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Bien mal acquis ne profite jamais ... Faut voir

Publie le mardi 30 septembre 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

de Slovar

Qui peut dire si le tsunami financier légué par les Etats Unis au monde ne va pas arranger certaines affaires ?

C’est vrai qu’il est impossible à moins de vivre dans une grotte hermétiquement close, de ne pas être informé de la crise financière mondiale. Cette crise qui selon le Président en exercice de l’Union Européenne serait bien entendu exclusivement due aux vautours de la finance américaine.

Selon le discours très "marxiste" du locataire de l’Elysée, la France et à fortiori l’Europe ne possèderaient aucune des caractéristiques qui ont mené le capitalisme jusqu’au bord du gouffre. Les très récents sauvetages de banques britanniques et belges ne sont pourtant qu’un prélude à la poussière que l’on souhaitait "cacher sous le tapis"

Dans le déferlement d’informations toutes plus catastrophiques que les autres, une information est passée inaperçue, et c’est dommage.

L’UIMM va démarrer une campagne de communication en faveur des métiers de l’industrie où il va falloir recruter 100 000 personnes par an. "Nous nous engageons à financer des programmes d’insertion des jeunes et des adultes en difficulté. Ce sera notamment notre réponse à Martin Hirsch, le haut commissaire aux solidarités actives, qui nous avait sollicités lors du lancement du RSA.

Pour la formation et la lutte contre l’exclusion, nous avons prévu de créer une fondation qui bénéficiera de 20 millions d’euros abondés chaque année de 10 millions supplémentaires. Un fonds de développement et d’aide au capital des PME sera instauré, doté de 50 millions d’euros. Par ailleurs, nous allons proposer la création d’une fondation pour renforcer les relations entre l’industrie, la recherche et l’enseignement supérieur qui recevra au départ 10 millions d’euros puis 2 millions par an... " ... / ...

Qui gérera et assurera le contrôle de ces actions ?

Tous ces projets seront financés grâce aux intérêts générés par les réserves. Cela représente 255 millions d’euros sur cinq ans. Nous sommes la seule branche professionnelle à engager de telles actions qui seront gérées, selon leur nature, par des dirigeants de l’UIMM et des experts. Nous n’avons pas encore décidé si les fondations seront spécifiques ou abritées à la Fondation de France. Source Le Monde

Fort bien, mais il faut semble t-il, tempérer l’enthousiasme des foules, puisque Sabine Syfuss-Arnaud, grand reporter à Challenges dans son article du jeudi 25 septembre écrit : "Le mystère UIMM demeure épais, donc. A ce jour, il y a eu neuf mises en examens, et de nouvelles auditions devraient être lancées début octobre. La brigade financière travaille toujours sur le dossier, mais à effectifs réduits. Il y a dix jours, François Werner, le patron de Tracfin -la cellule anti-blanchiment de Bercy- celui là même qui avait transmis, il y a un an, le dossier à la justice, a quitté discrètement ses fonctions…

Aujourd’hui, veille de la date anniversaire, l’UIMM, avec sa nouvelle direction qui se présente blanche comme neige, avait convié les médias à une conférence de presse. Elle devait annoncer à quelles fins seraient utilisés les centaines de millions d’euros de la Caisse d’entraide. Las, l’événement a été annulé. Officiellement pour cause d’actualité chargée. Un communiqué sera envoyé en fin d’après-midi. Sans doute plus facile à gérer que des questions trop insistantes de journalistes Source Challenge

Ne cherchez aucune réaction de la part de Bercy, du Commissariat aux Solidarités actives contre la pauvreté ni du MEDEF, il n’y en a pas. Par contre, "Ce sera notamment notre réponse à Martin Hirsch, le haut commissaire aux solidarités actives, qui nous avait sollicités lors du lancement du RSA. Pour la formation et la lutte contre l’exclusion, nous avons prévu de créer une fondation qui bénéficiera de 20 millions d’euros abondés chaque année de 10 millions supplémentaires" ça sent la rédemption et peut être ... un futur accord amical ?

Pour ceux qui l’auraient oublié, l’affaire UIMM c’est :

Les caisses noires d’argent sale du MEDF-UIMM atteignaient 600 millions d’euros. Certains disent un milliard. Cela représente un cinquième de ce qui a été perdu par les spéculations financières aventureuses de la Société générale, huit fois plus que l’enjeu de la dernière grève SNCF, douze fois plus que les crédits de Martin Hirsh pour faire travailler les pauvres au RSA. Cela a été révélé le 26 septembre 2007 : la bande organisée ( Denis Gautier-Sauvagnac, Laurence Parisot, Michel de Virville, D. de Calan...) qui trafiquait cet argent sale pour corrompre des politiques et casser des grèves, payer des salaires en liquide sans cotisations, s’octroyer des prêts gratuits, n’est toujours pas sous les verrous.

Les entreprises qui cotisaient à ces fonds secrets redistribués en mallettes de 26 à 32 kg à raison d’au moins 2 millions d’euros par an, ne sont pas inquiétées.

D’où vient l’argent ? Ou va t il ? C’est l’omerta.

Il n’y a guère de journalisme d’investigation sur le sujet. Les révélations sur la façon dont le Medef détourne des fonds, des locaux, des permanents sur le compte de la médecine du travail sont aussi restées sans suite ... / ... Source D& S

Dans le détail parFrance 24 du 29 février 2008 :

L’ancien président de l’UIMM, Denis Gautier-Sauvagnac, a négocié une indemnité de départ d’un 1,5 million d’euros et la prise en charge financière par l’organisation patronale des conséquences de l’affaire des retraits suspects des caisses du patronat de la métallurgie.

Révélés par l’hebdomadaire Marianne à paraître samedi, ces deux accords conclus entre DGS et l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) ont été négociés respectivement début novembre et fin décembre, a-t-on appris jeudi de source proche du dossier. Dans la soirée, l’UIMM a confirmé qu’"une transaction a été signée début décembre 2007 pour mettre fin à des différents existant entre les parties. Dans le cadre de cette transaction, un montant de 1,5 million d’euros bruts, soumis à cotisations sociales et à impôts, a été versé à Denis Gautier-Sauvagnac".

Selon Marianne un second accord "garantit à M. Gautier-Sauvagnac que toutes les condamnations éventuelles liées à la procédure judiciaire en cours seront financièrement prises en charge par l’UIMM". Le contenu de ce second accord aurait été, selon l’hebdomadaire, "partiellement dissimulé à certains membres du bureau" de l’UIMM qui réunit des dirigeants de grands groupes industriels français.

L’UIMM affirme de son côté avoir, après une décision du bureau "à l’unanimité", signé un accord avec DSGS "au terme duquel l’UIMM assumerait les seules éventuelles conséquences fiscales" pour M. Gautier-Sauvagnac de l’affaire des retraits suspects. Ce dernier pourrait en effet faire l’objet d’un redressement fiscal pour avoir perçu des primes non-déclarées sur les fonds prélevés en espèces des caisses de l’organisation patronale

Selon une source proche du dossier, ces accords, négociés avec Michel de Virville, mandaté par le bureau de l’union patronale, auraient pour objectif de s’assurer du silence de M. Gautier-Sauvagnac dans le dossier, pour lequel il a été mis en examen le 15 janvier, notamment pour "abus de confiance". Quelque 19 millions d’euros ont au total été retirés entre 2000 et 2007 sous son autorité. Les enquêteurs soupçonnent que la majeure partie de ces sommes a pu servir au financement occulte de syndicats.

Denis Gautier-Sauvagnac n’en dit rien et se contente d’affirmer qu’il avait procédé, comme ses prédécesseurs, "à des remises de fonds aux représentants des organismes participant à la vie sociale du pays" "Je n’ai sur ce sujet aucun commentaire à faire", a déclaré à l’AFP Me Jean-Yves Le Borgne, avocat de DGS.

Ces deux contrats n’ont pas été versés au dossier instruit par le juge financier Roger Le Loire, selon des sources judiciaires.

... / ...

Selon Marianne, le contrat conclu en novembre stipulerait qu’il "quittera ses fonctions de délégué général au plus tard le 31 janvier 2009". Dans ce dossier, le délégué général adjoint de l’UIMM, Dominique de Calan, a lui aussi été mis en examen le 14 février pour complicité et recel d’abus de confiance. Selon une source proche du dossier, il pourrait avoir conclu des accords similaires à ceux de Denis Gautier-Sauvagnac, une affirmation démentie de source proche de l’UIMM.

Certes, l’indemnité de Denis Gautier-Sauvagnac a été diminuée et un certain nombre de protagonistes ont été soit mis en examen. Le MEDEF "pris à la gorge" a suspendu de leurs fonctions quelques protagonistes trop exposés et Madame Parisot nous a gratifié de discours sur l’éthique et le " responsable mais pas coupable " ... Alors que : "tous (Ceyrac, Gattaz, Dewavrin) expliquent que c’était un secret de polichinelle, que cela existait depuis 123 ans, ou selon, depuis 1901 ou 1947 ou 1968, qu’il y a eu jusqu’à un milliard d’euros, dans la caisse puisque Mme Parisot a reconnu qu’elle était « salie » et que « beaucoup savaient inconsciemment » ce « secret de famille honteux » Source D&S

Et voila que justement en période de caisses vides, de retour de la pauvreté et de marasme financier, ce qu’on peut considérer comme le plus grand scandale économico financier français (des responsables de l’UIMM reconnaissent avoir financé des syndicats et brisé des grèves de salariés et affirment avoir versé des sommes importantes à des partis politiques) risque de tomber dans l’oubli et de trouver une fin sommes toutes "heureuse".

Et pourquoi , une commission arbitrale (par exemple) pour régler le problème ?

On peut lire ce matin dans Les Echos : "Pour « montrer la voie » à l’Etat, la présidente du Medef a jugé hier nécessaire de réduire les cotisations chômage. Cette annonce survient alors que le gouvernement table sur une stabilisation de l’emploi en 2009, qui risque de peser sur les comptes de l’Unedic Source Les Echos

Ouest France nous fait découvrir une autre déclaration tonitruante :

"Laurence Parisot critique la politique fiscale du gouvernement à deux jours de la présentation du budget. Il faut faire baisser les impôts, dit-elle.

Les entreprises sont écrasées par le poids des charges. Cette doléance du patronat n’est pas nouvelle. Hier, la présidente du Medef a évoqué une fois encore ce sujet qui fâche. Un moment qui ne doit rien au hasard. Le projet de loi de finances 2009 sera présenté, vendredi, en Conseil des ministres. Et ce qui s’annonce n’augure rien de bon, selon l’organisation patronale.

« Dans un contexte de crise, toute hausse des prélèvements obligatoires peut faire déborder un vase déjà quasi trop plein. Aujourd’hui, on estime que la France est en danger, assure Laurence Parisot. Nous avons de bonnes raisons de croire qu’on repart à la hausse. Je prédis une situation catastrophique, si on ne prend pas la décision d’inverser la tendance. »

Et de souligner que la France a le niveau de prélèvements obligatoires « le plus élevé au monde ». Sans pouvoir l’évaluer précisément, puisque, selon elle, « aucune source officielle n’en donne le montant total ».

Et de conclure : "L’organisation patronale a notamment fustigé la pénalité de 1 % sur la masse salariale, envisagée par le gouvernement pour les entreprises qui n’auront pas conclu un accord avec les syndicats ou établi un plan d’action sur l’emploi des seniors d’ici à la fin 2009. « Il y a, aujourd’hui, une logique punitive qui n’est pas acceptable », dénonce Laurence Parisot"

Sans commentaire ... ou plutôt si, mais j’ai peur de pas avoir assez de place ...

Slovar les Nouvelles

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ATTAC Belgique

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  • Révélations sur la "caisse noire" de l’UIMM
    Par Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme (www.mediapart.fr)

    Le mur du silence érigé à l’automne 2007 par les protagonistes de l’affaire de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) commence à se fissurer. Le juge Roger Le Loire, qui cherche à lever le voile sur les bénéficiaires de la « caisse noire » de l’organisation patronale la plus puissante de France, dispose aujourd’hui de plusieurs témoignages qui orientent de fait l’enquête vers un financement occulte politique et syndical.

    Le plus précis de ces témoignages, resté inédit jusqu’ici, date du 21 février dernier. Ce jour-là, le magistrat a recueilli dans son bureau les confidences d’Annick Le Page, une ancienne chargée de mission à la Fédération des industries mécaniques (FIM) – adhérente à l’UIMM – qui lui avait spontanément écrit le 7 janvier, indiquant avoir des révélations à apporter sur le scandale qui ébranle le patronat français depuis six mois.

    La déposition de Mme Lepage, dont Mediapart publie en intégralité la retranscription (voir "Lire aussi"), ouvre la voie à de nouvelles pistes d’investigation pour les enquêteurs, qu’il s’agisse du juge Le Loire ou des policiers de la brigade financière.

    Tous s’étaient heurtés jusque-là à l’omerta qui semble de règle chez les principaux acteurs du dossier. En premier lieu, Denis Gautier-Sauvagnac, dit « DGS », l’ancien président de l’UIMM sous l’autorité duquel 19 millions d’euros ont été retirés en espèces entre 2000 et 2007 de l’Epim, une caisse de secours mutuel censée soutenir les entreprises de la métallurgie ayant subi des préjudices lors de conflits sociaux. La fameuse « caisse noire » de l’UIMM serait aujourd’hui créditée de quelque 600 millions d’euros...

    Interrogée par le juge sur les destinataires de ces sommes occultes, Annick Le Page a résumé d’un trait ses présomptions : « Il était dit dans le milieu dans lequel j’évoluais que cet argent servait à "arroser" les syndicats, les politiques, les journalistes, ceux qui en savent trop, la maîtresse des uns et des autres, etc. »

    Spécialiste des questions de formation et d’apprentissage, Mme Le Page a tenté d’étayer ses dires par deux exemples qui mettent en cause la classe politique. A gauche comme à droite.

    Le premier date du début des années 1990. Mme Le Page a ainsi relaté la teneur d’une conversation téléphonique que son patron à la FIM, Patrice Vareine, aurait eu le 25 juillet 2001 avec l’ancienne chef du service juridique de l’UIMM, Yolande Sellier. « M. Vareine (...) avait mis le haut-parleur, ce qu’il faisait fréquemment lorsqu’il abordait les problèmes de formation avec son interlocuteur », a expliqué Mme Le Page, qui a conservé des notes de l’époque rédigées par ses soins – aujourd’hui entre les mains du juge.

    Lors de sa déposition, elle a évoqué un certain « M. de Navacelle », qu’elle a présenté comme « un ancien de Matignon, cabinet Bérégovoy-Cresson ». Lors de cet entretien téléphonique, « il a été dit que M. de Navacelle était le coursier avec enveloppe, c’est-à-dire qu’il allait chercher des enveloppes, d’argent je présume, avant d’être ensuite embauché à l’UIMM », a révélé Mme Le Page.

    « Il fallait “acheter” ceux qui participaient à cette loi »

    L’homme en question, c’est Henri de Navacelle. Un ancien ingénieur de l’Ecole navale, qui fut aide de camp au cabinet militaire du Premier ministre Edith Cresson (PS), puis de son successeur Pierre Bérégovoy (PS, aussi), entre 1991 et 1993. En 1995, cet ancien officier de marine a accédé au poste clé de directeur de la Formation et des Ressources humaines de l’UIMM, un an après que DGS en fut devenu le directeur général.

    Interrogée par le juge Le Loire sur ces déclarations, l’ancienne chef du service juridique de l’UIMM a nié catégoriquement avoir « jamais tenu de tels propos » concernant M. de Navacelle. « En aucune façon, je n’ai dit qu’il avait pu être le transporteur de valises entre Matignon et l’UIMM. Ces propos sont mensongers, voire diffamatoires », a ainsi vivement réagi devant le magistrat Yolande Sellier.

    Le deuxième exemple donné par Annick Le Page concerne le lobbying actif mené par l’UIMM à l’Assemblée nationale quand, en 1995, une vaste réforme des modes de financement de l’apprentissage, qui constitue une manne financière considérable pour la métallurgie, menaça d’amputer de 45,7 millions d’euros les caisses des entreprises du secteur. L’UIMM était montée en première ligne pour contester les modalités de cette réforme, pourtant approuvée par le CNPF (l’ancêtre du MEDEF). Avec succès.

    Un amendement parlementaire, déposé à la dernière minute par la députée (RPR) de Maine-et-Loire, Roselyne Bachelot, aujourd’hui ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, permit d’extraire une dizaine de fédérations patronales du champ de la réforme. Dont l’UIMM. Sans jamais citer le nom de l’actuel membre du gouvernement ni d’aucun autre responsable politique, Annick Le Page a toutefois déclaré au juge : « Il fallait "acheter" ceux qui participaient à cette loi de 1995. »

    Mme Le Page a par ailleurs assuré, avec un luxe de détails, que la formation professionnelle constituait l’une des principales sources de financement de la caisse noire de l’UIMM. « Il était de notoriété publique au sein de nos institutions (...) que le "jeune en contrat de qualif’ était la pompe à fric de la caisse noire de l’UIMM" », a-t-elle déclaré.

    Le mécanisme frauduleux mis en place était enfantin. Selon cette ancienne salariée de la FIM, des faux contrats d’apprentissage étaient signés par des organismes proches de l’UIMM afin « d’obtenir les subventions prévues par la loi ».

    Mme Le Page a aussi affirmé avoir été « l’objet de pressions et de menaces » quand elle a révélé ces « dysfonctionnements » au responsable d’un organisme de formation avec lequel elle travaillait. Ce dernier lui aurait rétorqué que ces pratiques avaient « toujours » eu lieu, au Groupement des industries métallurgiques (GIM), à l’UIMM, et « dans tous les centres de formations dans la France entière ».

    Mme Le Page a ajouté que la plupart des archives comptables des entreprises mises en cause avaient brûlé en août 1997 dans l’incendie criminel de trois hangars du port du Havre où elles étaient entreposées avec celles du Crédit lyonnais, alors secoué par l’affaire Ibsa-CDR.

    « Tous les syndicats bénéficiaient de ces aides »

    Mais ce n’est pas tout. Le juge Le Loire dispose d’un autre témoignage, certes plus flou, qui confirme la thèse d’un financement occulte par l’UIMM des grandes organisations syndicales. C’est ce qui ressort en substance des déclarations de Jacques Gagliardi, salarié de l’UIMM jusqu’en 1999.

    Proche de Pierre Guillen, le directeur général de l’union patronale qui a précédé DGS, M. Gagliardi a confié au juge, il y a quelques semaines : « Pierre Guillen ne m’a jamais précisé les montants qu’il remettait directement ou indirectement aux syndicats de salariés de la métallurgie, ni comment, ni à qui et selon quelle régularité. Je suppose que tous les syndicats bénéficiaient de ces aides, y compris la CGT, je ne l’exclus pas (...). Il s’agissait d’une politique générale qui n’était pas nouvelle et qui consistait à financer leurs activités : payer leurs permanents, tenir un congrès à Paris, loger et nourrir les délégués syndicaux quand ils venaient à Paris... Je ne pense pas que l’UIMM payait les factures ou les salaires de ces permanents, j’en suis même convaincu. »

    A travers de son témoignage, on comprend en tout cas que le financement syndical occulte est désormais tenu pour acquis par le juge, qui a notamment posé la question suivante : « Connaissez-vous l’origine des fonds qui étaient remis aux syndicats ? »

    Ce à quoi M. Gagliardi a répondu, un brin nostalgique : « A la belle époque, dans les années 1970, l’UIMM avait 15.000 adhérents. Se délester de quelques millions de francs par an ne devait pas poser de problème, je pense. Mais j’en ignore la provenance d’un point de vue comptable. »

    Invité par le juge à réagir à ces révélations lors de sa première audition sur le fond du dossier, le 16 avril dernier, DGS a eu une réponse sibylline. Il n’a pas démenti, mais a simplement lâché : « Je laisse à M. Gagliardi la responsabilité de ses déclarations. » Le magistrat a alors reformulé sa question à propos des bénéficiaires des fonds : « S’agissait-il de gens médiatiquement connus ? » DGS a encore esquivé : « Je ne peux pas répondre à cette question. » Nouvelle tentative du juge : « Existe-t-il un problème de financement des organisations syndicales en France ? » La réponse de DGS, empreinte de malice et d’insolence, a fusé : « Ah, sûrement ! »

    DGS, entre ellipses et silences

    Mis en examen pour « abus de confiance », « recel d’abus de confiance » et « travail dissimulé », l’ancien patron de la métallurgie – dont l’avocat Me Jean-Yves Le Borgne n’a pas donné suite à nos nombreux messages – n’entend visiblement pas en dire plus, conservant ainsi la stratégie de défense mise en place à l’automne 2007, lors de la révélation publique de l’affaire. Plusieurs de ses dépositions attestent cette tactique, oscillant entre ellipses et silences.

    Entendu par la brigade financière le 3 octobre 2007, au tout début de l’enquête, DGS avait par exemple répondu aux policiers qui le questionnaient sur l’usage fait des retraits en espèces de la caisse noire de l’UIMM : « Je les attribuais dans le cadre de [la] régulation de la vie économique et sociale. » Ajoutant : « J’ai toujours remis les fonds, l’intégralité des fonds, à des personnes physiques, des individus. »

    Il avait été aussi peu loquace, multipliant les circonlocutions au point d’agacer les policiers, au cours de sa garde à vue entre le 27 et le 29 novembre 2007 (ainsi que l’atteste le compte rendu publié par Le Pointle 20 décembre 2007).

    Depuis le premier jour, DGS se retranche derrière une forme de « raison d’Etat » pour ne pas révéler les principaux bénéficiaires des fonds en liquide – à l’exception notable d’une ancienne figure du patronat français, François Ceyrac, comme l’a révélé Mediapart le 21 avril. « Cela relève d’une conception de l’intérêt général et du respect que j’ai pour les destinataires qui, quelles que soient leurs opinions, étaient attachés à leur cause », a tenté de faire comprendre au juge, le 16 avril, M. Gautier-Sauvagnac.

    « Dès octobre 2007, j’ai indiqué que je ne dirai rien », a encore prévenu DGS. « J’ajoute qu’à de multiples reprises depuis le 26 septembre, les instances de l’UIMM, informées du système des retraits en espèces, m’[ont] manifesté leur confiance. » Ainsi, il veut voir dans la confortable indemnité de départ qu’il a obtenue un « prolongement de [cette] confiance ».

    Une seule fois, au cours de son interrogatoire, DGS a laissé percer une certaine amertume à l’idée de servir de bouc émissaire. « En ce qui concerne ma solitude, je la trouve bien excessive si l’on considère que – sauf à entrer dans les détails – il s’agit d’un secret de polichinelle pour des pratiques qui existaient depuis des décennies et auxquelles j’étais en train moi-même de mettre fin. Je suis le premier à reconnaître que ces pratiques datent (...) Distribuer des billets même pour la bonne cause n’était pas ma ligne de conduite. »

    « Nous détruisons les pièces comptables tous les ans »

    C’est donc à pas de loup qu’avancent les investigations. Si l’identité des bénéficiaires tarde à se manifester, en revanche, l’enquête a d’ores et déjà pu reconstituer avec précision le système de retraits des espèces. Ils étaient réalisés à la demande de DGS par la comptable de l’UIMM, Dominique Renaud – également mise en examen –, qui remisait ensuite les billets dans le coffre de l’organisation patronale, au deuxième étage de ses locaux parisiens, rue de Wagram.

    Le montant retiré d’un compte de la BNP était toujours le même : « 200.000 euros », a assuré Mme Renaud aux enquêteurs. « Je reçois mes instructions de M. Gautier-Sauvagnac, a-t-elle raconté. Il me dit qu’il a besoin de liquide. Je fais en sorte que cela soit fait dans les jours qui suivent (...). Je rédige le chèque, je le signe et le porte à la signature » de DGS.

    Où allait ensuite l’argent ? C’est la lancinante question à laquelle les enquêteurs espèrent pouvoir désormais répondre. Dominique Renaud ne leur a pas été d’une grande aide, elle qui a assuré qu’il n’y avait « pas d’enregistrement comptable de ces opérations ». De toute façon, a-t-elle précisé, si de manière générale l’UIMM tenait « une comptabilité dans les règles », « nous détruisons les pièces comptables tous les ans à l’issue de l’AG d’approbation des comptes ».

    Dès le mois d’octobre 1995, M. Gautier-Sauvagnac avait affirmé à un banquier de la BNP, entendu récemment par le juge Le Loire, que les versements en espèces étaient destinés à des « vieux serviteurs de la métallurgie » et à des « organismes ayant pour finalité de servir l’intérêt général ». Grâce aux derniers témoignages engrangés, le magistrat espère identifier ces fameux « serviteurs » qui, visiblement, ont été à leur tour bien servis.

    Fabrice Arfi
    Médiapart (service Enquêtes)

  • a lire pour tout comprendre sur le sujet :
    l’argent noir des syndicats"de roger Lenglet,jl Touly et c Montgermont publié chez fayard et qui n’a pas bénéficié d’une grande publicité...