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Italie : défaite des liquidateurs au congrès du PRC

Publie le mardi 29 juillet 2008 par Open-Publishing

Italie : défaite des liquidateurs au congrès du PRC

Le 7ème congrès du Parti de la Refondation communiste, PRC, s’est achevé ce dimanche 27 juillet sur un résultat marquant qui doit appeler toute l’attention des communistes français.

La direction sortante a été mise en minorité. Le dauphin de Fausto Bertinotti, Nichi Vendola, a été battu dans l’élection du nouveau secrétaire général du Parti, par 142 voix contre 134. Le congrès a adopté une résolution, par 342 voix sur 646, affichant sans ambiguïté la rupture avec la stratégie et les pratiques politiques mises en œuvre jusqu’à présent.

Les points essentiels :

 La stratégie de « dépassement » du parti, de liquidation, dans une « gauche arc-en-ciel » ou une « chose rouge » est définitivement abandonnée. Même certains tenants de cette option ont été obligés de mettre de l’eau dans leur vin et de parler de « fédération ».

 L’existence du Parti, avec sa référence communiste, et la nécessité de son renforcement, politique et organisationnelle, sont au contraire soulignées dans le texte de résolution.

 La collaboration « organique » avec le Parti démocrate (social-libéral) est condamnée, comme la reproduction de la participation au gouvernement Prodi.

 La volonté a été actée de donner la priorité au mouvement populaire, aux luttes contre la politique de la droite berlusconienne et du patronat, à la reconquête du monde du travail par une action de masse. Des dates ont été prises pour des initiatives politiques en phase avec les luttes sociales. Le texte affirme aussi la nécessité de l’existence d’une véritable « gauche syndicale » (après que les principaux syndicats aient approuvé la casse des retraites par le gouvernement Prodi).

 L’opposition à l’OTAN et à l’extension de la base militaire de Vicenze est clairement marquée (alors que les parlementaires l’avaient votée suivant Prodi, malgré les manifestations).

 La nécessité de développer la démocratie dans le parti (dont l’unité semble préservée), partant des organisations de base, dans le respect de la diversité d’opinion, est affirmée.

Pour les communistes français, confrontés à une stratégie similaire à celle de l’ancienne direction du PRC, les conclusions du congrès du PRC, son « tournant à gauche », sont du plus haut intérêt, alors que notre propre congrès se prépare.

Le poids du bilan, l’effondrement électoral de la coalition « arc-en-ciel » (3% au lieu de 10%), la mobilisation des communistes italiens, auront eu raison du poids de l’appareil sortant qui avait pourtant réussi, après recomptage et annulation de certains votes, à atteindre 47% sur sa motion dans les structures locales.

Jusqu’au bout, l’issue du congrès est demeurée incertaine et les lignes ont bougé entre les tenants des différentes motions.

La résolution finale ne coupe pas les ponts avec le Parti de la gauche européenne, PGE, malgré l’expérience et le vote très serré et contesté d’adhésion en 2005. Elle précise cependant que Refondation communiste sera présente sous ses couleurs aux élections européennes, sans exclure des alliances notamment avec d’autres mouvements communistes. Le « projet alternatif » mentionné n’est pas explicitement socialiste.

Autre contradiction, Bertinotti, dont la ligne a été complètement désavouée, a pourtant été acclamé par une majorité du congrès en tant sans doute que « leader historique » du PRC.

Paolo Ferrero, 47 ans, a été élu secrétaire général du Parti à sa suite. Ouvrier chez Fiat à l’origine et militant syndical, Ferrero a adhéré au PRC au milieu des années 90, après avoir été membre du groupe « démocratie prolétarienne » dans les années 80. Il ne cache un engagement, qui peut déconcerter, dans l’église évangélique vaudoise. Il était aussi ministre, ouvertement critique, de Prodi.

Ce qui compte pour l’instant, c’est qu’il a été élu, contre l’ultra-réformiste Vendola, par la même majorité que celle qui a voté le texte de résolution et qu’il aura la charge de la mettre en œuvre.

Nos camarades italiens viennent de donner un signe fort qu’il est possible de rompre avec les stratégies de déclin et d’effacement des partis communistes et avec les directions qui les portent.

Vive le PRC !