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Crise du logement : le Carlton de Genève occupé !

Publie le lundi 24 mai 2004 par Open-Publishing

L’hôtel Carlton, sis rue Amat dans le quartier des Paquis à Genève, a été occupé ce matin même (19
mai 2004) par des personnes en formation ou à bas revenu, parmi lea premières victmes de la crise
du logement qui sévit à Genève depuis plusieures années déjà.

Ceci est un appel au soutient pour cette action. N’hésitez pas à vous rendre sur place !! Pour
plus d’informations quant aux motivations et arguments des occupant-e-s, nous faisons suivre le
communiqué de presse :

Suite à la situation financière critique de la Banque Cantonale Genevoise en 1999, le Grand
Conseil de la République et Canton de Genève a adopté, le 19 mai 2000, une loi portant sur
l’autorisation d’augmenter le capital-actions de la BCG et la création de la Fondation de valorisation des
actifs de la BCG.

Ainsi, les 5,067 milliards de crédits avec gage immobilier acquis par la BCG et garantis à
concurrence de 5 milliards par l’Etat de Genève sont transférés vers la Fondation, dont la mission est de
favoriser la gestion, la valorisation et la réalisation d’un maximum de ces crédits, difficiles à
recouvrer. Le portefeuille de la Fondation est ainsi composé de non moins de 1417 objets et les
expertises permettent d’envisager le recouvrement de la moitié seulement des 5,067 milliards
engagés. Les 2,5 milliards restant seront donc comblés par le budget de l’Etat, autrement dit financés
par les impôts.

Ceci illustre bien l’adage selon lequel le néolibéralisme conduit à la privatisation des bénéfices
tandis que les coûts sont reportés sur la collectivité. Les contribuables genevois essuient ainsi
les pertes de la BCG, pertes dues à la gestion désastreuse et peu orthodoxe de l’établissement par
ses dirigeants, de mèche avec les milieux immobiliers. Le parc immobilier de la Fondation de
valorisation peut donc être considéré comme propriété du peuple contribuable genevois.

Les difficultés de la BCG étaient de manière évidente liées aux flambées spéculatives des années
80-90. La situation immobilière genevoise, actuellement désastreuse, est quant à elle la
conséquence de ces années de spéculation. La crise a aujourd’hui dépassé le seuil critique. Le nombre de
logements disponibles est largement insuffisant pour satisfaire la demande et leur prix bien trop
élevé, à plus forte raison encore pour les personnes à bas revenus. De plus, le logement alternatif -
squat, contrats de prêt à usage, etc. - subit des pressions répétées et son nombre diminue de jour
en jour mettant à la rue des centaines de personnes, auparavant pourtant logées !

Il suffit de citer les cas de l’hôtel California et du Rhino pour en avoir des illustrations
actuelles et concrètes. A ce propos, nous nous joignons au députés ayant déposé une motion invitant le
Conseil d’Etat à fournir des logements d’urgence aux personnes expulsées de leur appartement afin
dénoncer l’inaction de celui-ci face à la mise à la rue des habitants du California. Aujourd’hui,
la situation exige donc une forte volonté politique afin d’inverser la tendance et d’affirmer la
priorité des finalités sociales sur la logique du marché. Il s’agit en effet de donner la priorité
au logement et à la vie populaire des quartiers sur les activités commerciales, et ce,
particulièrement au centre ville.

La loi garantit d’ailleurs, au même titre que le droit à la propriété, le droit au logement. Dans
le but de promouvoir de droit, l’Etat doit non seulement utiliser son droit de préemption, mais
encore adopter une politique d’acquisition immobilière plus active, notamment à l’égard des biens de
la Fondation de valorisation précitée. En agissant ainsi, l’Etat se donnerait deux moyens de créer
les logements nécessaires, moyens également proposés par les députés dans leur proposition de
motion précitée.

L’hôtel Carlton, en faillite depuis la fin de l’année 2003, est précisément devenu propriété de la
Fondation de valorisation. Ce bâtiment est tout à fait emblématique des possibilités qui s’offrent
aux pouvoirs publics en matière de logement. Composé de 120 chambres équipées de coin cuisine, il
se prêterait parfaitement à l’accueil de personnes à bas revenus désireuses de développer une vie
culturelle et communautaire à Genève. L’Etat du Valais s’était porté acquéreur de cet immeuble
pour 12 millions à la connaissance du DAEL et de Laurent Moutinot en personne.

Le Valais projetait de créer des logements pour ses citoyens étudiant à Genève mais l’hôtel a
finalement été vendu, selon nos sources, à une banque allemande. Cette décision, nécessairement
avalisée par le Grand Conseil selon les statuts de la Fondation de valorisation, démontre la primauté
donnée à l’engrangement de deniers sur une possibilité de création de logement. Il est pourtant du
ressort des pouvoirs publics d’affirmer, face à la situation de crise, la priorité au logement !
Quelle est l’utilité de renflouer la Fondation de quelques millions s’il faut ensuite en dépenser
autant, voire plus pour créer des logements sociaux et financer l’aide sociale ? Il est possible,
avec l’hôtel Carlton, de créer des logements rapidement et à moindre frais !

Par conséquent :

 Nous demandons que les pouvoirs publics, l’Etat ou la Ville de Genève, concrétisent réellement
leur volonté de résoudre le problème du marché de l’immobilier genevois ;

 Nous demandons que les biens immobiliers en main de la Fondation de valorisation des actifs de
la BCG soient utilisés dans ce but ;

 Nous demandons par conséquent que soit fait usage du droit de préemption s’agissant de l’hôtel
Carlton, sis au 22-24 rue Amat et ex-propriété de la Fondation de valorisation, et qu’une offre de
rachat, équivalente à celle des investisseurs privés, soit formulée ;

 Nous demandons que ce lieu soit réaffecté au logement de personnes à bas revenus, ce qui
offrirait un début de solution, rapide et peu coûteux en termes d’infrastructure, vers une amélioration
de la situation du logement à Genève.

Collectif d’habitant-e-s du Carlton et plusieurs sympathisant-e-s

 http://www.indymedia.ch/fr/2004/05/22854.shtml
Quelques photos de l’hôtel occupé

 http://www.indymedia.ch/fr/2004/05/22868.shtml
Situation et avis d’expulsion signé

 http://ch.indymedia.org/fr/2004/05/22907.shtml
Petit déjeuner anti-évacuation et photos