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Sabra et Chatila : 16 septembre 1982, 26ème anniversaire du massacre (videos)

Publie le mercredi 17 septembre 2008 par Open-Publishing
6 commentaires

3000 morts que des femmes, des vieux, des enfants...

de Roberto Ferrario

A la périphérie sud de Beyrouth près d’un millier de Palestiniens et de Libanais ont commémoré le 16 septembre 2008 le 26ème anniversaire des massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila.

Une marche du camp de Chatila jusqu’à celui de Sabra a été organisé par les rescapés et les proches des victimes palestiniennes et libanaises avec des portraits de leurs parents tués dans ces massacres imputés à une milice chrétienne de droite alliée à Israël.

Un groupe de ressortissants italiens résidant au Liban a déroulé une large banderole sur laquelle était écrit en italien : "Pour ne pas oublier Sabra et Chatila" (Per non dimenticare Sabra e Chatila)

Le massacre de Sabra et Chatila (deux camps de réfugiés palestiniens de Beyrouth-Ouest au Liban) a été perpétré, du 16 au 18 septembre 1982, par la milice chrétienne libanaise dirigée par Elie Hobeika, dans un secteur occupé par l’armée israélienne depuis l’Opération Paix en Galilée, le nombre de victimes varie suivant les sources entre 3000 et 3500.

Le 16 décembre 1982, l’Assemblée générale des Nations unies adoptait, à une majorité écrasante, une résolution décidant que ce "massacre est un acte de génocide."

En 2001, 23 survivants de Sabra et Chatila déposaient devant la justice belge une plainte contre Sharon, Yaron et consorts pour "actes de génocide, crimes contre l’humanité, crimes portant atteinte aux personnes et aux biens protégés par les conventions signées à Genève le 12 août 1949." Cette plainte était rendue possible par une loi belge du 16 juin 1993, modifiée par la loi du 10 février 1999, permettant de poursuivre en Belgique toute personne soupçonnée de génocide ou de crimes contre l’humanité. En juin 2002, le Tribunal de Bruxelles se déclarait incompétent dans la mesure où les personnes incriminées ne résidaient pas sur le territoire belge. Les plaignants ont fait appel de cette décision.



SABRA ET CHATILA - RETOUR SUR UN MASSACRE - PART01


SABRA ET CHATILA - RETOUR SUR UN MASSACRE - PART02



Sabra et Chatila le Massacre 01

Sabra et Chatila le Massacre 02

Témoignage d’une rescapée

« Mon nom est Souad Srour El Marai, réfugiée palestinienne vivant au Liban. Je vais essayer de vous résumer ce qui m’est arrivé, à moi et à ma famille, pendant les massacres de Sabra et Chatila lors de l’invasion israélienne de Beyrouth en 1982. J’avais alors 17 ans. Dans l’après-midi du 16 septembre, j’étais en compagnie de mon frère de 12 ans ; nous étions en route vers un des camps de réfugiés dans lequel nos amis s’abritaient des bombardements et pour leur demander de nous raccompagner chez nous.

En route, nous avons vu des choses effrayantes, des corps étendus sur la route pleins de sang, nous avons entendu des cris de lamentation et de souffrance. Soudain, j’ai entendu une voix qui m’appelait. C’était notre voisin Abou Redha qui me demandait de l’aider. Il m’a dit :

« Ils nous ont massacrés, ils ont violé nos filles et ils ont pris tous les enfants entre 12 et 16 ans. » Puis il m’a demandé de quitter notre maison, car ils reviendraient encore une fois pour tuer tous ceux qui resteraient dans le camp. Pendant que je me demandais qui avait commis toutes ces atrocités, une voix m’a surpris : « Vous êtes encore en vie, bande de chiens ? »

Nous avons couru à la maison pour raconter cet incident terrible. Mon père a alors dit qu’il ne nous arriverait pas plus que ce qui nous est destiné par Dieu, que c’est lui qui nous crée et il fait de nous ce qu’il veut.

Nous sommes restés chez nous jusqu’à l’aube du lendemain. Le vendredi 17 septembre, vers 16 h 30, notre voisine, qui avait passé la nuit chez nous, est montée, en compagnie de mon frère de 11 ans, sur le toit de notre maison pour voir ce qui se passait, afin que nous puissions décider si nous devions rester à la maison ou la quitter. Lorsqu’ils sont montés, ils ont été vus par des miliciens qui étaient sur une colline proche. Ils ont eu peur et ils sont redescendus en vitesse pour nous dire ce qu’ils avaient vu. Quelques instants plus tard, nous avons entendu quelqu’un frapper à la porte. Mon père a demandé : « Qui est là ? » Ils ont dit : « Nous sommes des Israéliens et nous voulons fouiller la maison. » Mon père a ouvert la porte. Il y avait 13 soldats armés. Quelques-uns sont entrés et nous ont encerclés, d’autres sont montés sur le toit de la maison et les derniers sont restés à l’extérieur.

Je me suis mise avec ma petite sœur à côté de mon père pendant que mes autres frères et sœurs se sont mis à côté de notre mère et de la voisine. Mon père les a bien reçus et les a invités à s’asseoir. Un des hommes a dit : « Nous voulons prendre tout ce qui se trouve dans votre maison. » Alors, je lui ai demandé : « Pourquoi voulez-vous tout prendre, après nous avoir pris la chose la plus chère, notre terre, que voulez-vous encore prendre ? » Mon père l’a supplié : « Prends tout ce que tu veux sauf mes enfants. » Le soldat l’a lors frappé si fort au visage qu’il s’est mis à saigner. Je n’ai pas pu me contrôler et j’ai commencé à crier : « Comment pouvez-vous frapper un homme aussi âgé que mon père ? » Ils m’ont alors frappée et jetée au sol. J’ai senti de terribles douleurs et j’ai commencé aussi à frapper le soldat qui m’avait attaquée. Ils ont alors pris tout notre argent et nos bijoux, même l’alliance de mon père. L’un d’eux nous a ordonné de rentrer dans une des chambres, de regarder vers le mur et de ne pas nous retourner.

Ma petite sœur d’un an et demi a levé la main et demandé à ma mère de la prendre dans ses bras, car elle était effrayée. Alors, ils ont commencé à tirer sur nous. Ma petite sœur a reçu une balle dans la tête. Mon père a été touché à la poitrine mais était encore en vie. Mes frères et sœurs Chadli, 3 ans, Farid, 8 ans, Bassam, 11 ans, Hajer, 7 ans et Chadia, 1 an 1/2 ainsi que notre voisine sont morts sur le
coup.

Seuls mes deux frères Maher, 12 ans et Ismaïl, 9 ans sont restés indemnes parce qu’ils étaient cachés dans les toilettes. Ma sœur Nihad, 16 ans et ma mère n’ont pas été grièvement touchées. Et moi, j’étais paralysée.

Les soldats, qui croyaient que nous étions tous morts, sont partis. Nous avons commencé à vérifier qui était encore en vie et qui était mort. Nous avons demandé à ma mère, à mon frère et à ma sœur d’aller chercher des secours. Moi, je suis restée avec mon père qui était grièvement blessé. Nous étions entourés par les cadavres des membres de notre famille. C’était un moment horrible que je n’oublierai jamais.

Vers 10 heures du matin, 3 soldats sont revenus pour prendre l’argent qu’ils avaient oublié à l’intérieur de la maison. Ils ont vu que je

bougeais encore et que j’essayais de me rapprocher de mon père. Ils ont commencé à m’insulter et à m’humilier, puis ils m’ont dit :

« Regarde bien ce qu’on va te faire devant ton père. » Ils m’ont alors violée l’un après l’autre sous les yeux de mon père et ensuite, ils m’ont tiré dessus, me blessant à la main gauche. Puis ils sont partis.

Mon père a dit : « Que Dieu te vienne en aide, ma fille », puis il a rendu l’âme, car il ne pouvait supporter de voir ce qui m’était arrivé.

C’était horrible, d’autant plus que j’ai vécu ça sous les yeux de mon père. Ils sont revenus une nouvelle fois le soir et ils étaient fous furieux de me voir encore en vie et en train de boire. Ils m’ont tiré deux fois dessus, me touchant à la tête. Je me suis alors évanouie.

J’ai été réveillée par le miaulement des chats qui tournaient autour des cadavres. Avec ma main indemne, j’ai essayé de recouvrir les corps avec des couvertures, mais je n’y suis pas parvenue.

Dans la matinée du jour suivant, le samedi 18 septembre, les soldats sont à nouveau revenus. J’ai alors fait semblant d’être morte. Le dimanche matin, un soldat libanais est venu pour demander des nouvelles de membres de sa famille. J’ai alors crié pour demander de l’aide.

Je ne pouvais plus parler lorsque ce soldat a enlevé son manteau pour couvrir mon corps nu et m’emmener avec lui. En sortant du camp, j’ai vu des cadavres égorgés et enflés, et pendant tout le chemin, je n’entendais que cris et lamentations.

Le soldat m’a déposée à la Croix-Rouge. Ils m’ont directement branché un appareil de respiration artificielle. Ils m’ont ensuite emmenée dans un hôpital où ils ont refusé de me recevoir. Finalement, ils m’ont emmenée à l’hôpital de l’Université américaine de Beyrouth. »

Sabra et Chatila (1) Le 16 Septembre 1982 ...

Sabra et Chatila (2) Crime de Génocide

Sabra et Chatila (3) Retour sur un massacre

Sabra et Chatila (4) Samiha, Ouadha, Fadia, Mahmoud et les autres ...

Sabra et Chatila (5 et fin) Chaker, Souad, Bahija, Amale et les autres ...

PHOTO EI IMAGE-MASSACRE DE SABRA ET CHATILA

Messages

  • Il y a le tribunal pénal international qui n’a jamais à ma connaissance
    pris en main ce dossier. Cela veut bien dire que l’Etat d’Israël est couvert
    par tous les gouvernements du monde ( y compris donc du temps de la
    gauche plurielle ) pour ses crimes contre l’humanité ; et cela continue !!!!

  • Merci pour ce rappel.

    Voici toutefois une petite précision.

    Je cite :

    « En 2001, 23 survivants de Sabra et Chatila déposaient devant la justice belge une plainte contre Sharon, Yaron et consorts pour "actes de génocide, crimes contre l’humanité, crimes portant atteinte aux personnes et aux biens protégés par les conventions signées à Genève le 12 août 1949." Cette plainte était rendue possible par une loi belge du 16 juin 1993, modifiée par la loi du 10 février 1999, permettant de poursuivre en Belgique toute personne soupçonnée de génocide ou de crimes contre l’humanité. En juin 2002, le Tribunal de Bruxelles se déclarait incompétent dans la mesure où les personnes incriminées ne résidaient pas sur le territoire belge. Les plaignants ont fait appel de cette décision. »

    Et aussi, le témoin principal de l’accusation, qui n’était autre qu’Elie Hobeika lui-même, avait été assassiné !

    Elie Hobeika était le chef la milice chrétienne libanaise dont les membres ont servis d’hommes de main à Ariel Sharon pour accomplir le massacre de Sabra et Chatila.


    http://www.humanite.fr/2002-01-26_International_-Elimination-d-un-temoin-genant

    le 26 janvier 2002

    Élimination d’un témoin gênant ?

    Elie Hobeika, ancien chef des Forces libanaises impliquées dans les massacres de Sabra et Chatila, tué dans un attentat à Beyrouth

    L’ancien chef des Forces libanaises (milices chrétiennes) a été tué jeudi matin à Beyrouth. Une Mercedes bourrée d’explosifs actionnée à distance a explosé au moment où le véhicule transportant Elie Hobeika et trois de ses gardes du corps passait à proximité. La déflagration a tué les quatre occupants du véhicule, dont les cadavres ont été projetés à plusieurs dizaines de mètres des lieux de l’attentat.

    Hobeika se savait menacé depuis que, au cours d’une conférence de presse, il avait déclaré qu’il était prêt à se rendre à Bruxelles pour témoigner devant la chambre des mises en accusation concernant la plainte contre Ariel Sharon, pour les massacres de Sabra et Chatila à Beyrouth en septembre 1982. Massacres au cours desquels, entre 800 et 2 000 civils palestiniens dont des femmes et des enfants, ont été tués par des miliciens chrétiens, avec, dit-on, l’aval tacite d’Ariel Sharon, dont les troupes occupaient et contrôlaient la capitale libanaise. D’ailleurs, d’après le journaliste israélien Amnon Kapeliouk, auteur d’ Enquête sur un massacre, le siège de l’état-major d’Ariel Sharon se situait à quelques centaines de mètres de Sabra et Chatila. Dans ces conditions, l’ancien commandant en chef des Forces israéliennes ne pouvait ignorer ce qui s’était passé durant trois jours, du 16 au 18 septembre dans les camps de Sabra et Chatila. Les cris des civils égorgés, les tirs de fusils d’assaut, s’entendaient à plusieurs centaines de mètres à la ronde. Et de ce fait, nombreux, dont l’intellectuel Amnon Kapeliouk, le soupçonnent d’être responsable dans ces massacres.

    Certes, Elie Hobeika n’était pas un saint. Il avait commis de nombreux crimes. Mais, depuis que son passé l’avait rattrapé, il avait décidé de se rendre à Bruxelles pour comparaître devant la justice belge : " Je me suis tu pendant vingt ans, maintenant je vais parler ", déclarait-il récemment à Josy Dubié, sénateur belge, cité par Libération. Assurant au sénateur belge qu’il fallait rechercher les auteurs du massacre du côté de l’armée du Sud-Liban (milice chrétienne financée par Israël), laquelle aurait été amenée sur place vêtue d’uniformes des Forces libanaises, dont Hobeika était l’un des responsables. En juillet 2001, il avait assuré détenir des preuves innocentant les Forces libanaises, avoir " amassé des témoignages " et " détenir des documents qui vont ternir l’image de la commission Kahane et lui ôter toute crédibilité ". La commission Kahane, du nom du juge israélien qui avait mené l’enquête sur les massacres des Palestiniens, avait abouti à la responsabilité des seules Forces libanaises et de son chef, Elie Hobeika, dans ce carnage et à la " responsabilité indirecte " d’Ariel Sharon. · l’époque des faits, en effet, de nombreux rescapés affirmaient que les tueurs parlaient l’arabe avec un fort accent du Sud-Liban et avaient accusé l’armée du Liban-Sud.

    Pour les autorités libanaises, c’est le Mossad, donc Israël, qui a décidé d’éliminer un témoin gênant. Car, il ne fait pas de doute que les révélations qu’allait faire l’ancien chef des Forces libanaises impliquaient directement Ariel Sharon et sans doute de nombreux libanais, complices ou auteurs directs de ces carnages. En revanche, le gouvernement d’Israël a qualifié ces accusations de " ridicules " et pointé le doigt en direction de la Syrie, dont Hobeika était l’allié, après avoir collaboré avec le Mossad durant une partie de la guerre civile libanaise. Quoi qu’il en soit, la mort de Hobeika embarrasse surtout Ariel Sharon, bien que ce dernier se défende d’être derrière ce meurtre. Qui plus est, l’instruction par la justice belge du massacre de Sabra et Chatila a conduit Sharon à interdire aux officiers supérieurs israéliens de se rendre en Europe. Sans doute cherche-t-il à éviter une inculpation de l’un d’eux !

    Hassane Zerrouky

  • « Massaker » et « Valse avec Bachir », deux films qui traitent du massacre des camps palestiniens de Sabra-Chatila, dans la banlieue sud-est de Beyrouth, en 1982, s’imposent, d’emblée et sans ambages, comme antidote à l’amnésie précoce de la classe politico-médiatique tant au Liban, qu’en Israël, que dans les pays arabes et les pays occidentaux, sur l’un des poins forts de la barbarie humaine de l’époque contemporaine.

    Près de trois mille palestiniens seront massacrés de sang froid pendant trois jours -les 15,16 et 17 septembre 1982-, dans une opération téléguidée par Israël et exécutée par ses alliés des milices chrétiennes pour venger l’assassinat de Bachir Gemayel, chef des Forces Libanaises, fraîchement élu à la présidence de la République Libanaise et assassiné à la veille de son entrée en fonction. Par la gratuité de sa violence aveugle, cet acte fut comparé en son temps par le Président François Mitterrand à Ouradour sur Glane, du nom d’une opération analogue commise par l‘armée allemande à l’encontre des habitants de la bourgade française en guise de représailles à l’assassinat de soldats allemands en France.

    • Le parti de Bechir Gemayel était d’extrême-droite. Il s’appelait "phalangiste", tout un programme. Et il avait été en réalité mis en place par l’occupant israélien. On ne sait en fait pas QUI a assassiné Béchir Gemayel. Mais je sais que, contrairement à ce qu’on entend dire tout le temps, il n’y a pas que les milices phalangistes à avoir participé au massacre.

      En fait, avant de laisser entrer les phalangistes dans les camps de Sabra et Chatila, Ariel Sharon a fait rentrer une milice spéciale, bien israélienne celle-là, pour s’assurer qu’un certain nombre d’ACTIVISTES Palestiniens soient exécutés. Ensuite, une fois ce travail précis (qui seul était vraiment essentiel) effectué, Sharon a laissé entrer les phalangistes dans les camps palestiniens pour massacrer sans distinction ce qui restait.

      Il n’est par conséquent pas interdit de penser que Béchir Gémayel a été assassiné par Sharon lui-même afin de fournir une excuse au massacre de Sabra et Chatila qui, lui, a servi à camoufler les exécutions sommaires par les Israéliens eux-mêmes des activistes palestiniens qui étaient dans ces camps.

      J’ai vu aussi au début des années 1980 un film sur le massacre de Deir Yassine en 1948. Il racontait exactement comment les Israéliens avaient procédé pour ce massacre. C’était un film d’environ une heure et demi, si je me souviens bien. Je crois qu’il s’appelait tout simplement "Deir Yassine". En tout cas, il y avait le nom de ce village palestinien dans le titre.

      Quelqu’un saurait-il comment on peut revoir ce film aujourd’hui ?

    • Il me semble avoir lu quelque part que les activistes palestiniens était parti en bateau pour la tunisie deux semaines avant l’attaque du camp (ce que les israeliens ignoraient apparement) quelqu’un a des infos là dessus ou je confond avec autre chose ?