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Aux capitalistes de payer leur crise ! par Olivier Besancenot

Publie le vendredi 10 octobre 2008 par Open-Publishing
8 commentaires

Aux capitalistes de payer leur crise ! par Olivier Besancenot

Article paru dans Rouge du 8 octobre.

Le nouveau plan Paulson, adopté par le Congrès américain, comme le premier financement français d’une banque en faillite, Dexia, montrent ce que sera la réponse capitaliste à la crise : sauver le système en sauvant les riches, et faire payer tout cela par les populations, qui n’ont évidemment aucune responsabilité dans le désastre. Que le PS ait approuvé, sans surprise, le financement public de Dexia (et s’apprête à approuver toutes les socialisations des pertes à venir) montre que sa conversion officielle récente à l’économie de marché n’est pas un vain mot. Pas d’unité nationale, pour sauver le capital !

La crise capitaliste peut entraîner tout le monde dans son sillage, avec son lot de chômage en plus, de salaires réduits, de familles expulsées de leurs logements, de famines, de destructions écologiques, de tensions et de guerres. La gauche libérale ayant à l’évidence partie liée avec le système en crise, ce n’est que de la gauche anticapitaliste que peuvent venir des propositions concrètes, immédiates, pour stopper les conséquences de la crise et en protéger les plus faibles.

Il faut en premier lieu socialiser le système financier. Il faut freiner les spéculations financières. Cela peut se faire par l’instauration d’une taxe dissuasive sur toutes les transactions boursières, celle d’un délai de six mois entre l’achat et la revente des titres et, s’il le faut, la suppression de la vente des titres (suspension des Bourses). Il faut de toute urgence assurer la transparence de la finance, en supprimant tout secret bancaire. Cela suppose la fin des paradis fiscaux, y compris au sein de l’Europe (Luxembourg). Les banques de ces États voyous devront se soumettre à la transparence, ou alors être interdites de toute transaction avec celles de l’Union européenne.

Il faut la nationalisation de toutes les grandes banques et compagnies d’assurance, faillies ou pas. Ce qui implique : la nationalisation, sans indemnité et sans vente des actifs ultérieurs, le rejet de la mutualisation des pertes avant de reprivatiser les profits* ; la mise en place d’un service public bancaire, sous contrôle de la population, mutualisé, qui aurait pour objectif de drainer l’épargne, de mobiliser le crédit pour satisfaire des besoins sociaux élémentaires décidés par la collectivité ; l’extension du service public à l’échelle européenne, l’abrogation de l’indépendance politique de la Banque centrale européenne afin que les choix financiers s’opèrent sous le contrôle démocratique des populations et ne restent pas aux mains d’une technocratie soumise « aux lois du marché ».

Ensuite, il est nécessaire de mettre un terme au droit divin lié à la propriété capitaliste. Il faut donner aux travailleurs de véritables pouvoirs dans l’entreprise et, pour cela, modifier le droit de propriété, par exemple par la participation d’une représentation des salariés aux pouvoirs de décision. Cela implique l’exercice d’un contrôle ouvrier, avec ouverture des livres de comptes. Travaillant dans l’usine, au bureau, jour après jour, souvent année après année, créant les richesses, les salariés ont depuis longtemps conquis le droit d’exercer leur pouvoir. Si les patrons refusent le partage du droit de propriété, s’ils s’opposent au contrôle ouvrier, nous demandons leur expropriation et la mise de l’entreprise sous autogestion ouvrière.

Une nouvelle répartition des richesses est également nécessaire. Une des sources de la crise est la faiblesse du pouvoir d’achat. Dans l’immédiat, les travailleurs ne doivent pas faire les frais d’une crise qui n’est pas la leur. En ce qui concerne l’emploi, nous exigeons l’interdiction des licenciements et la nationalisation des entreprises qui menacent de fermer, avec relance de la production sous contrôle ouvrier. En effet, on nationalise des banques pour sauver les profits : au nom de quoi refuserait-on de nationaliser des entreprises pour sauver des salariés ? Nous revendiquons le maintien du pouvoir d’achat des salaires, par l’introduction d’une échelle mobile qui augmente automatiquement les salaires en fonction de l’inflation, 300 euros d’augmentation pour tous et un salaire net minimum porté à 1 500 euros. Nous voulons le relèvement des minima sociaux, une indemnisation du chômage digne de ce nom, l’arrêt de toute nouvelle privatisation (dont celle de La Poste), et que l’on revienne sur les contre-réformes introduites en matière de retraite et de santé.

Comment financer tout cela ? Pas un sou ne doit sortir de notre poche : c’est aux capitalistes de payer la crise de leur système. La taxe sur les transactions financières sera utilisée pour ce faire. L’urgence commande aussi de récupérer l’ensemble des dividendes des actionnaires pour l’année en cours. Plus généralement, il faut une profonde réforme de la fiscalité, qui taxe les profits capitalistes, dont les mesures immédiates doivent être : du côté des dépenses, supprimer tous les cadeaux aux entreprises ; du côté des recettes, revenir sur les dégrèvements consentis aux capitalistes (dont les 15 milliards votés en début du mandat de Sarkozy), rétablir un prélèvement plus élevé sur les bénéfices des entreprises, accroître l’impôt sur la fortune, à hauteur du creusement des inégalités dans la répartition des patrimoines.

Olivier Besancenot

Messages

  • La couleur des "nationalisations" islandaises :

    Le journal de l’économie d’Axel de Tarlé

    Créé le 09/10/08 à 8h10

    Le scénario fait peur : quelque 350.000 clients de la banque par internet islandaise IceSave ont leurs comptes bloqués ce matin.

    "Nous sommes dans l’incapacité de procéder à toute opération de retrait ou de dépôt. Nous présentons toutes nos excuse à nos clients"...

    http://www.europe1.fr/Radio/chroniques/chroniques-de-l-info/Le-journal-de-l-economie-d-Axel-de-Tarle7/(gid)/170906

    • Oui, Olivier, exigeons, et nous irons bp plus loin, mais ça au moins c’est déjà majoritaire dans le pays, un service bancaire public, socialisé, cad contrôlé non pas le gouvernement ami des banksters, mais par les syndicats et les usagers !
      Et on continue, avec tous les secteurs, à commencer ceux qui veulent licencier.

      On va au clash ? Oui, mais majoritaires et déterminés, en France et ailleurs.
      Tous unis et en lutte contre le désastre capitaliste !

  • "Si les patrons refusent le partage du droit de propriété, s’ils s’opposent au contrôle ouvrier, nous demandons leur expropriation et la mise de l’entreprise sous autogestion ouvrière".

    On voit bien qu’OB, à l’encontre du camarade Trotsky, créateur de l’armée rouge, n’a pas l’habitude des révolutions...

    On ne demande pas l’expropriation des patrons à l’état bourgeois, qui vous envoie en guise de réponse deux escadrons de gardes mobiles, on l’effectue soi-même.

    Si la Krise est aussi sérieuse que l’a décrit OB, le moment n’est pas à demander ni à écrire des doléances mais à former effectivement des bataillons ouvriers ou non, prêts à prendre le pouvoir par les armes.

    Voyons si le camarade en chef est capable de ce travail.

    Himalove

    • ouais sur le fond je suis d’accord avec toi. Mais as tu seulement une idée du rapport de force, militairement parlant. La contre insurrection gagnerait en quelques jours mon pote, faut pas rêver, la police et l’armée n’hésiteront pas à tirer sur les foules. Et sache que demain s’il le faut ils viendront te chercher dans ton pieu et te mettront en psychiatrie sous camisole chimique, ou même une bastos dans le crane.

    • Pas la peine d’y songer. Les esprits sont tellement formatés. La solution risque fort d’en surprendre quelque uns d’entre nous. Quand les Etats occidentaux seront dans l’obligation de faire crédit au pays émergeants et nouveaux maitres de ce monde en os-silo-recentrage orientale, là faudra ce mettre en marche, mais un peu trop tard !

      Un buveur de Vodka à l’intérieur, un Ukrainien-géorgien à la défense, un Chinois a l’industrie et l’emploi. Avec l’assentiment des élites déjà macquer par les Empereurs Orientaux. Voilà un scénario qui devrait faire réfléchir nos rèves et prétendues capacités à ce révolter.

      Des bobos et des ouvriers télé-trépanés pour faire une révolution, n’importe quoi.

  • Besancenot ne dit pas une ânerie sur ce coup ;
    Si on se met en colère, ils enverront l’armée, peut-etre, mais que fera-t-elle ?Et puis, on est nombreux, ils ne tueront pas dans les rues des millions de gens, mais il faut etre des millions !

    • Au fait, en Russie tsariste, ils envoyaient pas l’armée ?

      Bersancenot, il a déja UN mérite : Il énumère ce qu’il faut faire, et qui est la seule chose à faire, quand d’autres se cachent derrière des mots, des hésitations, et des peurs.

      Cependant, sans être devin , je peux vous dire sans fard ce qui se passera si ce programme était en mesure d’être appliqué : Ca sera la guerre. De plus ou moins basse intensité. Mais la guerre tout de même. Point barre.

      Et que ça plaise ou pas. Les autres ne feront AUCUN cadeau. Les exemples pullulent dans le Monde sur le sujet.

      Parce qu’il n’y a pas d’autre alternative et parce que ce programme, celui énoncé ci-dessus, est particulièrement la seule solution pour pouvoir aller vers une transition menant à autre chose que ce qu’on a. C’est la seule façon de se donner les moyens d’assurer le changement et de le pérenniser et de le faire progresser. Et c’est d’ailleurs ce que sont en train de faire le Vénézuéla et la Bolivie et ceux qui rejettent l’impérialisme capitaliste étranger.

      Je dis pas ça parce que c’est Besancenot qui le dit. Je dis ça parce que ça devrait être d’autres qui le disent en même temps que lui.

      Mais le problème c’est qu’en même temps qu’on dit ça il faut aussi dire au futurs acteur de l’histoire ce que ça va demander en efforts et en sacrifices. Et Besancenot n’en parle pas...

      Et ça personne n’a les couilles pour le dire. Tous préfèrent que ça pète tout seul, si ça se fait un jour, pour pouvoir dire "C’est pas notre faute, mais puisqu’on y est allons y...".

      Pour ceux qu pensent être à l’abri c’est assez malin, pour les autres c’est mutiplier les victimes des événements par mille en raison de l’impréparation. Les dégâts collatéraux, comme ils disent.

      Dans le fond, peut-être qu’il va se décider à remettre "communiste" dans son logo. Vu les événements et la vitesse ou ça évolue ça serait pas un luxe.

      G.L.