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Le nucléaire échappe à la rigueur budgétaire !

Publie le samedi 29 mai 2004 par Open-Publishing

Greenpeace dénonce la subvention accordée par Nicolas Sarkozy hier soir au
lobby nucléaire à hauteur de 500 millions d’Euros, soit 15% du coût annoncé
pour l’EPR. Pour l’association écologiste, cette décision incohérente et
grave lève le voile sur la prétendue compétitivité du projet EPR.

A l’heure où l’Etat réduit les crédits alloués aux énergies renouvelables et
à la maîtrise de l’énergie, et remet en question les politiques de soutien
par le tarif d’achat sous prétexte qu’il ne faut pas dépenser sans compter
et alourdir les comptes d’EDF, cette annonce est à la fois scandaleuse et
incohérente avec le reste de sa politique.

"On est aujourd’hui en pleine schizophrénie nucléaire : c’est justement
parce que l’Etat ne voulait pas augmenter sa participation dans le capital
d’EDF qu’il a décidé de l’ouvrir. Or, maintenant on dépense sans compter
pour un projet plus que contesté" déclare Hélène Gassin, chargée de campagne
Energie. "Il semble clair que le projet EPR éprouve tellement de mal à se
financer que l’Etat préfère subventionner que renoncer à ce cadeau à Areva."

Le projet EPR est absurde depuis le début. Il est inutile, inadapté et
particulièrement cher. L’Etat français demande à EDF de soutenir Areva en
achetant un EPR, mais comme EDF n’en a pas les moyens, et que les
partenaires étrangers semblent réticents devant les sommes demandées - l’EPR
français coûterait 25% de plus que le Finlandais selon les électriciens
allemands - on subventionne et on revient à la case départ.

Devant tant d’incohérences, on se pose des questions :
 L’industrie nucléaire serait-elle si mal en point que l’on veuille la
sauver par le biais d’une commande ordonnée à EDF ? Ce serait étonnant
puisque le carnet de commande est tellement plein qu’Areva sous-traite la
fabrication de la cuve de l’EPR finlandais au Japon.
 Serait-ce EDF qui va tellement mal qu’aucun investisseur ne veuille
prendre part au projet ?
 L’EPR français est-il surfacturé pour éponger les pertes qu’Areva va
enregistrer en Finlande après la signature d’un contrat bradé ?

Le Gouvernement français semble sombrer dans le délire et se prendre les
pieds dans ses contradictions en essayant de résoudre l’équation suivante :
comment relancer une industrie nucléaire sur le déclin, tout en privatisant
les opérateurs et en devant maintenir l’illusion que l’électricité nucléaire
est économique.

"Le Gouvernement français, en subventionnant l’EPR, admet finalement une
réalité évidente pour le reste du monde : le nucléaire n’est pas une énergie
compétitive capable de survivre sans subventions et soutiens publics"
conclut Frédéric Marillier, chargé de campagne Nucléaire.