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Un bon article du chanteur québecois Dan Bigras

Publie le jeudi 2 octobre 2008 par Open-Publishing

(Voici un excellent article du chanteur québecois Dan Bigras paru dans le journal de Montréal du 30 septembre 2008. Félicitations à monsieur Bigras pour son article ainsi que pour son engagement en faveur des plus démunis et félicitations au Journal de Montréal pour permettre à ses lecteurs d’avoir accès à des textes qui peuvent alimenter notre réflexion.)

LE TEMPS DES SEIGNEURS par Dan Bigras

Enfin, le temps des seigneurs, des rois et des dictatures est révolu ! Fini, le Moyen ge ! L’ère de la démocratie universelle est à nos portes. La démocratie qui protège les faibles contre les abus des forts. Qui protège le peuple contre la tyrannie du monarque, le paysan contre la rapacité du seigneur... Vous croyez ça, vous ? Moi non plus.

La majorité des gens ont maintenant compris que si la richesse principale de l’Irak avait été le brocoli, il y aurait là-bas en ce moment un peu moins de « démocratie » armée.

L’Irak où monsieur Harper aurait bien voulu nous envoyer. Pas grave, il nous maintient en Afghanistan...

Cet Afghanistan où le gouvernement Harper décide régulièrement de cesser le transfert de prisonniers aux autorités afghanes parce qu’ils y sont torturés, mais ce sont à ces mêmes autorités que Monsieur Harper remettra le pouvoir « quand ils seront prêts ».

JAMAIS « PRÊTS »

La vérité est qu’ils ne seront jamais « prêts ». C’est un gouvernement de collaboration comme l’était Vichy en France pendant la dernière guerre mondiale. Le but n’étant pas de partir d’Afghanistan mais bien d’y rester.

Nous sommes en mission guerrière-humanitaire. Pour reconstruire des écoles pour les petites filles, semble-t-il. Comment pourrions-nous décemment être contre ça ? Même si, pas si loin, il y a un pays où l’on brutalise, viole et assassine des milliers de petites filles.

Monsieur Harper pourrait peut-être nous expliquer et expliquer aux familles de nos militaires ce que nous foutons en Afghanistan tout en refusant obstinément d’aller au Darfour, comme si nous n’avions rien retenu du Rwanda.

Combien cela nous coûte-t-il ?

Combien d’argent de nos poches aux fabricants d’armes ? Une industrie multimilliardaire fabricante de mort.

Combien de milliards en réductions de taxes aux pétrolières ? Ces mêmes pétrolières que plus personne ne croit sur les prix qu’elles nous chargent à la pompe pour du pétrole puisé on ne sait où.

Où puise-t-on notre argent pour le leur donner ? C’est drôle, en même temps on coupe dans la santé, dans les soins communautaires et... ah oui, la culture. C’est qu’il faut faire rouler l’économie.

Bizarre l’économie. À chaque fois qu’elle roule, il y a encore plus d’ultra-riches et encore plus d’ultra-pauvres. Pauvre économie, elle travaille dur. Ça prend beaucoup de pauvres pour faire un riche. Nous en avons la preuve aux États-Unis ces jours-ci en contemplant avec inquiétude une économie qui s’écroule à force d’avoir été pillée par les patrons de Mr Bush.

L’ESSENTIEL

Ici, le gouvernement Harper remettra en question le droit des femmes à l’avortement et interdira le mariage gai. Interdira l’euthanasie, mais voudra rétablir la peine de mort.

Il va envoyer des enfants de quatorze ans en prison à vie alors qu’il maintiendra leur consentement sexuel légal à seize ans. Aux États-Unis, l’âge légal pour consommer de l’alcool est de vingt et un ans alors que pour acheter une arme à feu, il est de dix-huit ans.

Pendant que notre attention sera monopolisée par ces reculs importants, Monsieur Harper espère que nous perdrons de vue l’essentiel.

La démocratie, quand elle est à ce point détournée par une minorité de gens qui se partagent la planète, devient nulle et non avenue.

La vérité, c’est que le temps des seigneurs est revenu.