porte-à-faux mais portant bien. Nous ne comprenions pas tout à fait à l’Ocséna même après avoir lu le petit cours d’autodéfense intellectuelle de Normand Baillargeon qui aurait dû nous préparer indirectement la voie. Notre lux s’est éclairée soudainement quand trente voitures de police passant en pimpotant devant un lycée ont été applaudies à tout va au lieu d’être huées comme on s’y attendait par des élèves complètement hilares.

Le truc du Monde donc, c’est l’article Sarkozo-bizarre. Une manière de paralogisme. Trois exemples rapides pour abréger : La nouvelle Calédonie, l’Otan, l’Europe des 27 impactée France.

3.1 La Nouvelle-Calédonie et son indépendance, par Xavier Ternisien du Service Europe-France. Synopsis : à propos de la Nouvelle-Calédonie, selon Michel Rocard « le concept d’indépendance n’a plus de sens ». D’ailleurs les Zoreilles sont désormais plus nombreux que les Canaques. Et les indépendantistes ne sont plus du tout indépendantistes. Donc tout va très bien se passer pour le referendum de sortie où le non va l’emporter superbement. Sauf si la complication l’emporte ce qui n’est quand même pas impossible ce qui fera un vrai de vrai bordel. Démontrant un vrai bonheur réel pour commencer on démontre aussi un vrai malheur possible pour terminer.

3.2 Un geste sans importance (La France retourne dans l’Otan), par Daniel Vernet. On attend beaucoup du retour de la France dans la structure militaire de l’Otan. On s’attend surtout à trouver de l’argent des USA qui ne veulent plus du tout en mettre pour une Europe qui ne veut pas en mettre elle-même. Conclusion le mouvement français est très beau en même temps qu’il ne l’est pas puisqu’il est d’abord pipeau.

3.3 L’Europe du non irlandais, le non irlandais n’a normalement pas la moindre importance comme vous savez. C’est une affaire au fond déjà réglée, si on a mis tant de pages dans le traité simplifié c’est par dénégation maline puisqu‘on avait tout acté en douce déjà dans le machin niçois avant. Conclusion, Sarko et Merkel font une union sacrée pour que ça repasse ou que ça casse, ce qui est d’autant plus intéressant que ce n’est pas indispensable. Mais pourquoi donc faire cela ? On vous dit pas pourquoi c’est important de s’y intéresser de près, mais voyez que s’y on ne s’y intéressait pas on avouerait que ce n’est pas important aux pays de l’Est qui eux déjà n’y croient pas trop, or il faut que ça le soit pour qu’ils y croient vraiment. Vous suivez ?

Le Monde entre dans une logique larvée toute nouvelle qui fonctionne, selon nous, sur le modèle du koan zazen, c’est sa manière à lui de réagir à un monde qu’il avait et que nous avions beaucoup laissé filer nous même.

Le Monde laisse-t-il tomber Sarko ?

C’est beaucoup trop tôt sans doute pour le dire.

4. Conclusion néanmoins majeure

Nous croyons à une nouvelle bifurcation du paradigme médiatico-collectif dont on ne mesure pas encore tout le potentiel et l’incidence. Les plus avisés d’entre vous auront noté que Le Monde presque mystérieusement et sur la pointe des pieds était aussi entré dans le zaz. En dernière page, il y a chaque jour à présent un billet de Robert Solé à la manière de l’Ocséna. Nous avons beaucoup aimé le « Domenech, salaud, on aura ta peau ». Le « Alain Ducasse a choisi de devenir monégasque… Il renonce de ce fait à la nationalité française et une partie de ses impôts. ». Et le « Ah non ! ils ne vont pas nous supprimer la pub, c’est ce qu’il y a de meilleur à la télé. Sans compter que ça permet d’aller pisser et au frigo. »

Alain Serge Clary et les Inoxydables philosophes de l’Ocséna vous saluent bien !

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Les Pensées zaz de l’Ocséna

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