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Pour en finir avec le nucléaire et sa société !

Publie le lundi 31 mai 2004 par Open-Publishing

Le nucléaire, qu’il soit civil ou militaire, fait peser sur l’humanité une menace permanente.

En effet, le risque d’une catastrophe nucléaire est bien réel, en France comme ailleurs. L’autorisation
récente de la prolongation de vie des centrales et les impératifs de productivité de plus en plus contraignants ne font qu’aggraver les choses. Les conséquences d’un accident ne pourraient être gérées que de manière militaire avec des zones et des populations sacrifiées. Le désastre s’étendrait sur des générations : les modifications génétiques qui ont été provoquées par Tchernobyl continuent de tuer aujourd’hui.

Mais il faut rappeler que le nucléaire tue en fonctionnement normal, au quotidien : aucune dose de radioactité n’est inoffensive, les doses légales (dites « normales » par EDF) correspondent à un nombre de morts considéré comme acceptable par les autorités. La radioactivité, même à faible dose, augmente la morbidité : elle diminue les défenses immunitaires, induit des cancers et provoque des mutations génétiques. Sans parler des déchets que l’on enterre pour oublier qu’ils existent au mépris des populations.

Cette dangerosité quotidienne légitime les discours et l’ordre sécuritaires. Une société qui repose sur le nucléaire est une société militaire et totalitaire. Les connaissances sont réservées à une poignée de technocrates. L’oligarchie scientifique détient un pouvoir immense, reposant entre autres sur la croyance en une techno-science toute puissante.Toujours au nom de cette dangerosité, le pouvoir interdit la diffusion d’un ensemble d’informations : ce qui concerne le nucléaire est maintenant considéré comme secret défense, voire relever de la législation anti-terroriste.

Une seule source d’énergie pour une seule région voire pour un pays : c’est pousser un système centralisé à l’extrême. Avec le nucléaire il est impossible de parler d’autogestion, de sources d’énergie décidées et adaptées localement. Rappelons que dans un premier temps le nucléaire a été imposé, souvent violemment et toujours sans consultation, pour qu’aujourd’hui toute une propagande nous stigmatise comme complices en tant que consommateurs d’électricité.

La rentabilité première du nucléaire ne concerne pas la production d’électricité. Les premières dépenses ont été financées dans le cadre de la recherche militaire. Mais c’est d’abord un formidable débouché pour les industries du BTP, de la métallurgie, de l’électronique, de la chimie, etc...

Le principe est simple : EDF, service public, finance en tant que maître d’oeuvre les centrales aux frais de l’usager contribuable, et espère ultérieurement se rattraper avec l’exportation de centrales. C’est le capitalisme « à la française », mélange de financement public et de profits privés. Le nucléaire a été un pilier important de la croissance économique.

Pour des raisons de rentabilité, dans les centrales, l’entretien est systématiquement réalisé par des entreprises de sous-traitance. Il n’y a pas de travail anodin en zone irradiée. Pour faire le sale boulot, il faut des précaires. Cette « viande à rems » travaille sous la pression d’une industrie qui cultive la loi du silence, et se permet de baptiser ce système « culture de la sûreté ».

Le travail dans le nucléaire est dangereux à tous les bouts de la chaîne. L’extraction de l’uranium aussi est dangereuse, tant pour les ouvriers que pour la population alentour. La source d’énergie du nucléaire est source de conflit et d’expropriation tout comme le pétrole.

Nucléaire militaire et nucléaire civil sont intimement liés. Une bombe atomique et une centrale nucléaire relèvent de la même technologie. Les déchets du nucléaire civil peuvent servir au nucléaire militaire : blindage de tanks, pointes de missiles, etc...

Au delà du secret militaire qui couvre maintenant le nucléaire civil, les passerelles se font aussi au niveau scientifique. Rappelons que la recherche nucléaire relève du C.E.A., organisme à vocation militaire.
Civil ou militaire, le nucléaire doit disparaître.

- Arrêt et démentelement immédiat des centrales nucléaires.
- Non à tout nouveuax projets civils ou militaires.
- Non aux site spécialisé. Stockage des déchet sur le lieu de production.
- Arrêt du nucléaire militaire, et de ses essais, en plein air, comme en laboratoire.

COLLECTIF CONTRE LA SOCIÉTÉ NUCLÉAIRE

21 TER, RUE VOLTAIRE, 75011 PARIS

CCSN@NO-LOG.ORG


Projection et discussion autour du film
Arrêt de tranche, les trimardeurs du nucléaire

De Catherine Pozzo di Borgo
Le Jeudi 10 juin 2004,
à 19 heures 45
Au CICP
21 TER, RUE VOLTAIRE,
75011 PARIS

Dans l’imagerie d’Epinal de la propagande d’Etat, le nucléaire est la plus parfaite manifestation de la puissance de la technologie de pointe, capable de fonctionner sans intervention humaine, ou presque. Au plus, on nous laisse entrevoir des salles de contrôle aseptisées où des poignées d’ingénieurs et de techniciens très qualifiés veillent, assistés par des ordinateurs, à la bonne marche des opérations et à la sécurité des installations. Mais au-delà de tels clichés, il y a la face cachée du nucléaire. Comme n’importe quelle branche de l’industrie moderne, il ne peut éviter d’utiliser, pour les travaux les plus dangereux et les plus pénibles, des travailleurs salariés peu qualifiés, peu payés, taillables et corvéables à merci. Tel est le cas des trimardeurs du nucléaire, présentés dans le film, chargés de la maintenance des centrales d’EDF au cours des arrêts de tranche, les arrêts de production programmés pour assurer la maintenance. Pour l’essentiel, leurs conditions de vie sont celles de tous les travailleurs nomades, attachés à des concessionnaires, qui forment le gros des troupes assurant la construction et la maintenance des centrales électriques à travers le monde. La grande différence, c’est que dans l’électronucléaire, comme le fait remarquer l’un d’entre eux, ils sont soumis en plus à des radiations dangereuses.

Depuis Hiroshima, les Etats ont toujours minimisé au maximum les conséquences désastreuses des doses massives de radiations produites par les cataclysmes civils et militaires qui émaillent l’histoire du nucléaire. A fortiori, les conséquences des faibles doses de radiations, en particulier celles émises par les réacteurs d’EDF, sont presque toujours niées. Les seuils de tolérance sont fixés par les Etats, les propriétaires des centrales et les institutions médicales à leur solde. Les problèmes de santé des travailleurs des centrales, au premier chef ceux des trimardeurs, et des populations des alentours sont attribués à des causes annexes. Qualifiés de " chair à rems "* par les bureaucrates syndicaux d’EDF, les trimardeurs subissent pourtant des doses de radiations cumulatives qui, à la longue, peuvent avoir des effet désastreux sur leur vie, la première manifestation étant, comme le signale l’un d’eux, le syndrome de fatigue chronique.

Même et surtout arrêtés, les réacteurs sont dangereux. En zone irradiée, les mesures de protection proposées par EDF sont toujours dérisoires car subordonnées aux nécessités du travail de maintenance. Les trimardeurs qui le prennent au sérieux exposent leur vie et leur santé sans même que les risques pris puissent garantir que les choses ne tourneront pas mal. De toute façon, soumis à des impératifs croissants de productivité et de délais, ils sont contraints de bâcler leur travail. En réalité, la " culture de la sûreté " dont se vante EDF n’en est pas une : comme d’habitude, on fait peser sur ceux qui sont au bas de l’échelle la responsabilité d’un problème éventuel, usant de la culpabilisation comme de la menace, comme si l’organisation du travail et la technologie nucléaire n’y étaient pour rien. La " sûreté nucléaire " pour l’Etat, c’est que les premiers concernés par les risques de radiation ferment leur gueule au travail et ailleurs. Gare aux trimardeurs qui bougent. À eux et à nous d’en tirer les conclusions…

* Rem : unité de mesure de l’effet biologique des radiations.