Accueil > ITALIE : document final adopté par le congrès de "Réfondation (...)

ITALIE : document final adopté par le congrès de "Réfondation communiste"

Publie le mardi 26 août 2008 par Open-Publishing
4 commentaires

VII Congrès du PRC - juillet 2008 

OdJ Conclusif

1 - Le Congrès considère comme close et dépassée la phase caractérisée :

 par la coopération organique avec le PD au sein de la désastreuse expérience de gouvernement de l’Union [de Prodi],

 par la présence aux élections dans la liste La Gauche – L’Arc-en-ciel

 par la gestion majoritaire erronée de la direction du Parti.

Le Congrès prend acte qu’aucune des motions proposées au VII Congrès n’a été approuvée.

Il estime nécessaire et prioritaire une forte relance culturelle, politique et organisationnelle du Parti de la Refondation Communiste.

Il repousse la proposition d’une Constituante de la Gauche et toute hypothèse de dépassement du PRC ou de sa confluence dans une autre formation politique. Cela posé, le thème de l’unité à
gauche reste un domaine ouvert de recherche et d’expérimentation.

 

2

La relance du PRC doit d’abord être caractérisée par un tournant à gauche.

L’expérience dans le gouvernement de l’Union [de Prodi] a montré l’impossibilité d’un accord organique pour gouverner le pays, étant donnés la politique du PD et les actuels rapports de
force.

Notre objectif dans cette phase est la défaite des droites populistes et de la politique anti-ouvrière de Confindustria [MEDEF d’Italie]. A cette fin, la ligne néo-centriste qui aujourd’hui
caractérise le Parti Démocrate est totalement inefficace ; la proposition de reconstituer l’alliance de Centre-Gauche serait donc erronée et nous réduirait à une position subalterne au sein
d’un contexte polarisé.

Au contraire, il faut construire l’opposition au gouvernement Berlusconi, liant la question sociale et celles démocratique et morale dans un cadre d’autonomie du PRC et d’alternative au
projet stratégique du PD.

Il importe de recouvrer l’idée que l’opposition n’est pas une simple façon de se situer dans le cadre politique, mais qu’elle prend la forme d’une phase de reconstruction, d’enracinement et
de relations sociales, de bataille culturelle et politique.

Dans la crise de la globalisation capitaliste, on bâtit l’alternative dans les luttes sociales et politiques contre le gouvernement Berlusconi, les projets de Confindustria et les vues
fondamentalistes et intégristes. Dans cette perspective il est vital de renforcer la gauche alternative en lançant une coopération entre les différentes identités anticapitalistes, communistes ou
de gauche en y impliquant les réalités collectives ou individuelles agissant en-dehors des partis politiques, sur les différents terrains social, syndical et culturel.

 

3

La relance du PRC commence par la reprise de l’initiative sociale et politique. La promotion de luttes ou de négociations, la reconstruction du lien social à partir de formes de mutualité
sont indispensables si l’on veut valoriser le rôle historique des communistes et de la gauche du point de vue de l’utilité sociale. Aussi sont-elles des éléments nécessaires pour évaluer
l’efficacité de notre présence dans les institutions et pour réaffirmer notre différence, notre opposition intransigeante face aux dégénérations de la politique. En vue des prochaines élections
administratives, tout en conservant la pleine souveraineté des différents niveaux du Parti – notamment à cause de l’importance prise par les gouvernements locaux dans le déploiement des
politiques de subsidiarité, de privatisation et sécuritaires – il faut vérifier la cohérence des accords de gouvernement avec les objectifs généraux du Parti en cette phase.

La lutte contre la politique économique antipopulaire du gouvernement des droites, l’opposition face aux initiatives racistes et discriminatoires contre les immigrés et les Roms, la
bataille contre les projets de démantèlement du fonctionnariat et de l’administration publique, l’opposition à la contre-réforme de la justice, la question morale, constituent autant de domaines
décisifs d’initiative, de mobilisation et d’élargissement d’une lutte de masse contre les politiques du gouvernement.

Il est donc nécessaire que dès maintenant le nouveau groupe dirigeant du Parti travaille à toute forme possible de coordination de la gauche politique, sociale et culturelle afin de
déployer la plus large et forte mobilisation contre le gouvernement et Confindustria. Dans ce cadre, il faut travailler pour parvenir à un nouveau 20 octobre [2007, grande manifestation
communiste de travailleurs contre les politiques antisociales du gouvernement Prodi], une grande manifestation de masse et une campagne politique d’automne qui, s’appuyant sur les participants au
précédent rendez-vous, y ajoute des forces nouvelles, en particulier celles engagées dans des luttes. L’engagement d’organiser pour l’an prochain la Conférence Nationale des travailleuses et des
travailleurs rentre dans ce parcours.

Or une manifestation ne saurait suffire ; la reprise des luttes requiert en premier lieu une forte initiative pour sauvegarder la qualité de vie et de travail des classes populaires,
de la défense des Contrats de Travail Nationaux à la question des salaires et des retraites, de la question décisive de la lutte contre la précarité à l’initiative contre le chômage dans le
Mezzogiorno, de la lutte pour l’habitation à la défense et au développement de la sécurité sociale.

Le thème des rétributions est central, à partir de la défense du pouvoir d’achat des salaires et des retraites, qu’il faut assurer également à travers un mécanisme de protection automatique
de la valeur réelle des rétributions, et de la revendication inéluctable du salaire social.

Ce sont là des terrains décisifs pour reconstituer l’unité du monde des travailleurs, unir le Nord et le Sud, les salariés du public et du privé, les Italiens et les immigrés ainsi que pour
éliminer l’actuelle séparation entre travailleurs garantis et précaires. Il s’agit de décliner ces luttes en leur intégrant le conflit des genres et les relations intergénérationnelles. Seule la
reprise du conflit de classe peut éviter qu’une guerre des pauvres s’établisse dans notre pays en y enracinant racisme et xénophobie.

Tout en respectant l’autonomie du syndicat, nous devons souligner le besoin absolu que les logiques de concertation ayant rendu impossible la défense des travailleurs et des bas salaires
soient dépassées. En réaffirmant donc la nécessité d’une pleine autonomie du syndicat par rapport aux partis, au gouvernement et au patronat, nous souhaitons la construction d’une puissante
gauche syndicale qui mette au centre les problèmes de la démocratie et de la reprise des luttes. De même, nous saluons toute forme de coordination et de coopération au sein du syndicalisme de
base.

  Nous jugeons opportun de favoriser tout élément de conflit d’en-bas dans les lieux de travail, la renaissance
du protagonisme des travailleurs et des travailleuses, l’émergence de moments d’auto-organisation, tous éléments décisifs pour que la bataille contre la concertation prenne une dimension massive.
Pour cela il faut un fort investissement dans la construction d’une présence organisée du Parti dans les lieux de travail.

  Liés à la question sociale stricto sensu, d’importants mouvements de lutte ont grandi dans le pays
sur des thèmes vitaux tels que la laïcité de l’Etat, la défense de la Constitution républicaine et antifasciste, la relance de l’école et de l’université publiques, le droit à la liberté
d’orientation sexuelle et la lutte contre toute forme de discrimination, homophobie, violence contre les femmes et attaques à leur liberté, au droit de choisir et de disposer de leur corps (voir
la tentative d’attaquer la loi 194 [garantissant le droit d’avorter] et la loi sur la procréation assistée) la défense de l’environnement dans des questions locales mais qui posent des problèmes
d’ordre général touchant le modèle de développement. Que l’on pense aux luttes contre le TGV [ligne Lyon-Turin], contre les grands travaux, contre la prolifération d’incinérateurs et de
regazificateurs. Il faut appuyer activement ces luttes en travaillant pour une recomposition des conflits dans une stratégie globale de transformation.

Les droits sociaux, civils, environnementaux sont pour nous les diverses facettes d’un même projet : celui d’une autre société.

Dans ce cadre, le VII Congrès du PRC estime nécessaire le lancement d’une saison de referendums sur les thèmes de la précarité, de la démocratie dans les lieux de travail, de
l’anti-prohibitionnisme à mettre en œuvre avec les alliances les plus larges possibles.

 

4

  En reprenant le parcours entamé à Gênes [G8 de 2001], le PRC réaffirme sa propre appartenance au mouvement
mondial contre la globalisation capitaliste et, dans ce cadre, sa volonté d’intensifier sa coopération et ses relations avec les partis communistes et progressistes, avec tous les mouvements
révolutionnaires et avec les expériences précieuses d’Amérique Latine, se rangeant contre les politiques néolibérales et belliqueuses, à côté des peuples en lutte contre l’occupation militaire et
pour leur souveraineté.

  En Europe notamment, le PRC travaille à consolider l’unité des forces communistes et de gauche alternatives
au Parti Socialiste Européen, tant au sein de la Gauche Européenne qu’en celui du Groupe Parlementaire Européen de la Gauche Unitaire Européenne – Gauche Verte Nordique auquel les futurs élus
adhéreront.

  Pour cette raison, le Congrès donne mandat aux organismes dirigeants pour qu’aux prochaines élections
européennes l’on présente le symbole et la liste de Refondation Communiste – S.E. sur la base du programme à définir à l’automne prochain. Cette décision doit être accompagnée de la recherche de
convergences à l’occasion des élections européennes entre forces anticapitalistes, communistes, de gauche, sur la base de contenus contraires au projet de Traité de Lisbonne et à l’orientation
néolibérale et belliqueuse de l’UE. Le congrès juge gravissime toute modification de la loi électorale pour les élections européennes et engage tout le Parti à se battre contre ce projet par la
plus grande mobilisation démocratique de masse.

  En Italie, en vue du prochain sommet du G8, le PRC doit s’engager, dans les instances des luttes contre la
globalisation, à reconstituer le déploiement de forces politiques et sociales qui dirigea le mouvement contre le G8 de Gênes sans taire les responsabilités du gouvernement Prodi ni sur la
condescendance du gouverneur [sarde] Soru pour fixer le lieu du sommet en Italie sur l’île de La Maddalena.

Le PRC doit s’engager au sein du mouvement pour la paix dans toute lutte contre les guerres en cours dans le monde, contre l’OTAN et contre toutes les bases militaires étrangères à partir
de celle de Vicence ; il doit s’engager pour le retrait des contingents militaires italiens des théâtres de guerre.

 

5

  Le Congrès estime nécessaire de relancer le Parti et son projet stratégique de refondation communiste. Il
engage le nouveau groupe dirigeant à promouvoir et encourager un débat politique et théorique à la fois réel et pluraliste qui poursuive les innovations et la recherche. Dans ce contexte, la
recherche autour de la non-violence ne signifie pas, pour nous, un absolu métaphysique mais bien une pratique de lutte à mettre en place dans le conflit de classe et dans la critique du
pouvoir.

  De même il faut relancer l’analyse de la morphologie du capitalisme contemporain, élargir le travail
d’enquête sur la nouvelles composition des classes et sur les formes d’organisation du conflit.

 

La relance du Parti est impossible sans le soin pour le Parti lui-même. 

Le Congrès engage le nouveau groupe dirigeant à procéder à la réforme du Parti, en particulier en remettant en discussion le caractère sexiste et autoréférentiel de la politique, en partant
des indication émises par la Conférence d’Organisation de Carrare.

  Il faut empêcher toute dégénération du Parti en sens leaderiste et plébiscitaire et toute subordination du
Parti aux représentants institutionnels et aux rapports hiérarchisés avec les autres forces politiques.

  La gestion unitaire du Parti dans le respect d’éventuelles dialectiques internes aux organismes dirigeants à
tous les niveaux, doit être comprise en tant que participation aux procès de décision et non pas comme simple droit de critique envers des décisions prises par des majorités ou, pis, par des
cercles restreints de dirigeants.

  La démocratie n’est pas une forme quelconque de fonctionnement du Parti. Elle ne saurait se réduire à la pure
dialectique entre positions différentes, ni être confondue avec des formes de consensus plébiscitaires. La campagne d’adhésions doit être l’instrument de la participation à la vie du Parti, à son
projet politique et à ses décisions. Elle ne doit jamais se réduire à un outil bureaucratique pour dénombrer les camarades de différents courants. La démocratie comporte une participation libre
et renseignée à la prise de décisions touchant les orientations politiques de fond et les chois les plus importants. Dans ce cadre, la démocratie des genres est un élément essentiel de
transformation de la société pour un monde où égalité et différence soient des moments fondateurs de la constitution de subjectivités critiques, conscientes, sexuées.

  Les organismes dirigeants à tous les niveaux ne doivent pas être régis par une logique élitiste ; ils
doivent sur fonder sur le principe de responsabilité. La rotation des charges, la défense de mêler charges au sein du Parti et charges institutionnelles de gouvernement, le renouveau constant des
organismes et le dépassement de leur caractère sexiste, l’introduction de codes éthiques concernant les comportements liés aux privilèges sont autant d’objectifs que le Congrès désigne comme
étant prioritaires pour le nouveau groupe dirigeant.

  Enfin, le Congrès engage le nouveau groupe dirigeant à travailler avec les instruments oppurtuns à
l’amélioration de la formation de tous les inscrits des militants de base jusqu’aux dirigeants nationaux.

 

Fait à Chianciano, le 27 juillet 2008

Messages

  • "la reconstruction du lien social à partir de formes de mutualité"

    bravo, bravo, bravo, vive le pragmatisme de GAUCHE !!!!

  • Il y a un passage qui me gène, c’est l’allusion aux INCINÉRATEURS ; il me semble que l’un des motifs de la victoire de Berlusconi a été l’état des rues de Naples (campagne bien orchestrée, mais il aurait eu tort de se géner) ; quelles étaient les solutions proposées par Refondation, par l’Arc-en-ciel ? j’aimerais en savoir un peu plus sur le sujet, en particulier, l’inaction des responsables à tous les niveaux, tous du PD ; on a dit, c’est la faute à la mafia, mais la mafia n’est-elle pas là pour profiter des faiblesses des "responsables" ?
    Jeanmarc

  • Tout en respectant l’autonomie du syndicat, nous devons souligner le besoin absolu que les logiques de concertation ayant rendu impossible la défense des travailleurs et des bas salaires soient dépassées. En réaffirmant donc la nécessité d’une pleine autonomie du syndicat par rapport aux partis, au gouvernement et au patronat, nous souhaitons la construction d’une puissante gauche syndicale qui mette au centre les problèmes de la démocratie et de la reprise des luttes. De même, nous saluons toute forme de coordination et de coopération au sein du syndicalisme de base.

    Que serait une puissante gauche syndicale sans une puissante gauche politique ?

    Mieux : que serait une puissante gauche syndicale si elle n’était pas politique ?

    Bref : ça veut dire quoi une gauche syndicale, autonome du politique ?

    Je ne connais pas du tout la situation italienne pour comprendre ce paragraphe mais pour la France, ce que je sais, c’est que quand la CGT et le PCF ne formaient qu’un bloc étroitement lié, ça allait mieux pour "la défense des travailleurs".

    Je pense donc à contrario qu’il faut repolitiser les syndicats de travailleurs.
    Le medef et son alter ego italien ne s’y trompent pas, eux.

    Oh et puis la gauche la gauche la gauche, y’en a marre de la sinistra.

    • Je suis tout à fais d’accord avec ta remarque :"... quand la CGT et le PCF ne formaient qu’un bloc (étroitement) lié, ça allait mieux pour "la défense des travailleurs".".

      Il y a une necessaire "repolitisation" des syndicats à réaliser.
      Et je dirai même qu’il y a urgence !

      Il n’en demeure pas moins que la questtion de l’autonomie des organisations des travailleurs (orga politiques et syndicales), et notamment du PCF et de la CGT (finalement les autres ils font comme ils le veulent !), et d’autonomie vis à vis des institutions, doit être posée !
      Il me semble nécessaire de prohiber le cumul "responsabiliter dans les organisations et charges électives, c’est simple, mais "on" en est de plus plus loin, malheureusement.

      Si le congres du PCF, n’accouchait que de cela, c’est que les choses sont bien engagés et qu’il y a un avenir pour le developpment des luttes. bizarement, les différens clans qui s’affichent (plus qu’il ne s’affrontent !), ne posent pas ce problème :(

      SAd