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Electriciens, gaziers, usagers, élus : Ensemble pour le retrait du projet de loi

Publie le vendredi 28 mai 2004 par Open-Publishing

Les syndicats d’EDF et de GDF engagent la bataille finale contre le changement de statut des deux entreprises publiques. La manifestation nationale des gaziers et électriciens, jeudi à Paris, a rassemblé 80.000 personnes selon les organisateurs, 40.000 selon la police, tandis que plusieurs actions "coup de poing" étaient menées un peu partout dans l’Hexagone.

Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a, de son côté, défendu une nouvelle fois devant le Sénat la volonté du gouvernement de modifier le statut d’EDF et de GDF, excluant toute "privatisation".

Sur le front de la mobilisation, des allumages d’éclairage urbain en pleine journée ont été observés jeudi, selon EDF, en Vendée et en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). A La Défense près de Paris, quelques bureaux ont été privés d’électricité dans la matinée pendant une demi-heure, tout comme quelques particuliers dans le Val-de-Marne.

Par ailleurs, l’éclairage urbain a été interrompu dans la nuit de mercredi à jeudi durant une heure à Meudon, Clamart et Vaucresson dans les Hauts-de-Seine.
L’Intersyndicale CGT, CFDT, CFTC et FO d’EDF et de GDF avait appelé à la grève à l’occasion de cette manifestation nationale et de cette journée d’action, un mouvement suivi par 75% des personnels selon les syndicats, 41% selon les directions des deux entreprises.

Et les syndicats n’ont pas l’intention d’en rester là.

La CGT, majoritaire à EDF comme à GDF, s’est donné jusqu’au 30 juin prochain pour obtenir le retrait pur et simple du projet de loi prévoyant le changement de statut et l’ouverture de capital d’EDF et GDF.

L’organisation syndicale a déposé mercredi soir un préavis de grève reconductible courant jusqu’à la fin du mois de juin afin de "couvrir les actions que les salariés voudront mener sur le terrain".

En outre, l’intersyndicale appelle à une nouvelle journée nationale de grève avec des manifestations régionales le 15 juin, jour du début de l’examen du projet de loi à l’Assemblée Nationale.

La CGT appelle aussi à des manifestations le samedi 19 juin et espère la participation "massive" des élus et des usagers.

Jeudi, c’est un énorme cortège, en tête duquel marchaient le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault, celui de la CFDT François Chérèque, ainsi que celui de FO Jean-Claude Mailly, qui a quitté la place de la Bastille à 11h pour s’étirer sur sept kilomètres à travers les rues de la rive gauche de la capitale, jusqu’à l’esplanade des Invalides.

"Electriciens, gaziers, usagers, élus : ensemble pour le retrait du projet de loi", pouvait-on lire sur la banderole de tête de la manifestation qui progressait au son des sifflets, des cornes de brume, ou des détonations de pétards, tandis qu’un hélicoptère de la Sécurité civile survolait régulièrement le cortège.

"Il n’y a aucune justification au changement du statut d’EDF et de GDF, si ce n’est une position idéologique du gouvernement avec laquelle les salariés des deux entreprises, comme les usagers, sont en désaccord", a déclaré Bernard Thibault lors du départ du défilé.

Interrogé sur le fait que le gouvernement a fait la promesse que l’Etat "restera majoritaire" dans le capital, il a estimé que la modification du statut allait "enclencher un engrenage. Il suffit de regarder ce qui se passe dans les entreprises publiques dont le capital a été modifié", a-t-il dit, citant en exemple France Télécom ou encore Air France.

"Nationalisation : services publics ! Privatisation : services du fric !", "Raffarin, ton projet, on n’en veut pas ! Et hop, à la poubelle !" ou encore "L’électricité, le gaz, c’est pas pour le privé ! C’est un droit pour tous les usagers !", scandaient les protestataires.

Plusieurs manifestants porteurs d’un cercueil noir frappé d’un "ci-gît EDF" étaient venus protester contre la fermeture des laboratoires de recherche de l’entreprise.

"Le gouvernement dit qu’il n’y aura pas de privatisation, que l’entreprise restera nationale, mais dans le même temps, la direction ferme des laboratoires de recherche d’EDF", a déclaré à l’Associated Press Michel Seguy, venu d’un laboratoire près de Fontainebleau.

"Nos travaux concernent l’amélioration de l’utilisation de l’énergie pour l’habitat, pour l’industrie, les services", a-t-il expliqué.

"Mais aujourd’hui", a-t-il ajouté, "le discours de la direction c’est ’inutile de chercher des choses performantes qui pourront bénéficier à EDF, mais aussi à d’autres services publics. Aujourd’hui, on nous dit qu’on doit passer d’une recherche bénéficiant à la Nation à une recherche bénéficiant à l’entreprise".

Quelques milliers de cheminots s’étaient joints au cortège au nom de la "défense des services publics", tout comme quelques centaines de salariés d’Aéroports de Paris (ADP), ou encore de la SNECMA, deux entreprises en cours de changement de statut, et de privatisation partielle. (AP)