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Réponse de la Ville de Frontignan à la manif anti-Battisti

Publie le mardi 25 mai 2004 par Open-Publishing

Ce samedi 15 mai 2004, à l’initiative de quelques militants UMP déguisés pour l’occasion en un pseudo "Comité pour la défense de l’honneur de Frontignan", une quarantaine de personnes s’est rassemblée devant l’Hôtel de Ville de Frontignan la Peyrade pour manifester leur désapprobation devant le soutien que la Ville a apporté à Cesare Battisti en février dernier suite à son arrestation.

Qu’une partie de l’UMP locale (soit une dizaine de personnes dont MM. Alquier et Ferrier, entourées de quelques élus venus de Sète et de Balaruc-les-Bains avec leurs gardes du corps respectifs) prenne prétexte de "l’affaire Battisti" pour tenter de se faire un nom dans le paysage électoral frontignanais, c’est après tout de bonne guerre et correspond à une façon, certes particulière mais malheureusement persistante, de concevoir la politique.

Mais que ce groupe informel continue par ces actes et ces prises de paroles à travestir la vérité et à s’ériger en juges révisionnistes d’une histoire qu’ils ne connaissent manifestement pas, cela est inadmissible et dangereux.

Non pas parce qu’ils s’opposent par principe à une décision, car cela est leur droit le plus absolu. Mais surtout parce qu’ils persistent à asséner des mensonges et des contre-vérités entendus de-ci de-là dans l’unique but de dresser un portrait apocalyptique de Battisti et de faire du Maire de Frontignan un apologiste du terrorisme international.

On en rirait presque si le sort d’un homme n’en dépendait pas. On en rirait presque s’il n’était question ni plus ni moins dans cette affaire que du respect d’une décision de justice française et de la parole donnée par la France voici près de 20 ans. On en rirait presque si ceux qui se targuent d’honneur dans cette histoire n’allait pas jusqu’en oublier celui de leur pays au point de se retrouver pour le coup dans le mÍme camp notamment qu’un groupuscule d’extrÍme-droite, responsable d’une intervention musclée en mars sur le marché de Frontignan et héritier d’un mouvement dont l’un des membres a essayé d’attenter à la vie du Président Jacques Chirac.

Non, n’en déplaise à MM. Alquier et Ferrier, Battisti n’a jamais fait partie des Brigades Rouges, comme ils le prétendent et l’écrivent, mais d’un groupe d’extrÍme-gauche comme il en existait des dizaines dans l’Italie des années de plomb. Non, Battisti n’est pas responsable de 5000 attentats, 400 morts et 200 blessés. Non, Battisti n’a pas eu droit en Italie à un procès équitable.

En février dernier, la Ville de Frontignan la Peyrade a apporté son soutien à Cesare Battisti parce qu’elle trouvait légitime de se positionner sur un dossier qui mettait en cause un auteur de roman policier déjà invité à trois reprises au Festival international du roman noir. Elle a décidé de le faire citoyen d’honneur pour mettre en lumière symboliquement le cas Battisti et répondre à la brutalité de son arrestation. Depuis, la Ville de Paris l’a placé sous sa protection et de nombreux élus de droite comme de gauche ont également manifesté leur soutien tout comme la majorité des partis politiques et des syndicats. Depuis, plusieurs dizaines de milliers de citoyens français ont signé une pétition en faveur de Battisti et du respect de la parole donnée par la France. Depuis, des républicains français de tout bord, des personnalités connues et respectées bien au-delà de nos frontières se sont positionnées dans le mÍme sens. Et je préfèrerais toujours défendre l’honneur de la France aux côtés d’Edgar Morin, Pierre Vidal-Naquet, Stéphane Hessel, Madeleine Reberioux, les époux Aubrac, Bernard Henri-Lévy, Daniel Pennac, Fred Vargas, voire mÍme Alain Juppé ñPremier ministre qui a accordé sa carte de résident à Battisti en 1995-, pour n’en citer que quelques-uns, plutôt que de défiler aux côtés de révisionnistes locaux qui se servent sans vergogne du cas Battisti pour aller "draguer" des voix d’extrÍme-droite dans la perspective de prochains rendez-vous électoraux.

Alors le maire de Frontignan, est-il "gauchiste, partisan et solitaire", comme ils le disent ? Non, tout simplement : fidèle à la parole donnée, partisan de la République et solidaire d’un large rassemblement citoyen.