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Argentine : condamnation à perpétuité de Bussi et Menendez mais sans prison commune avec répression

Publie le lundi 1er septembre 2008 par Open-Publishing

Une fois la lecture du jugement terminée, il y a eu une violente répression de la part de la gendarmerie qui avec des bâtons et des gaz lacrymogènes et vomitifs a dispersé ceux qui répudiaient la honteuse décision de ne pas ordonner la prison ordinaire pour les génocidaires Antonio Domingo Bussi et Luciano Benjamin Menendez. Les juges ont reporté la définition du lieu où ces deux génocidaires devront accomplir la condamnation de leur réclusion à perpétuité et les fondements de leur décision au 4 septembre.

Hier (jeudi 28), en fin d’après midi, le Tribunal Oral Fédéral présidé par Gabriel Eduardo Casas et formé également par Carlos Jimenez Montilla et Josefina Curi a dicté le jugement contre les génocidaires Bussi et Menendez. Ils ont été déclarés coauteurs d’association illicite ; de violation de domicile et de privation illégitime de liberté aggravée (les deux en concours idéal) ; d’imposition de tourments aggravée, d’homicide aggravé pour trahison, par le concours prémédité de deux ou plus participants et dans le but d’obtenir l’impunité. Tous ces faits, en plus d’avoir été conçus en concours réel, ont été qualifiés de délits de lèse-humanité. Tous ces délits étaient jugés dans le procès qui jugeait la disparition du sénateur Guillermo Vargas Aignasse.

Une fois que le jugement a été rendu public, un mélange de satisfaction et d’impuissance a parcouru les organisations mobilisées devant les portes du tribunal depuis tôt le matin, exigeant la réclusion à perpétuité et la prison ordinaire pour les deux répresseurs. Même si la décision de les condamner à la réclusion à perpétuité a été fêtée, elles exigeaient que soit révoquée la résidence surveillée dont jouit Bussi, qui est aujourd’hui détenu dans un « country » (résidence privée) de Yerba Buena.

Lorsqu’ils manifestaient leur mécontentement vis-à-vis du jugement, ceux qui étaient réunis devant les portes du tribunal ont été violemment réprimés par la gendarmerie, qui a tiré de balles en caoutchouc et a lancé des gaz lacrymogènes et vomitifs devant les centaines de personnes qui se trouvaient dans les rues Chacabuco et Cristotomo Alvarez. Il y a eu au moins 3 blessés, à cause de coups qu’ils ont reçus de la part des gendarmes.

De par l’importance de ce jugement, des familles entières se sont mobilisées et des moments de tension ont été vécus à cause de l’honteuse et injustifiée répression déclenchée par les gendarmes, qui sont même arrivés au point de jeter par terre une membre des Mères de la Place de Mai et de la frapper à plusieurs reprises. Les gaz ont été lancés derrière les manifestants, en coupant le passage logique de la démobilisation, et la répression et les gaz ont continué pendant plus d’une demi-heure.

Ceux qui se sont mobilisés pour la condamnation des génocidaires ont décidé de se mobiliser sur la Place de l’Indépendance, où ils ont exprimé leur répudiation vis-à-vis du jugement du tribunal et de la répression. Les organisations ont convoqué à se mobiliser massivement le 4 septembre devant les portes du tribunal pour exiger la prison ordinaire pour Bussi et répudier l’action de la gendarmerie.

On ne peut pas nier l’importance du procès, car il a été ouvert dans une province comme celle de Tucuman, où Bussi a obtenu des résultats électoraux (en "démocratie") qui l’ont même conduit à être élu gouverneur et le fait que le tribunal ne dicte que la résidence surveillée ( car même si cette détermination a été reportée, il est pratiquement sûr que la prison ordinaire ne sera pas dictée) est un antécédent très négatif face à tous les procès contre des génocidaires qui ont commencé à s’ouvrir dans le pays. Des cas comme ceux de Julian Corres, qui s’est tranquillement évadé du lieu où il était détenu, et l’assassinat d’Hector Febrès là où il était prisonnier (dans une dépendance de la préfecture navale), démontrent l’impunité qui persiste encore dans l’appareil répressif et les privilèges que continuent à avoir les répresseurs qui ont exercé la sanglante dictature militaire en Argentine. Il y a plus de 300 procès ouverts dans lesquels sont imputés, en plus de Bussi et Menendez, d’autres répresseurs de la police provinciale et des militaires. Il est attendu que les audiences de jugement commencent dans les prochains mois.

Deux ans après la disparition de Julio Lopez, il y a des signes qui inquiètent, car les procès ne visent pas le fond et ne jugent pas les maillons intermédiaires. Le cri de « ni oubli ni pardon » s’est fait entendre une fois de plus hier et les organismes de défense des droits de l’Homme et les organisations politiques continuent à exiger le jugement et la condamnation de ceux qui ont perpétré le génocide dans notre pays.

Contrapunto, Presse Alternative, 29 août 2008

http://www.anred.org/article.php3?id_article=2669