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Chômeurs , "Ensemble tout est possible"… surtout le pire

Publie le mercredi 17 septembre 2008 par Open-Publishing
8 commentaires

de Slovar

Alors que la crise financière bat son plein, le gouvernement n’a trouvé qu’une solution immédiate pour ne pas plomber les futurs chiffres du chômage : Rendre encore pus difficile la vie des chômeurs

Selon la loi, tout demandeur d’emploi est "tenu d’accepter les offres raisonnables d’emploi" telles que définies dans le texte.

Refuser, sans motif légitime, à deux reprises une offre raisonnable d’emploi expose à une radiation de deux mois, au lieu de 15 jours actuellement, selon le décret.

A partir d’octobre, "au plus tard dans les quinze jours suivant l’inscription à l’ANPE", un demandeur d’emploi devra élaborer avec son conseiller un projet personnalisé d’accès à l’emploi.

Au bout de trois mois de chômage, il devra se satisfaire d’"un emploi compatible avec ses qualifications et compétences professionnelles", dès lors qu’il est "rémunéré au moins 95% du salaire antérieurement perçu".

Après six mois de chômage, il devra accepter une offre d’emploi, même si le salaire proposé atteint 85% de la rémunération précédente et devra accepter d’aller travailler plus loin.

Après un an d’inscription à l’ANPE, une offre d’emploi sera "raisonnable" si elle est "compatible avec les qualifications et les compétences du demandeur d’emploi et rémunéré au moins à hauteur du revenu de remplacement" versé par les Assedic ou, pour les chômeurs en fin de droit, l’Etat.

Environ 40.000 sanctions par an

Selon l’entourage de Laurent Wauquiez, "l’objectif n’est pas d’augmenter le nombre de sanctions mais d’avoir un système plus efficace qui incite davantage la petite minorité de gens qui ne cherchent pas forcément activement un emploi à rentrer dans le jeu".

Environ 41.000 sanctions, quelque soit le motif (refus d’emploi, absence aux entretiens, fausses déclarations, etc) ont été prononcées en 2007, et 42.000 en 2006, par les Directions départementales du Travail, selon la même source.

Un chômeur s’exposera aussi à une radiation s’il refuse d’élaborer ou d’actualiser au moins tous les trois mois son projet personnalisé d’accès à l’emploi. Source Nouvel Obs

Ces mesures ont été il faut le préciser, prises, sous la pression ou avec l’accord des parlementaires de la majorité présidentielle. Mais, au fait, puisque ceux-ci semblent agir en experts du monde du travail, est-il possible de connaître la profession d’origine de nos députés ?

Et bien oui, et c’est disponible sur le site INEGALITE

L’origine sociale des députés - le 9 septembre 2008

Employés et ouvriers représentent la moitié de la population active, mais à peine 6 % des députés.

Alors que les employés et les ouvriers représentent plus de la moitié de la population active, seul 1% des députés proviennent de leurs rangs. Et encore, certains élus ont quitté leur profession d’origine depuis de longues années. A l’inverse, les cadres et professions intellectuelles supérieures représentent 59 % de l’ensemble. Avec les professions libérales, ils forment les trois quarts des députés.

Pour se faire élire, il faut d’abord pouvoir mobiliser des moyens importants, notamment financiers. Il est préférable d’appartenir aux réseaux du pouvoir, mais aussi de savoir et d’oser s’exprimer en public, notamment. Toutes ces "compétences" vont souvent de pair avec un bon niveau de diplôme et un niveau de vie suffisant. Il faut aussi pouvoir être candidat, c’est-à-dire y consacrer de longues heures au-delà de son temps de travail. Enfin, il faut assumer le risque d’un "retour sur terre" difficile en cas de non réélection. Dans ce domaine, les catégories les plus avantagées sont les fonctionnaires - qui peuvent se mettre en disponibilité - et les indépendants qui peuvent faire gérer leurs affaires par un tiers (par exemple les médecins ou les avocats).

… / …

Dominique Andolfatto, maître de conférence en science politique à Nancy-Université. Tableau extrait de "Revue politique et parlementaire" n°1044 - juillet/août/septembre 2207.

Source : Calculs réalisés par l’auteur * d’après les données de l’Assemblée nationale. Année des données : 2007 - Sources INEGALITES

Révélateur non ?

Mais par contre, en termes de chômage, les premiers à se protéger ont été ces mêmes députés comme nous le révélions dans un article de Slovar :

Avant de quitter la présidence de l’Assemblée Nationale, Jean Louis Debré, nouveau président du Conseil Constitutionnel, a fait un joli cadeau à ses amis députés de tous les partis : une loi, votée en catimini par tous les groupes, permettant à tous les députés non-réélus en juin prochain, de continuer à percevoir leur indemnité parlementaire pendant encore 60 mois au lieu de 6 actuellement

Bien entendu cette généreuse "indemnité chômage" est totalement inconditionnelle, et l’heureux bénéficiaire de cette jolie rémunération sur cinq ans n’est tenu à aucun engagement quelconque, comme par exemple justifier de la recherche d’un nouvel emploi, d’une visite mensuelle auprès d’un conseiller ANPE, ou d’une activité justifiant cette "aide sociale", bref, tout ce qui est demandé à des chômeurs ordinaires.

(...) Les indemnités attribuées aux députés ont été définies par l’ordonnance n°58-1210 du 13 décembre 1958. L’indemnité de base est calculée "par référence au traitement des fonctionnaires occupant des emplois de l’État classés dans la catégorie présentement dite hors échelle. Elle est égale à la moyenne du traitement le plus bas et du traitement le plus élevé de cette catégorie", ce qui correspond au traitement d’un conseiller d’État ayant moins d’une année d’ancienneté dans son grade.

S’y ajoute l’indemnité de résidence, comme pour les fonctionnaires, au taux de 3%. Selon l’article 2 de l’ordonnance précitée : "L’indemnité parlementaire est complétée par une indemnité dite de fonction. Le montant de cette indemnité est égal au quart du montant de l’indemnité parlementaire (indemnité parlementaire proprement dite majorée de l’indemnité de résidence).

Depuis le 1er février 2007, les indemnités mensuelles brutes sont les suivantes :

 Indemnité de base : 5 427, 33 €
 Indemnité de résidence (3%) : 162, 82 €
 Indemnité de fonction (25% du total) : 1 397, 54 €
Soit un brut mensuel de 6 987, 69 €

Retenues obligatoires. Doivent être déduites du brut mensuel diverses retenues :
 Cotisation à la caisse des pensions pendant les 15 premières années de mandat : 1 158, 84 €
 Contribution exceptionnelle de solidarité : 55, 90 €
 Contribution sociale généralisée et contribution au remboursement de la dette sociale : 550, 68 €
 Cotisation au fonds de garantie de ressources : 27,14 €
Soit un net mensuel de 5 195, 13 €

 source

On a vraiment la sensation que ceux qui sont ou vont être au chômage vont se sentir encore un peu plus seuls, surtout s’ils ont voté aux dernières élections législatives. La célèbre phrase de Coluche : " Un chômeur qui vote, c’est comme un crocodile en visite dans une maroquinnerie " est semble t-il en train de devenir une sordide réalité.

Il est à noter que cette mesure sort en même temps que le nouveau cheval de bataille du MEDEF :"La présidente du Medef Laurence Parisot a déclaré mardi que la priorité du patronat dans la prochaine négociation sur la convention d’assurance chômage va être "d’étudier la possibilité d’une baisse des cotisations".

"Alors que nous sommes sur le point d’aborder la négociation, notre priorité va être d’étudier la possibilité d’une baisse des cotisations d’assurance chômage. Les taxes ne sont pas la solution, elles sont le problème", a-t-elle dit lors de sa conférence de presse mensuelle." Source Le Monde

Là où le serpent se mord la queue, c’est lorsqu’on lit : "La ministre de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi Christine Lagarde a expliqué mardi qu’elle ne savait pas si l’objectif de faire baisser le taux de chômage à 5% en 2012 serait atteint, compte tenu des "chocs extrêmes du type de celui que prennent actuellement les économies".

"L’objectif défini par la président de la République et le Premier ministre c’est 5%. C’est l’objectif vers lequel on tend tous nos efforts", a déclaré Mme Lagarde mardi lors d’un point de presse à Paris devant l’Association des journalistes de l’information sociale (AJIS).

"Est-ce que c’est tenable ? C’est comme si vous me demandiez quel sera le taux de croissance en 2012", a-t-elle ajouté. "Les chocs extrêmes du type de celui que prennent actuellement les économies arrivent forcément à des ralentissements qui étaient imprévisibles", a-t-elle ajouté.

"Le ralentissement, s’il devait se poursuivre, aurait forcément des effets en matière d’emploi et de chômage qui sont inchiffrables", a-t-elle souligné" Source Nouvel Obs

EUREKA, on a trouvé un système pour faire moins contribuer les entreprises tout en mettant en route la machine à déclasser et à radier !!!

Si cette fois-ci, il se trouve encore quelqu’un pour prétendre que "Ensemble tout est possible" reste un slogan d’actualité, ce sera à n’y rien comprendre ...

Slovar les Nouvelles
http://slovar.blogspot.com

Crédit image
Sud Autoroute

Messages

  • Si,si "ensemble tout est possible" ;surtout le pire pour les plus démunis,les malades, les chomeurs,les sans papiers,les retraités enfin pour "le bas peuple".Cela avec l’assentiment des plus riches et des protégés (les députés) qui se votent des lois toujours plus avantageuses a leurs encontre.Alors c’est quand la révolte des gueux ?momo11

  • La commune et l’URSS des débuts avaient allignées les revenus des députés sur ceux des ouvriers.
    Contrairement à ce que beaucoup disent je vois pas ce qu’il y a de "dépassé" dans une telle exigence. Vous voulez bien vivre ? Faites nous bien vivre !

  • Alors que les employés et les ouvriers représentent plus de la moitié de la population active, seul 1% des députés proviennent de leurs rangs. Et encore, certains élus ont quitté leur profession d’origine depuis de longues années. A l’inverse, les cadres et professions intellectuelles supérieures représentent 59 % de l’ensemble. Avec les professions libérales, ils forment les trois quarts des députés.

    BRAVO SLOVAR !! Encore un sacré bon boulot - tu es une mine d’infos.

    Je me tue à le dire, mais tu le démontres sources à l’appui, c’est PARFAIT : cette pseudo démocratie est une dictature bon sang de bois !

    Quand plus de 50 % de nos "représentants" provient d’une classe qui ne représente maximum 15 % de la population active...

    Si on ne commence pas par changer ça on ne s’en sortira pas...

    LL

  • Excellente comparaison !

    J’en conclus que les élus à un niveau élévé (maires de gdes villes, députés, sénateurs) forment une caste que l’origine sociale de ses memblres, comme les revenus, avantages et pouvoirs, rendent non-représentative de la population qu’ils sont censés re-présenter.

    Egalement, les privilèges dont bénéficient cette caste ne peuvent en aucun cas l’inciter à vouloir s’en priver. En conséquence, le vote et toutes procédures démocratiques visant à remettre le corps des élus en phase avec la population ne peuvent que très difficilement, et lucidement pas du tout changer les choses, même si certains élus, par rigueur morale ou crainte, estiment qu’ils doivent refonder le système. Il ne forment, à l’évidence, qu’une infime minorité de cette caste et sont baillonnés, comme des exemples récents nous le prouvent, dès qu’ils tentent un peu de ruer dans les brancards.

    La démocratie est donc empêchée de fonctionner par les gardiens de son fonctionnement. Sans parler, évidemment, des acteurs sociaux qui ont intérêt à ce que cette démocratie dénaturée perdure.

    Quelle est la solution pour sortire de ce piège ?..Voilà à quoi la gauche est confrontée, fondamentalement.

    Soleil Sombre

    • Tu voudrais dire que notre société égalitaire et que les conquètes des luttes du 19ème, de 36 et du CNR ne furent que des rêves ? Que la société des "cents familles" n’a été que mise au repos et qu’aujourd’hui elle revient plus revencharde que jamais ? Que ce serait toujours une société de castes ? De classes . D’oligarches ?

      Le réveil est dur comme une baffe dans la gueule à grand coup de gants cloutés.

      Ils sont bien décidés à nous faire payer pour un siècle et demi de rêve d’égalité, et puisque personne ne se bouge : ils le feront au prix fort.

    • On a bien compris maintenant pourquoi les banques centrales ont été mises hors contrôle, pour la plupart, de la démocratie.

      La zone ultra-libérale de l’euro et sa BCE au service de la caste bourgeoise fait ce qu’elle veut sans aucun contrôle démocratique.

      Les tenants de l’UE ultra-libérale, notemmet ceux qui cherchent à en empirer l’orientation par le TCE et le TCE-Bis, ont une responsabilité gigantesque, et pour nos tyrans respectifs nationaux ce sont l’UMP, le MODEM, le PS, les Verts.

      Le PCF qui eut sa responsabilité dans le développement de la tyrannie ultra-libérale en participant à des gouvernements de droite (politiques de droite = de droite !) est revenu fort heureusement là dessus (même si actuellement sa direction essaye de replonger le PCF dans des alliances au service des grands groupes financiers).

      Les questions concrètes des politiques ultra-libérales construites sur un partage plus inégalitaire qu’avant des richesses produites produisent de la crise et encore de la crise, produisent une spirale sans fin due à une sur-accumulation parasitaire des richesses produites.

      La bourgeoisie a trop de fric, infiniment trop de fric. Et face aux ravages provoqués par ce surplus, et comme elle a l’essentiel des leviers de pouvoir, elle ne connait de solutions qu’en accentuant cette sur-accumulation, ce qui fera encore plus de crise, de loin en loin.

      La crise n’est pas pour tout le monde, elle épargne totalement la bourgeoisie qui, face aux risques systémiques, réclame toujours plus de douceurs, toujours plus de protection. Bien +, la crise c’est la marche en avant de la classe bourgeoise.